L'Étoile du Nord

Le tueur silencieux

Les travailleurs Ontariens peu protégés contre des chaleurs extrêmes parfois meurtrières

Temps de lecture:3 Minutes

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Le monde se réchauffe rapidement. À l'échelle mondiale, juillet 2024 a été le mois le plus chaud jamais enregistré. L'Organisation internationale du travail estime que plus de 70% des travailleurs mondiaux (2,4 milliards de personnes) sont aujourd'hui exposés à des chaleurs excessives. En Ontario, le droit du travail ne protège guère les travailleurs contre la menace croissante de la chaleur au travail.

« La chaleur extrême est un danger pour tout le monde », explique le Dr Glen Kenny à l'Étoile du Nord. Professeur de physiologie à l'Université d'Ottawa, il étudie les effets de la chaleur sur l'organisme. « La chaleur est un tueur silencieux parce qu'elle s'insinue en nous. Lorsque vous êtes exposé à la chaleur, cela peut se produire à tout moment ».

« Il n'existe pas de loi ou d'acte législatif vers lequel un travailleur ou un syndicat pourrait se tourner pour se protéger en cas de chaleur extrême », déclare Janice Folk-Dawson, représentante syndicale au SCFP. « Le fait que la Loi sur la santé et la sécurité au travail [de l'Ontario] ne contienne aucune disposition relative à la chaleur, ça lance un message. »

La chaleur extrême est l'événement météorologique le plus meurtrier au Canada et aux États-Unis, dépassant les ouragans, les inondations et les tornades combinés. Le Dr Kenny explique que de nombreux facteurs influent sur la vulnérabilité à la chaleur extrême. « Quel était votre niveau de stress mental? Quel était votre niveau de fatigue? Qu'en est-il de la forme physique? Y a-t-il d'autres facteurs qui atténuent la capacité de l'organisme à se défendre? »

Le stress thermique survient lorsque le corps ne parvient pas à se refroidir efficacement. Si la température corporelle centrale d'une personne reste supérieure à 40 °C, ses systèmes vitaux peuvent commencer à s'arrêter. Les symptômes vont de la déshydratation et des vertiges à des coups de chaleur potentiellement mortels.

Les personnes âgées, les travailleurs en extérieur et les locataires peuvent être plus vulnérables à la chaleur extrême. Le Dr Kenny explique que le risque de stress thermique augmente en cas d'exposition prolongée à la chaleur.

« Prenons l'exemple d'un travailleur, d'un électricien exposé au soleil, d'un mineur ou d'un ouvrier du bâtiment. Ils sont surmenés. Ils sont fatigués. Ils sont stressés. Ils seront déshydratés, mais ils reviendront au travail le lendemain, encore déshydratés. La capacité de perte de chaleur d'une personne diminue progressivement. Ainsi, au cinquième jour, le vendredi, ils réagissent comme une personne âgée ». Sans une pause dans la chaleur, vous êtes beaucoup plus vulnérable. Mais que faire si l'on ne peut pas faire de pause?

L'article 25(2)(h) de la loi ontarienne sur la santé et la sécurité au travail (OHSA) stipule que les employeurs doivent prendre toutes les précautions raisonnables dans les circonstances pour la protection d'un travailleur. « Mais pour les chauffeurs, qu'est-ce que cela signifie réellement? », s'interroge M. Folk-Dawson. « La plupart des syndicats et des sections locales n'utilisent pas l'article 25 parce qu'il est très vague. Il est évident qu'il serait raisonnable de protéger un travailleur contre la chaleur. Mais qu'est-ce que cela signifie réellement sur le lieu de travail? »

En 2023, le Ministère du travail de l'Ontario a présenté une proposition de règlement autonome sur le stress thermique qui s'appliquerait à tous les lieux de travail couverts par la LSST. Toutefois, Mme Folk-Dawson explique que même si la proposition part d'une bonne intention, elle ne tient pas compte de certains éléments importants.

« Elle est beaucoup trop restrictive. Une approche unique ne convient pas à toutes les expériences des travailleurs. Les travailleurs vivent la chaleur de manière très différente. Qu'en est-il des travailleuses enceintes? Des personnes handicapées? Des travailleurs du secteur public ou des artisans qui travaillent dans les maisons des autres? »

Le Dr Kenny partage cet avis. « Les directives ont été élaborées il y a longtemps. Elles n'ont pas pris en compte les travailleurs âgés. Elles n'ont pas pris en compte les femmes. Elles n'ont pas pris en compte les travailleurs souffrant de maladies chroniques, alors qu'il s'agit d'un segment de plus en plus important de notre main-d'œuvre. »

Les chaleurs extrêmes présentent un risque grave qui est souvent négligé. Les chercheurs estiment que 500 000 personnes meurent chaque année de décès liés à la chaleur, ce qui fait de la chaleur l'événement météorologique le plus meurtrier au monde.

Juillet 2024 a été le treizième mois consécutif à battre le record de chaleur au niveau mondial. À mi-parcours de l'année, le record de la journée la plus chaude a été battu à deux reprises.

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