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Ce vendredi avant-midi, des manifestants affiliés au Comité d’Action en Solidarité avec la Construction au Québec (CASCQ) ont piqueté devant le bureau du ministre du Travail du Québec. Les militants dénoncent le recours aux travailleurs étrangers temporaires dans l’industrie de la construction ainsi que la loi « modernisant l’industrie de la construction. »
« À la base, on voulait occuper le bureau pour passer un message au ministre Boulet, mais il n’a pas voulu avoir une conversation avec nous », explique Renaud Simard, coordinateur du CASCQ aux journalistes de l’Étoile du Nord présents à Trois-Rivières, « c’est pour ça qu’on est dehors à passer le message au reste de la population. »
Dénoncer l’exploitation des travailleurs étrangers
« On manifeste contre la réforme que Boulet a adoptée en mai dernier, car c’est une loi qui va avoir un impact sur toute la société, mais surtout chez les travailleurs étrangers temporaires à permis fermé. » Selon les manifestants, le programme qualifié par l’ONU comme « un terrain fertile à l’esclavage moderne » et son application dans le domaine de la construction causera plusieurs problèmes, surtout au niveau de la sécurité au travail.
« Ce sont des travailleurs vulnérables qui vont entrer dans un des secteurs où il y a le plus de morts sur le milieu de travail, » ajoute M. Simard. « En plus de cela, ils ne peuvent pas dénoncer les abus parce qu’ils sont liés à un seul employeur et se font renvoyer dans leur pays très rapidement. »
Malgré le fait que les travailleurs de la construction ne représentent que 5% de la main-d’œuvre au Québec, ce sont 32% des décès au travail qui surviennent dans le milieu de la construction.
Selon le coordinateur, « ça va également avoir un impact néfaste sur les travailleurs qui sont natifs, parce qu’il va y avoir une pression pour qu’ils réalisent des tâches qui sont plus dangereuses si les travailleurs étrangers le font à côté. »
Une loi pour « les riches et les promoteurs »
Plusieurs autres aspects de la réforme de la construction sont dénoncés par les manifestants, comme la mobilité interrégionale: « C’est certain que ça ne va pas être bon pour nos régions, le fait que les travailleurs qui, par exemple, habitent à Trois-Rivières ne seront pas privilégiés pour les emplois à Trois-Rivières. »
« Tout comme la polyvalence des tâches, qui fait que, par exemple, un tuyauteur va pouvoir faire la job d’un plâtrier, sans que ça soit régulé». Selon M. Simard, cette dérégulation ne peut avoir que des impacts négatifs sur la qualité des constructions au Québec: « c’est pas bon pour nos écoles, c’est pas bon pour nos logements, etc. »
Alors que la CAQ défend cette flexibilisation en affirmant qu’elle permettra la construction de plus de logements pour pallier à la crise, selon Simard, ce n’est pas la solution: « La crise est causée par les spéculateurs, quand bien même qu’on construirait 150 000 nouveaux logements, si c’est des logements de luxe que le québécois moyen ne peut pas se payer, ça ne va rien régler. »
« Au final, ça bénéficie aux riches et aux promoteurs, mais pas du tout au Québec ni aux migrants. Tout le monde est perdant sauf les plus puissants. »
Une manifestation qui parle à tous
M. Simard se réjouit de la réaction des passants au piquetage du CASCQ: « On voit une bonne réaction chez les passants, surtout ceux qui sont issus de l’immigration, ça vient les toucher quand on parle d’immigration sans exploitation. Aussi, les gens n’apprécient pas particulièrement le gouvernement Legault en ce moment. »
« Nous, on considère que la construction, c’est l’affaire de tous, » ajoute-t-il, « [le CASCQ] regroupe des organisations de défense des migrants, de défense de locataires, des syndicats de la construction, parce que c’est la job de tout le monde d’être en solidarité avec les travailleurs. C’est avec des meilleures conditions dans la construction qu’on va avoir des meilleures constructions en général. »
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