L'Étoile du Nord

Grève des travailleurs de la SQDC

« Le message que le gouvernement envoie c’est qu’il se fout de la santé publique »

Temps de lecture:3 Minutes

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Depuis mai, 22 succursales de la Société Québécoise du Cannabis sont en arrêt de travail pour protester contre des offres salariales que les travailleurs prennent "comme s'ils nous crachaient au visage." En plus de la vente, les conseillers SQDC ont "un rôle important dans la santé publique" explique Lucas Gizard, employé d'une succursale montréalaise. "Quand le gouvernement nous considère comme des gens pauvres, le message qu'il envoie c'est qu'il se fout de la santé des québécois."

La SQDC propose une augmentation de 30 cents à ses employés dans un contexte d'inflation majeure, les faisant passer de 17,05$ à 17,35$ de l'heure. "Avec les dernières études qui ont été faites, on voit qu'à 17$ de l'heure, on est sous le seuil de la pauvreté si on ne peut pas travailler 40h ou plus." Le plafond est de 23$ après 6 ans et "sachant qu'on sait pas ce qui arriver dans les prochaines années, c'est très faible."

Les mois précédant le déclenchement de la grève ont été marqués par des moyens de pressions légaux, comme porter des shorts au lieu de pantalons. "L'employeur a décidé de dire à ses gérants de ne pas accepter les gens en shorts parce que c'était supposément pas 'sécuritaire'," a dit M. Gizard à l'Étoile du Nord. La société renvoyait chez eux sans solde les employés qui contrevenaient à l'uniforme et n'a jamais précisé quel était le risque.

Ce sont ces événements et le blocage des négociations par le gouvernement provincial qui ont poussé les employés à avoir recours à un arrêt de travail. "Le gouvernement négocie de mauvaise foi. Ils nous ont dit: la SQDC n'a rien à voir avec la SAQ. Or, dans chaque injonction, c'est clairement écrit qu'on est une filiale de la SAQ!"

"On demande simplement d'être payés comme un caissier SAQ, pas un conseiller, soit 20$ à 21$. Malgré les coups bas, on ne veut pas rentrer au travail avec un salaire qui ne permet pas de payer plus que le loyer et la nourriture." Il ajoute: "On a une mission d'informer, de conseiller mais aussi prévenir. Il y a des dangers comme pour quelqu'un qui, par exemple, a un historique de schizophénie dans sa famille, ça peut l'activer."

"Notre grève est symptomatique de notre époque. La SQDC gagne 220 millions de dollars par année et préfère rester dans son idéologie et perdre 6 millions au dernier trimestre plutôt que d'augmenter nos salaires. Jacques Farcy, le directeur, gagne 300 000$ par année et un employé qui commence en gagne 24 000$. Lui il pourrait accepter l'offre, mais non, il faut gagner plus d'argent."

"Cet écart de salaire-là n'est pas justifié. On n'a aucune forme de transparence, il n'écoute pas nos conseils, il ne parle même pas au ministère pour leur donner le retour des consommateurs! L'écart n'est pas justifié non plus par son expérience de gestionnaire, parce que depuis son arrivée, je n'ai vu aucune amélioration, voir l'inverse. Et il n'a pas de connaissance du cannabis. Je ne pense sincèrement pas qu'il travaille plus que 8h par jour ou que son travail est 10 fois supérieur au nôtre."

Tout cela est représentatif de l'attitude générale de la SQDC envers ses employés. Lucas Gizard témoigne qu'à son embauche, il "a été leurré par des promesses de carrière, qui étaient simplement des mensonges, parce qu'on ne peut pas évoluer dans la SQDC sans copinage. J'ai vu des collègues à qui on avait promis des postes à responsabilité et qu'ils n'ont jamais eu, parce que la directrice a préféré embaucher son amie."

"Au final, on se fait traiter, et je cite la SQDC: 'comme des caissiers chez Costco'. Ça dénigre le service à la clientèle et toutes les capacités que ça prend ainsi que notre mission de santé publique. C'est aussi une insulte à tous les travailleurs qui sont sous-payés pour faire leur travail, que ce soit à Walmart ou Costco, et tout ça venant de personnes qui gagnent 200 000$ à 300 000$ par année." ​

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