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Après maintenant plus d'un mois d'actions, l'impasse persiste toujours dans la négociation coordonnée de la CSN dans l'hôtellerie. Alors que les patrons refusent toujours d'aborder les demandes syndicales, des travailleurs ont déclenché avant hier des grèves surprises dans trois hôtels. La mobilisation s'élargira encore, alors que trois autres syndicats se sont dotés de mandats de grève de 120 heures.
Au Comfort Inn Pointe Claire où travaille Rosemary Williams, présidente du syndicat local, les négociations avancent à pas de tortue. Rejoint par l'Étoile du Nord au début du mois de juillet, Williams explique qu'à ce moment, les deux parties en étaient seulement à leur première rencontre de négociation.
« Demain, on va rencontrer pour la deuxième fois leur négociateur. On va donc avoir une réponse à propos de nos revendications. Ils sont encore lents à nous proposer des jours de négociation supplémentaires. Le négociateur est peut-être un gars coriace, mais notre syndicat l'est encore plus. On est prêt à négocier. Et comme je l'ai dit, si on doit aller en grève, on est prêt à le faire.»
Comme dans plusieurs hôtels, les travailleurs du Comfort Inn Pointe Claire ont dû faire des concessions importantes lors de la dernière ronde de négociations en raison de la pandémie de COVID-19. Le rattrapage salarial à faire est donc important.
« À cause de COVID, t'as vu ce qui s'est passé. On a dû retourner à la table des négociations après nous être mis d'accord sur l'augmentation des salaires. On a dû tout réduire. Et avec l'inflation, on doit demander quelque chose de mieux. On veut aussi une amélioration de l'assurance collective. »
Les améliorations demandées à l'assurance collective sont doubles. D'abord, les travailleurs veulent une contribution de l'employeur à hauteur de 65% des coûts. Deuxièmement, ils demandent de pouvoir choisir leur couverture afin de s'assurer qu'elle convient à leurs besoins.
« Quelle que soit la décision prise, on aimerait y participer. Peu importe que ça leur plaise ou non, je pense que c'est une discussion qui devrait être soulevée, et c'est quelque chose pour lequel on va se battre ensemble. L'ensemble du régime d'assurance devrait être modifié et on veut que l'employeur nous donne un peu plus, qu'il nous rejoigne à mi-chemin. »
La partie patronale, quant à elle, reste campée sur ses positions et refuse de reconnaître les concessions faites par les travailleurs durant la dernière ronde de négociation. Pourtant, leurs profits ont grandement augmenté avec l'inflation et la hausse salariale de 36% sur quatre ans demandée par le syndicat n'est pas hors de leur portée.
« Ils font de l'argent, mais les travailleurs gagnent pas grand-chose. Notre charge de travail a augmenté. On est en période estivale. Il y a beaucoup de monde. L'hôtel est complet tous les jours. C'est pour ça que je lâche pas l'affaire. Je pense qu'on mérite d'avoir cette augmentation de 36%, aucun doute là-dessus. Ils peuvent se le permettre. »
Comme à l'hôtel Reine Elizabeth où le mandat de grève a récolté 95% d'appui chez les travailleurs, la mobilisation est très forte au Comfort Inn Pointe Claire et Williams n'exclut pas la possibilité d'une grève pour obtenir leurs demandes.
« Je pense qu'ils vont nous donner du fil à retordre, mais on est prêt. On ne va pas reculer. Avec la mobilisation actuelle, les travailleurs sont vraiment motivés. On a utilisé quelques tactiques de pression pour la mobilisation sur le lieu de travail. On se concentre plus à avoir ce qu'on a demandé. On se concentre sur les revendications de la plateforme et aussi sur nos revendications locales. Mais si on doit aller en grève, on veut juste qu'ils sachent qu'on est prêt. »