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Au courant des dernières années, et plus spécifiquement depuis la pandémie, la firme de consultants McKinsey & Company s'est retrouvée sous le feu des projecteurs pour son implication dans l'élaboration de politiques de santé publique, particulièrement en relation avec la dévastatrice crise des opioïdes.
McKinsey, connue pour son portfolio de puissants clients incluant gouvernements et multinationales, a été fortement critiquée pour sa relation étroite avec le géant pharmaceutique Purdue, fabricant de l'Oxycontin. Pendant plus de 15 ans, McKinsey a fourni des conseils stratégiques à Purdue pour stimuler les ventes de son analgésique hautement addictif. Cette relation s'est maintenue et même renforcée au fil du temps malgré que le fabricant de médicaments ait plaidé coupable en 2007 à des charges criminelles aux États-Unis pour avoir induit en erreur l'État et les médecins sur les risques de l'OxyContin.
Une des tactiques les plus alarmantes ayant été proposées par la multinationale de consultation était de cibler les prescripteurs d'opioïdes et les patients en grand nombre, tout en offrant un rabais de 14 000$ aux assureurs de santé pour chaque overdose d'OxyContin.
En 2022, on apprenait que McKinsey avait permis à des employés de Purdue de modifier des documents rédigés à l'intention d'Alex Azar, qui venait d'être nommé secrétaire à la santé et aux services sociaux en 2018. Fait choquant, des termes jugés "trop sensationnels", tels que "crise" et "épidémie", ont été supprimés du mémo.
Selon un rapport de 2021 de la commission de la Chambre des représentants sur la surveillance et la réforme aux États-Unis, les consultants de McKinsey qui travaillaient simultanément pour Purdue ont géré au moins 37 initiatives de la FDA. Des informations supplémentaires indiquent que l'implication de McKinsey dans l'entreprise était probablement beaucoup plus importante. Cela soulève de sérieuses inquiétudes quant au niveau d'influence et de manipulation exercé par les employés de McKinsey dans l'élaboration de documents destinés aux fonctionnaires et aux agences gouvernementales.
L'OxyContin a été un contributeur majeur à l'avènement d'une crise des opioïdes ayant eu un impact dévastateur sur de nombreuses communautés américaines et canadiennes, causant plusieurs dizaines de milliers de morts par surdose. La nature hautement addictive de même que les effets secondaires sérieux engendrés par le médicament comme des crises cardiaques ou des dépressions ont poussé de nombreux experts de la santé à tirer la sonnette d'alarme.
En plus de l'implication de McKinsey dans la crise des opioïdes, des inquiétudes ont été soulevées par de nombreux experts au courant des dernières années au sujet de l'implication de la firme dans la définition des politiques de santé publique à travers le monde. McKinsey, ainsi que d'autres entreprises de consultation majeure comme BCG, ont été embauchés par des organisations telles que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour fournir des services de conseil.
Bien que ces firmes déclarent qu'elles fournissent des connaissances et stratégies fondées sur des données pour résoudre des problèmes de santé complexes, ses détracteurs soulignent le manque de responsabilité et de transparence dans les contrats des consultants. Les spécificités obscures de ces contrats et la coopération substantielle entre McKinsey et les organisations à but lucratif soulèvent de sérieuses questions sur les intérêts qui guident actuellement la politique de l'OMS.
Plus près d'ici, au milieu du chaos provoqué par la pandémie de COVID-19, le gouvernement canadien s'est tourné avec vigueur vers les firmes de consultations pour mener leur réponse à la situation. McKinsey s'est également vue attribuer un lucratif contrat de 1,6 million de dollars de la part de l'Ontario pour mettre en place sa structure de commandement d'urgence.
Le gouvernement du Québec est lui aussi tombé sous le charme de McKinsey, en signant un stupéfiant contrat à fournisseur unique d'une valeur de 6,6 millions de dollars. L'accord donnait la mission à la multinationale d'acquérir de l'équipement de protection personnel (EPP) et de former le personnel médical. Il incluait une clause controversée qui dispense McKinsey de divulguer tout conflit d'intérêts potentiel.