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Les appartements Stationview, situés au 90 Carden St. à Guelph, en Ontario, ont été vendus à un acheteur inconnu. L'immeuble de 4 étages et de 60 logements, dont le prix de vente était de 8 millions de dollars, a été officiellement vendu le 8 mars 2023. Les locataires sont incertains de la sécurité de leur situation et pensent qu'ils seront expulsés par le nouveau propriétaire. N'ayant nulle part où aller, nombre d'entre eux craignent de se retrouver à la rue dans une ville déjà confrontée à une grave crise du logement.
Le bâtiment a été mis en vente pendant plusieurs mois avant la conclusion de la transaction. Pendant cette période, la ville de Guelph a refusé d'acheter la propriété et de la convertir en logements abordables pour les locataires, dont beaucoup bénéficient déjà d'une aide municipale ou provinciale.
Lorsque l'Étoile du Nord a demandé à Nathan, un locataire, pourquoi la ville de Guelph refusait d'acheter l'immeuble, il a répondu qu'ils "ils sont ben trop cheap; la stigmatisation de l'immeuble; ils ne réalisent pas que 90% des gens dans cet immeuble sont vraiment des gens bien, certains d'entre eux ont des problèmes de dépendance, mais ce sont les 10% qui amènent le mal [...] une grande partie du mal qui se produit est généralement le fait de personnes extérieures qui viennent ici".
Les expulsions mettraient à rude épreuve le système des refuges à Guelph et dans le comté de Wellington. "Les refuges ne peuvent pas nous accueillir, il n'y en a pas assez. L'église qui nous nourrit ne pourra pas faire face aux repas supplémentaires. Entre les quelque 150 résidents et les 150 autres qui se déplacent d'un endroit à l'autre, cela fait 300 sans-abri de plus dans cette ville, et la ville ne peut pas s'en occuper".
Sous l'ancien propriétaire, les locataires vivaient et continuent de vivre dans la misère et le délabrement. Dans un cas, il y avait "4 fuites dans mon appartement, j'ai un trou dans le plafond de mon salon, un trou d'un mètre carré dans mon plafond, et je n'ai pas eu de réfrigérateur depuis un an, plus d'un an". un autre locataire, nommé Jack, a expliqué qu'il "y a des punaises de lit partout, des cafards partout, des souris partout - c'est absolument fou. [...] J'ai monté une tente sous le pont près de l'autoroute et j'y reste chaque fois que je ne peux pas supporter la folie qui règne ici."
Le Guelph Mercury Tribune a rapporté qu'aucune clause de la vente ne stipule que les locataires doivent quitter les lieux. Malgré cela, certains locataires se sont déjà vu offrir de l'argent pour partir, tandis que d'autres, comme Jack, ont été informés par l'ancien propriétaire qu'ils devaient commencer à chercher une nouvelle résidence:
"Il m'a d'abord demandé dans quel logement je me trouvais et m'a dit: 'Bon, je fais savoir aux bons locataires que le logement a été vendu et qu'il serait bon de trouver un autre logement le plus tôt possible, pour que vous ne soyez pas tous en train d'essayer de trouver un appartement en même temps'. J'ai pensé que ce n'était vraiment pas cool parce qu'il faut prévenir tout le monde en même temps, quelle que soit sa réputation".
La société acheteuse ne peut légalement pas expulser les locataires, mais elle peut demander une ASN (Augmentation Supérieures aux Normes) auprès de la Commission de la location immobilière pour récupérer les coûts de rénovation, les frais de sécurité ou une augmentation des taxes foncières. L'ASN est un outil couramment utilisé pour évincer les locataires et les remplacer par des locataires qui paieront un loyer plus élevé.
La ville de Guelph, tout comme les gouvernements fédéral et de l'Ontario, a orienté ses politiques de manière à répondre aux besoins des propriétaires financiers et des entreprises qui ont transformé le marché du logement en un système d'investissement lucratif. Les profits de ces propriétaires sont généralement réalisés au détriment du maintien de logements sûrs et abordables pour de larges segments de la population, qui ne peuvent plus trouver ou s'offrir un abri.
En 2019, le gouvernement fédéral a adopté la loi sur la stratégie nationale du logement, qui confirme la reconnaissance par le Canada de la déclaration des Nations unies sur le droit au logement. Cette loi a reçu la sanction royale sans aucune clause de contrôle ou de responsabilité, et n'a pas été appliquée depuis.