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Samedi le 23 septembre, 100 000 travailleurs du secteur public québécois ont convergé vers les rues de Montréal pour exprimer leur mécontentement envers les offres gouvernementales dans le cadre des négociations syndicales en cours. Arborant des drapeaux vert turquoise, symboles du Front commun syndical, les manifestants ont fait entendre leur voix dans ce qui est devenu l'une des plus grandes mobilisations de travailleurs au Québec depuis des années.
Marie-Louise Inga, technicienne d'administration au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, a souligné le message que les travailleurs souhaitaient transmettre au gouvernement, déclarant à l'Étoile du Nord que "si M. Legault jette un coup d'œil à la rue aujourd'hui, il verra peut-être que les employés du gouvernement provincial, ils en ont assez."
François, un magasinier de l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, témoigne que "ça fait 25 ans [que je travaille à l'hôpital Sacré-Cœur]. J'ai toujours vu année après année descendre nos conditions." Cette frustration généralisée était palpable parmi les travailleurs du secteur public qui se sont rassemblés pour faire entendre leurs préoccupations.
Marie Louise Inga
Une enseignante de primaire affiliée à la CSQ, qui a souhaité rester anonyme, a partagé son point de vue en disant qu'un front commun est important "parce que nos salaires n'augmentent pas, que nos conditions de travail ne s'améliorent pas, et que le gouvernement se permet de se donner une grosse augmentation pendant qu'il nous laisse de côté." Elle a également appelé à l'unité, affirmant: "Il faut que le peuple se lève avec nous. Ça fait des années et des années qu'on parle, on parle, on fait un peu de manifestations, et rien ne se fait. Si le peuple se lève avec nous, le gouvernement va avoir peur."
Christian Constantin, conseiller syndical de l'APTS au CIUSSS de Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, a quant à lui souligné à l'Étoile du Nord les sacrifices faits par les travailleurs du secteur public. "Les gens qui travaillent dans le service public ont donné beaucoup, ils ont accumulé des retards salariaux sur tous les autres emplois semblables dans le privé. Ils n'ont pas besoin de se faire appauvrir encore en termes de pouvoir d'achat par un gouvernement qui ne comprend rien."
Christian Constantin
Rémi Arsenault, ouvrier de maintenance à la BANQ, était présent pour protester pour de meilleures conditions, mais également dans une perspective d'un mouvement plus large contre la Coalition Avenir Québec. Il a partagé son expérience en disant: "Moi depuis que j'ai commencé à travailler, je travaille de plus en plus, mais j'ai moins d'argent. Le front commun, c'est un peu cet espoir-là qu'on renverse la vapeur." Il a également critiqué le projet de loi 15 du ministre Christian Dubé, affirmant qu'il représentait un recul pour le système de santé.
"Faut que ça devienne une lutte populaire. Faut que la population du Québec comprenne que c'est une lutte pour tout le monde, pour tous ceux qui travaillent, peu importe les origines. Le front commun, c'est pour ceux qui se lèvent tôt le matin, c'est pour le monde ordinaire", a ajouté M. Arsenault.
Rémi Arsenault
Maude Fréchette, représentante nationale du APTS pour la Côte-Nord, a mis en avant l'importance de l'indexation au coût de la vie dans les revendications du Front commun. Elle a également souligné une demande moins médiatisée mais tout aussi cruciale, à savoir l'intégration dans les conventions collectives de la reconnaissance des lanceurs d'alerte. Elle a déclaré: "Il y a beaucoup beaucoup d'omertas dans les réseaux, et je pense que c'est absolument nécessaire que le gouvernement reconnaisse la nécessité et la légitimité des lanceurs d'alerte."
Les travailleurs du secteur public québécois sont confrontés à des défis majeurs, notamment la pénurie de main-d'œuvre, la surcharge de travail et la centralisation de la gestion. Tout cela "fait que les travailleurs ont de moins en moins de pouvoir sur leur travail et sur la façon de donner des services" selon Mme Fréchette. Ils se mobilisent pour obtenir des améliorations significatives de leurs conditions de travail et de leurs salaires, pour une protection contre l'inflation ainsi que pour mettre fin aux retards salariaux accumulés au fil des années.