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Le Québec est en ébullition en ce début octobre, face à l'une des plus grandes mobilisations syndicales depuis des décennies. Depuis le 18 septembre, les 420 000 employés du secteur public québécois représentés par le Front commun adoptent progressivement des mandants de grève générale illimitée. Cette mobilisation, combinée à la manifestation du 23 septembre ayant réuni 100 000 participants à Montréal, a de quoi inquiéter le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Depuis le début des votes, les résultats sont sans équivoque: les membres sont largement favorables à un mandat de grève générale et illimitée. À la CSQ, plus de 90% des membres ont approuvé le mandat, atteignant parfois même des taux de 95% ou plus. Dans certaines régions, comme en Outaouais, le soutien à la grève a atteint un appui unanime des membres. La CSN a également enregistré un fort taux de soutien, avec une moyenne de 93,6%, et la FTQ rapporte des taux de soutien de plus de 95%. Enfin, l'APTS a obtenu des résultats similaires, avec un soutien allant jusqu'à 100% dans certaines régions.
"Des chiffres aussi hauts, avec des niveaux aussi élevés, ça fait longtemps qu’on n’a pas vu ça," lance François Enault, vice-président de la CSN. "C’est certainement symptomatique de l’état d’esprit de nos membres. Ils n’ont rien à perdre; ils sont en colère et ils veulent aller jusqu’au bout."
Les employés du secteur public québécois sont unis derrière un message clair: ils en ont assez des propositions du gouvernement, qualifiées d'insultantes, alors que ce dernier n'offre qu'une augmentation de 9% sur cinq ans. De plus, ils s'opposent à une tentative de rendre les horaires de travail plus instables au détriment des travailleurs, ainsi que des demandes visant à affaiblir les syndicats dans divers domaines, permettant aux gestionnaires de contourner le poids collectif des syndicats pour exercer davantage de pression sur les travailleurs individuels.
Les revendications du Front commun incluent une augmentation salariale immédiate de 100 $ par semaine, l'indexation des salaires à l'inflation, ainsi qu'une hausse de 3% en 2024 et de 4% en 2025, la préservation du régime de retraite, l'amélioration des primes d'assurance et la reconnaissance des lanceurs d'alerte.
La situation devient de plus en plus tendue pour le gouvernement de la CAQ, d'autant plus que l'inflation a augmenté de 16 % depuis 2020, réduisant considérablement le pouvoir d'achat des travailleurs. Ces derniers estiment ainsi que leurs demandes sont légitimes, ajoutant que le gouvernement a récemment accordé une augmentation de 30% aux députés, alimentant le sentiment qu'ils ne sont pas traités avec le même respect.
La grève qui pourrait secouer le secteur public a un autre objectif déclaré, celui de préservation de la qualité des services offerts par les institutions publiques. C'est ce qu'avaient souligné les syndicats du Front Commun à la suite de la publication du rapport annuel 2022-2023 du Protecteur du citoyen, qui mettait en lumière la pénurie de personnel, un enjeu majeur depuis longtemps dénoncé par les travailleurs des réseaux publics.
"Les bris de services sont bien réels, et franchement, il y a quand même des solutions qui sont connues," ont déclaré par voie de communiqué les représentants du Front Commun. Ceux-ci ont appelé le gouvernement à investir massivement dans le réseau public pour y conserver le personnel et attirer de nouvelles recrues, soulignant que la flexibilité a ses limites, et que les travailleurs ne peuvent pas continuellement faire davantage avec moins de ressources.