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Ce samedi 21 octobre, une centaine de manifestants se sont réunis devant le bureau de circonscription du ministre de l'Immigration du Canada, Marc Miller, pour réclamer la régularisation immédiate des personnes sans statut légal au pays. Malgré les promesses du gouvernement et leur entrée au pays suivant les règles imposées par celui-ci, des dizaines de milliers de personnes travaillent et contribue à l'économie du pays depuis des années, sans réponse sur leur avenir.
La majorité de ces personnes sans statut ont initialement pénétré au Canada de manière légale, mais ont perdu leur statut en raison de failles dans le système d'immigration. Certaines ont vu leur demande d'asile rejetée de manière douteuse, tandis que d'autres ont perdu leur statut en fuyant des situations de violence et d'exploitation créées par des permis de travail fermé temporaire. "Il y a certaines personnes qui sont ici et qui ont des permis temporaires depuis 20 ans," lance Rama Diallo, Trésorière du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN. "Qu'est-ce qui est temporaire là-dedans?"
De plus en plus régulièrement émis par le gouvernement canadien, "les permis de travail fermés lient les travailleuses et travailleurs à un employeur unique et mènent les travailleuses et travailleurs à subir de multiples situations d'abus et d'exploitation qui s'apparentent à de l'esclavage moderne," explique François Proulx-Duperré, du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches–CSN.
L'ONU qualifiait ces permis de la même façon en septembre. Les manifestants réclamaient l'abolition de ceux-ci, alors que les abus associés à ces permis sont bien documentés, de même que leurs liens avec la traite des êtres humains.
Depuis décembre 2021, le gouvernement fédéral évoque la création d'un programme de régularisation pour les sans-papiers, mais aucune mesure concrète n'a été mise en place jusqu'à présent. Les groupes syndicaux et communautaires ont fait maintes fois appel à sa réalisation, mais les avantages économiques pour les entreprises d'employer des sans-papiers et des travailleurs temporaires à permis fermé semblent trop forts pour que Trudeau et ses ministres y voient une question prioritaire.
Mostafa Henaway, organisateur au Centre des Travailleurs Immigrants, croit que "les employeurs sont en fait assez contents de cette situation parce qu'ils bénéficient d'une main-d'œuvre qu'ils pensent docile. Si ces migrants avaient un statut et des permis de travail ouverts, ils auraient un réel pouvoir. Et comme ce n'est pas le cas, je pense qu'ils sont en fait assez satisfaits d'avoir plus de migrants qui n'ont pas les mêmes droits que ceux qui ont un statut de résident permanent."
Rama Diallo ajoute que si cette situation continue, "nos conditions de travail vont être de plus en plus à rabais, parce que si l'employeur est capable d'aller recruter puis donner des mauvaises conditions, il va dire, 'moi je vais me tourner vers cette population-là'."
"Donc, quand tu es syndiqué, tu ne seras pas recruté parce que nous on a nos droits, on connaît nos droits. Donc c'est pour ça que nous, on dit qu'il faut que tout le monde ait les mêmes conditions de travail, les mêmes salaires aussi."
Cette manifestation s'inscrivait dans le cadre de la Journée d'actions québécoise organisée par la Campagne québécoise pour la régularisation des personnes sans statut migratoire. Une trentaine d'organisations ont soutenu cette initiative, soulignant l'importance de la question à l'échelle provinciale.
Des rassemblements similaires ont eu lieu à Québec et Rimouski. Les organisations syndicales et communautaires unies ont mis en avant trois revendications essentielles, dont la mise en place immédiate d'un programme de régularisation pour les sans-papiers; la fin immédiate des expulsions et de la détention des personnes migrantes sans statut; et l'abolition des permis de travail fermés.