L'Étoile du Nord

Fuite d’une rencontre de gestionnaires

Renaud-Bray se compare à Batman combattant le Joker (les syndicats)

Temps de lecture:2 Minutes

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Renaud-Bray se voit comme le vertueux Batman, et les syndicats seraient le diabolique Joker. C'est ce qu'un gestionnaire affirme dans l'enregistrement d'une réunion Teams des gérants de magasin du groupe de 62 succursales, ayant fuité à la fin juin.

L'Étoile du Nord a pu s'entretenir sur le sujet avec Hélène Tougas, présidente du Syndicat des employées et employés professionnels et de bureau (SEPB-574).

Le syndicat, affilié à la FTQ, est en pleine campagne de syndicalisation depuis mai 2024. 12 succursales de Renaud-Bray sont syndiquées alors que plusieurs autres pourraient s'ajouter à la liste. Les revendications des travailleurs sont plus que raisonnables: respect des normes du travail et de leurs horaires, afin de diminuer le niveau de précarité.

En réponse, les employeurs sont passés à l'offensive en organisant une rencontre avec une cinquantaine de gérants de succursale à la fin mai. Le but de cette rencontre, promouvant les « bonnes pratiques pour éviter la syndicalisation », était d'encourager les gestionnaires à manipuler les employés pour empêcher la signature de cartes, de propager des photos des délégués syndicaux et de discuter d'une longue liste de tactiques antisyndicales.

Mais Mélanie Dufour-Poirier, professeure agrégée à l’École de relations industrielles à Université de Montréal, affirme dans une entrevue avec Radio-Canada que « s'il y avait de bonnes pratiques [patronales], il n'y aurait pas de tentatives de syndicalisation. »

Au grand dépourvu des hauts gestionnaires de la mégalibrairie québécoise, cette réponse démesurée à la syndicalisation d'un de leurs magasins s'est retrouvée à la vue de tous le 25 juin, sur Internet.

Hélène Tougas explique à l'Étoile du Nord que les patrons des librairies Renaud-Bray ne respectent pas le travail de leurs employés qui vivent constamment dans une situation précaire. Elle mentionne que « les employés sont jeunes, ils ont peur de perdre leur emploi. Pour plusieurs, c'est aussi leur premier emploi. » 

Mme Tougas ajoute qu'ils « vont simplement écouter ce que leur directeur dit et ils vont y aller de cette manière-là ». Ils ne savent pas nécessairement qu'il y a des normes à respecter, qui devraient être valorisées.

Ce genre de situation ouvre grande la porte aux patrons pour tourner les coins ronds sur les conditions de travail, pour donner plus de pouvoir aux gestionnaires et à la direction et pour permettre à Renaud-Bray d'économiser aux dépens de la qualité de vie de ses employés. 

Tout ça, sans un syndicat pour les empêcher. C'est une situation qui est désirée du côté des patrons, telle que révélée durant la rencontre antisyndicale mise au jour à la fin juin. 

En effet, tel que rapporté dans l'article de Radio-Canada suite à la fuite de la vidéo, on peut entendre un membre de la direction dire s'inspirer des entrepôts Amazon, où un roulement d'employés important peut rendre la tâche plus difficile pour les travailleurs qui cherchent à se syndiquer et risque d'estomper leurs motivations. 

Car ironiquement, même si les travailleurs de l'entrepôt Amazon se sont récemment syndiqués, il croit que ce sont « des gens paresseux, ils ne veulent pas travailler ». Ainsi, il semble que pour les patrons et les actionnaires de Renaud-Bray, la précarité des employés est vue comme un net positif et la syndicalisation, comme une menace.

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