L'Étoile du Nord

Les entreprises forestières de Colombie-Britannique arrêtent leur production

« Ils peuvent se permettre de fermer pendant 6 mois, pas moi »

Temps de lecture:3 Minutes

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Dans le cadre d'une tendance qui devrait s'aggraver en 2023, de nombreuses scieries situées dans les zones rurales de la Colombie-Britannique ont fermé ou arrêté temporairement leur production afin de conserver autant de bénéfices que possible après la fin d'un récent boom temporaire de l'industrie. Cette politique peut être économiquement saine pour les propriétaires et les actionnaires des entreprises forestières, mais elle a laissé les travailleurs forestiers et les communautés rurales dans un état de crise.

En janvier 2023, 300 emplois ont été perdus à la suite de la décision de Canfor de fermer son usine de pâte à papier à Prince George. Canfor a également fermé ses usines de Chetwynd et de Houston, délocalisant une grande partie de ses actifs en Caroline du Sud, où la main-d'œuvre est beaucoup moins chère. Enfin, Western Forest Products a fermé définitivement son usine de Port Alberni après avoir initialement annoncé qu'il ne s'agirait que d'une fermeture temporaire, entraînant la perte d'une centaine d'emplois. Il ne s'agit là que d'un aperçu récent d'une tendance de trois décennies de fermetures dans le secteur forestier, qui ont coûté 40 000 emplois en Colombie-Britannique.

Interrogé par l'Étoile du Nord sur la cause de ces fermetures, M. Carson, un habitant d'Agassiz (C.-B.) âgé de 74 ans, a déclaré qu'il pensait qu'il s'agissait d'une question "d'argent, tout est lié à l'argent. Ils ferment pour faire plus d'argent, ça commence avec les actionnaires qui crient qu'ils veulent plus d'argent". Il a également déclaré que "si les travailleurs disaient qu'ils acceptent moins, ils [les propriétaires et les actionnaires] accepteraient et s'en mettraient plein les poches".

"La diminution du nombre de scieries va me tuer, celle-ci est déjà pleine", a expliqué un conducteur de camion de Lillooet interrogé par l'Étoile du Nord sur l'impact des ralentissements du secteur forestier. "Ils [les propriétaires de scieries] peuvent se permettre de fermer pendant six mois, pas moi..."

La chute récente du prix du bois d'œuvre est l'un des facteurs à l'origine des dernières fermetures de scieries. Le prix du bois d'œuvre est passé de 1 400 dollars américains par millier de pieds-planche en mars 2022 à 360 dollars américains par millier de pieds-planche en décembre. Plutôt que d'absorber une partie de leurs bénéfices à un moment où le marché du bois était au plus bas, les entreprises forestières ont décidé de fermer leurs usines, mettant à la porte les travailleurs qui venaient de leur rapporter des bénéfices records au cours des deux dernières années.  

En janvier 2022, 900 travailleurs de Canfor syndiqués à Unifor et aux Travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé du Canada (PPWC) venaient de signer une nouvelle convention collective de quatre ans avec l'entreprise. Les travailleurs ont obtenu des augmentations de salaire de 11 % sur 4 ans et un montant forfaitaire de 5 000 $. Pour Unifor, cette convention allait établir les nouvelles normes en matière de conditions de travail dans l'industrie forestière de la Colombie-Britannique. Unifor et le PPWC représentent à eux seuls 5 500 travailleurs forestiers en Colombie-Britannique et en Alberta.

Des fermetures comme celle de l'usine de pâte à papier de Canfor à Prince George ont des effets d'entraînement, selon Unifor. Gavin McGarrigle, directeur régional de l'Ouest d'Unifor, déclare : "Cette industrie est si étroitement liée et interdépendante que nous ressentons tous les pertes et nous nous inquiétons pour l'avenir du secteur". L'annonce des fermeture d'usine à Houston et Chetwynd se sont fait 2 semaines après l'annonce de la fermeture à Prince George.

Les communautés rurales de Colombie-Britannique sont particulièrement touchées par ces fermetures. La fermeture des usines à Houston et Chetwynd ont entrainés la perte du gagne-pain de 460 employés. Chetwynd a déjà été désignée comme la capitale forestière du pays par l'Association forestière canadienne. Mais aujourd'hui, avec une population de 2,300 personnes touchées par le ralentissement du secteur forestier, son avenir est plutôt sombre selon son maire Allen Courtoreille qui a travaillé à l'usine de Canfor pendant 41 ans.

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