L'Étoile du Nord

Les mises en chantier et les ventes de logements chutent

Le plan logement du gouvernement Ford rate sa cible

Temps de lecture:4 Minutes

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La « Loi de 2024 pour réduire les formalités administratives afin de construire plus de logements » et la « Loi de 2024 visant à accélérer la construction de plus de logements » de Doug Ford étaient censées résoudre la crise du logement en Ontario. Bien que le Parti progressiste-conservateur se soit engagé à construire 1,5 million de logements sur dix ans, les données de juin 2024 montrent que les mises en chantier ont diminué de 44% depuis l'année dernière.

Deux ans après le début du plan décennal de logement des conservateurs, 243 802 logements ont été construits, soit 16% de l'objectif de 1,5 million de logements. Le nombre de logements mis en chantier en 2023 était de 89 297, soit près de 20 000 logements de moins. Au lieu de s'avouer vaincu, le gouvernement de l'Ontario a tout de même déclaré avoir atteint ses objectifs, ajoutant à sa liste les lits de soins de longue durée et les nouveaux logements dans des sous-sols à sa liste de « logements nouvellement construits ».

Les mises en chantier sont un indicateur économique qui fait référence au début de la construction de logements au cours d'une période donnée. Une seule mise en chantier correspond à une seule maison ou à un seul appartement. Ainsi, un immeuble de 30 appartements sera considéré comme 30 mises en chantier.

Les nouvelles mises en chantier sont une indication de la disponibilité future de logements, et l'Ontario — un marché qui souffre déjà d'une pénurie de logements à prix abordable — a connu une baisse rapide du nombre de logements construits.

Selon les données publiées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement, le nombre de mises en chantier de maisons individuelles en Ontario en juin 2023 était de 1 491. Pour toutes les autres formes de logement, ce nombre était de 8 623. En 2024, le nombre de mises en chantier de maisons individuelles était de 1 142 et celui de toutes les autres formes de logement de 4 539, soit une baisse de 23% et de 47% respectivement.

La grande majorité des municipalités de 10 000 habitants ou plus ont connu une réduction significative des mises en chantier en juin de cette année, à l'exception de Kingston, Kitchener-Cambridge-Waterloo et Windsor qui ont enregistré 35, 585 et 363 mises en chantier, soit une augmentation de 30%, 259% et 648% respectivement.

Fait étonnant, la ville de Toronto, dont la croissance démographique dépasse celle de toutes les villes du Canada et des États-Unis, a vu ses mises en chantier passer de 7 171 en 2023 à 2 847 en 2024, soit une réduction de 60%. Au cours de la même période, les mises en chantier de Guelph ont été réduites de 141 à 37, celles de Brantford de 55 à 8, 55, et celles de Hamilton de 321 à 25.

Les experts du secteur déclarent que la baisse des mises en chantier est corrélée à la baisse des ventes de logements, qui servent à financer les nouveaux projets immobiliers. En avril, la Building Industry and Land Development Association (BILD) a indiqué que les ventes de logements neufs dans la région du Grand Toronto avaient atteint un niveau historiquement bas.

Un communiqué de presse du BILD indique que les ventes de logements neufs en juin 2024 se sont élevées à 1 339, soit une baisse de 46% par rapport à juin 2023. La baisse des ventes de logements est en corrélation avec la crise actuelle de l'accessibilité au logement en Ontario.

Alors que BILD affirme que « les coûts élevés des matériaux, de la main-d'œuvre et du terrain, combinés aux frais municipaux (tels que les frais de développement) et à la lenteur des approbations municipales, ajoutent des coûts et des retards inutiles aux nouveaux projets », la financiarisation de l'immobilier est la cause première de la pénurie de logements abordables en Ontario.

Le manque de logements abordables et l'économie de marché ont créé une boucle de rétroaction négative pour le logement en Ontario; parce que les logements sont inabordables, ils ne peuvent pas être vendus. La faiblesse des ventes de logements neufs ne permet pas de mobiliser les capitaux nécessaires à la construction de nouveaux logements, ce qui fait que la demande de logements abordables est beaucoup plus élevée que l'offre, ce qui fait encore gonfler les prix.

Jusqu'à présent, l'Ontario n'a construit qu'un peu plus de 240 000 logements sur les 1,5 million requis d'ici 2031. D'année en année, ce chiffre est inférieur à la moyenne annuelle requise de 150 000.

L'Étoile du Nord a contacté le ministre du Logement, Paul Calandra, pour qu'il commente l'état d'avancement de l'objectif de 1,5 million de logements fixé par le Parti progressiste-conservateur, mais il n'a pas répondu.

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