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La semaine dernière, le centre des services scolaires de Montréal (CSSDM), le plus gros centre de services scolaires au Québec, a obtenu une injonction de la Cour supérieure contre le syndicat qui représente ses enseignants, l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM). L'injonction qui survient après plus d'une semaine de grève, ordonne aux enseignants de cesser leurs activités de piquetage devant les établissements du CSSDM. Avant d'obtenir l'injonction, le CSSDM avait fait appel à la police pour forcer les enseignants à laisser rentrer d'autres employés dans quelques écoles.
L'APPM a répondu à l'injonction, le 7 décembre, par une manifestation qui a regroupé plus de 5000 enseignants devant les bureaux du CSSDM. Les syndiqués ont exprimé leur colère de voir leur droit de grève bafoué ainsi. Dans une lettre collective adressée à la présidente du CSSDM, les enseignants dénoncent ce qu'ils qualifient de mépris et d'une indifférence « envers les difficultés que les enseignantes et les enseignants rencontrent quotidiennement ».
En première importance des motifs évoqués par le CSSDM pour demander l'injonction se trouvent « les impacts financiers importants estimés par le Service des ressources matérielles » occasionnés par le retard des travaux dans les écoles. Toutefois, ces « impacts » ne sont chiffrés nulle part dans l'ordonnance d'injonction.
En ce qui concerne la poursuite des travaux d'entretien, l'APPM avait proposé au CSSDM d'établir des ententes si des travaux urgents devaient être faits pour que les ouvriers puissent rentrer dans les écoles. Selon l'APPM, cette proposition est restée sans réponse. Le CSSDM affirme même, dans l'ordonnance d'injonction, avoir identifié des chantiers « prioritaires » ou les travaux doivent être maintenus. Or, ceux-ci n'ont pas été transmis aux enseignants pour établir des ententes avant d'avoir recours à une injonction.
Le CSSDM et la Cour supérieure vont loin dans leurs accusations contre les grévistes et leur font porter le blâme de la piètre condition des établissements scolaires. Dans l'ordre d'injonction, on peut lire que les retards dans les travaux occasionnés par la grève pourraient donner lieu à une « cascades d'impacts » conduisant à des délocalisations d'urgence.
Rappelons que, plus tôt cette année, des élèves et enseignants d'écoles de la CSSDM ont dû être délocalisés suite à des dégradations importantes dans les bâtiments scolaires. À l'école primaire Notre-Dame-de-l'Assomption notamment, un élève a reçu un morceau de plâtre du plafond sur la tête. Suite à quoi la classe a dû être délocalisée à cause de la poussière engendrée par les chutes de plâtre.
Parmi les autres motifs évoqués par le CSSDM pour justifier son injonction, il y a ce qu'il qualifie de « dommages occasionnés aux bâtiments par des marques laissées par de la colle adhésive lors du retrait d'autocollants ».
Des ouvriers de la construction étaient présent à la manifestation de l'APPM du 7 décembre. Ils ont témoigné avoir manqué une journée de travail pour soutenir les enseignants en grève. En effet, depuis le début de la grève, bien des ouvriers de la construction ont choisi de respecter le principe de solidarité syndicale et ont refusé de franchir les lignes de piquetage, injonction ou non.
Autre exemple de solidarité syndical, le 11 décembre, le syndicat des Métallos a fait un don de 100 000 $ aux gréviste de la fonction publique. « Quand on touche à un de nous, c’est toute la famille Métallo qui est là pour répondre. On retrouve parmi les travailleuses et travailleurs du secteur public, nos sœurs, nos filles, nos mères, nos chums, nos blondes, nos enfants, nos amis. Les Métallos répondent présents pour elles et eux », affirme le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux, dans un communiqué de presse.