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Les travailleurs de l'Hôtel Pur sont en grève depuis presque deux mois et se battent contre une direction qu'ils accusent d'intimidation. Même avec de riches propriétaires qui sont liés à des paradis fiscaux, la direction refuse toujours d'accepter les demandes des grévistes et semble vouloir les « casser ».
Les travailleurs négocient avec les patrons de l'hôtel depuis la fin de leur contrat, en juillet 2024, et demandent une augmentation salariale de 21% sur quatre ans. C'est la même demande que celle des 29 autres hôtels syndiqués avec la CSN qui négocient un nouveau contrat en ce moment.
17 des 30 hôtels ont déjà obtenu ces augmentations, « dont des hôtels qui sont de taille semblable, et même moindre à notre hôtel », explique à l'Étoile du Nord Benjamin Mercier, réceptionniste à l'Hôtel Pur et membre du comité de négociation. Mais les patrons de l'hôtel affirment négocier uniquement avec eux, sans tenir compte des autres syndicats.
« Des fois, ils se justifient par la taille de l'hôtel, » précise le jeune réceptionniste. « Mais on est un hôtel Marriott ici, et il y a d'autres Marriott qui ont signé à 21%. Les arguments qu'ils utilisent ne sont tout simplement pas valables. On nous refuse le 21%, sous prétexte que l'hôtel n'a pas les moyens financiers pour ça. »
Selon Hotelier Magazine, la division canadienne des hôtels Marriott a réalisé 4 milliards de profit en 2023, soit 1 milliard de plus qu'en 2022. La publication de l'industrie souligne que les experts du secteur se réjouissent de la reprise post-COVID.
Ainsi, il semble que, même si les patrons de l'Hôtel Pur veulent faire croire à leurs travailleurs qu'ils sont isolés et sans moyens, rien n'est plus faux. Ils font partie d'une puissante oligarchie de l'industrie de l'hospitalité.
Des patrons riches et hostiles
L'Hôtel Pur est une franchise des hôtels Marriott, déguisé en marque indépendante sous la désignation « Tribute Portfolio ». Parmi les enseignes appartenant à Marriott, on trouve Delta, Sheraton, Westin, Courtyard, Fairfield, Ritz-Carlton, et bien d'autres. Marriott est l'un des plus grands monopoles hôteliers au monde, avec plus de 30 marques et plus de 7 000 hôtels à son actif.
Parmi les quatre propriétaires de l'Hôtel, Wuk Rai Cho et Hyun Kang Cho sont des adeptes des paradis fiscaux: ils sont mentionnés dans les Offshore Leaks de 2013. Le frère de Wuk Rai Cho a également été condamné à trois ans de détention pour évasion fiscale en Corée du Sud. Il a évité la prison en raison de son âge avancé, mais a dû payer une amende de 112 millions de dollars US.
« Ces gars-là habitent à Vancouver, donc ils connaissent zéro la réalité de la ville de Québec, » se désole M. Mercier. « Ils possèdent des hôtels à Vancouver qui ont déjà fait de la grève pendant huit mois. Ça, ça nous fait quand même peur. On ne sait pas combien de temps on va devoir rester dehors ici. »
Cette grève qui perdure montre clairement la détermination des propriétaires à écraser leurs employés: « Depuis le début de la grève, c'est à peu près 1 million de dollars qui a été perdu par l'employeur. Mais malgré ça, il préfère perdre de l'argent. »
Les journalistes de l'Étoile du Nord ont essayé d'obtenir une entrevue avec un représentant de l'hôtel. À leur arrivée, Alexandra Wiegert, directrice des opérations, les a accueillis de manière chaleureuse.
Cependant, dès qu'ils ont demandé une entrevue, son sourire s'est transformé en rictus. « Non, on n'a pas d'intérêt envers ça. Ils sont au courant de tout ce qu'on est au courant de, » [sic.] leur a-t-elle répondu.
Durant les premiers mois de la pandémie, elle avait publié sur Facebook un message d'unité dans son milieu: « Aux millions de professionnels de l'hôtellerie, du voyage, de la restauration et du divertissement, gardez la foi. La situation est douloureuse, mais les choses vont s'améliorer. Restez unis. Nous en sortirons plus forts. »
L'unité que la direction et les propriétaires avaient mise en avant pendant la crise de la COVID semble bien loin aujourd'hui.
M. Mercier l'a bien remarqué. « Le propriétaire et nos patrons à l'intérieur, depuis le début de la grève, nous envoient des messages comme quoi ils essaient de nous casser. »
Laurie-Anne Leclerc, serveuse au restaurant de l'hôtel, ajoute: « Ils font tout pour baisser notre moral le plus possible, par exemple, en disant qu'on est en train de ruiner l'économie de l'hôtel; qu'ils perdent tous leurs contrats à cause de nous; que quand on va rentrer, il n'y aura plus de job à nous donner. »
Benjamin Mercier renchérit: « Au début du conflit, ils appelaient la police presque tous les jours. Soit pour le son, soit pour la craie qu'on faisait sur le mur. » Il finit toutefois en disant: « Je veux juste qu'ils sachent très bien qu'on va rester ici tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas ce qu'on mérite. Plus il nous fait attendre, plus la facture va être salée pour lui. C'est aussi simple que ça. »
Des enjeux qui dépassent les salaires
Les travailleurs dénoncent aussi l'embauche illégale de briseurs de grève, que l'hôtel essaie de leur cacher. Ils réunissent en ce moment des preuves pour aller au Tribunal.
De plus, les femmes de chambre demandent une prime de 5$ par chambre, citant que leur travail est épuisant, surtout quand elles doivent nettoyer des chambres laissées en chaos après des fêtes.
Enfin, les travailleurs demandent plus de protections en matière de santé et sécurité. Ils veulent obtenir plus de pouvoir décisionnel pour leur comité de travailleurs, qu'ils considèrent comme le mieux placé pour intervenir dans ce domaine.
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