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Après une adoption sous bâillon qualifiée d'« antidémocratique » par de nombreux syndicats en début décembre, le projet de loi 15 devient tranquillement réalité. En effet, à la mi-janvier, l'Assemblée nationale du Québec a décidé par décret des conditions de travail (et du très bon salaire) du futur « président et chef de la direction » de l'agence Santé Québec. Celle-ci règnera sur l'ensemble du réseau public de Santé et de Services sociaux de la province.
Le futur chef suprême de l'agence recevra un montant annuel de 567 000 $, accompagné d'une « rémunération additionnelle de 15% de son traitement annuel de base, pour chacune des deux premières années de son mandat », un total de 652 050 $.
En 2023, le salaire moyen des employés du secteur public (non-cadres) était de 43 916 $ par année. Le PDG de l'agence Santé Québec touchera donc près de 15 fois ce montant. En plus de cette rémunération, il bénéficiera de 30 jours ouvrables de vacances payés par année. Il se verra également accorder des allocations mensuelles de 1573 $ en frais de logement et de 610 $ en frais de déplacement.
Selon l'appel à candidatures lancé par le ministère, aucune expérience dans le réseau de la santé n'est requise pour occuper le poste. Il s'agirait simplement d'un atout. Toutefois, le ou la futur PDG de Santé Québec devra avoir au moins 15 ans d'expérience en gestion « dont cinq ans ou plus dans des fonctions de dirigeant d’une grande organisation ».
L'annonce a fait réagir la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, qui représente 140 000 employés du réseau de la santé. Dans un communiqué, son président, Réjean Leclerc, déclarait que « la réforme Dubé dévoile son vrai visage! Des salaires démesurés pour les « top guns » qui vont gérer notre réseau comme une business et une porte grande ouverte à la privatisation. »
« Le gouvernement de la CAQ importe des pratiques salariales inacceptables du secteur privé où les PDG empochent des rémunérations indécentes par rapport à celles des travailleuses et des travailleurs, sans que cela garantisse un meilleur fonctionnement. La dernière chose dont on a besoin actuellement, c’est un autre rebrassage coûteux des structures bureaucratiques du réseau. »
Le ministère cherche également à recruter 13 personnes pour siéger au conseil d'administration (CA) de l'agence, avec le PDG et le sous-ministre. Le CA répondra au ministère de la Santé et devra appliquer son plan stratégique à Santé Québec. Encore une fois, il n'est pas essentiel pour les membres du CA de posséder une connaissance du réseau de santé pour avoir le profil de l'emploi.
L'appel de candidatures est lancé à tous ceux qui possèdent, par exemple, des compétences en « gestion immobilière, gestion des ressources informationnelles, gestion des finances et comptabilité, droit, gestion des ressources humaines, relations de travail et développement organisationnel ».
Le président du CA sera responsable d'évaluer annuellement le rendement du PDG de Santé Québec. Il s'agit d'un mandat délicat, puisque ce dernier siègera aussi au CA et participera donc au choix de son président.
Le PDG de Santé Québec sera sélectionné au printemps. Son mandat sera d'une durée de cinq ans et celui de son conseil d'administration, de quatre ans.
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