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Lundi matin, les postiers et leurs alliés se sont rassemblés devant les bureaux de circonscription des députés libéraux du Lower Mainland de la Colombie-Britannique, condamnant l'ordre de retour au travail émis par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) dans la nuit de dimanche à lundi. Le ministre du Travail, Steve MacKinnon, a lancé le processus de retour au travail vendredi dernier, lorsqu'il a fait appel à l'article 107 du Code du travail et a demandé au CCRI de renvoyer les postiers au travail, en prolongeant leur contrat actuel jusqu'en mai 2025.
Ceux-ci dénoncent l'appel du ministre du Travail comme un nouvel exemple de violation du droit à la grève. « Il n'y a aucune chance que ça soit un rapprochement vers nos revendications », a déclaré Doug Kellam, délégué syndical du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) et facteur, lors d'une entrevue accordée à l'Étoile du Nord.
« [Le ministre MacKinnon] essaie de faire croire qu'il va dans notre sens. Qu'il nous donne la chance de nous exprimer. Mais je ne pense pas que c'est sincère, et c'est essentiellement un piège pour nous faire revenir, alors qu'on a probablement dépensé une bonne partie de notre fonds de grève. Si on doit reprendre la grève, notre situation financière sera pire qu'elle ne l'est aujourd'hui. »
« Le ministre a déjà eu recours à l'article 107 pour forcer les travailleurs à reprendre le travail à trois reprises cette année », a poursuivi M. Kellam. « La direction sait très bien qu'elle n'a qu'à attendre pour obtenir son ordre. Elle n'a pas négocié avec nous de bonne foi. Ils se sont contentés de gagner du temps, et ce, depuis plus d'un an. »
Les conventions collectives entre Postes Canada et le STTP ont expiré le 31 janvier 2024 pour les transporteurs urbains et le 31 décembre 2023 pour les transporteurs ruraux et suburbains.
Stephen von Sychowski, président du Conseil du travail de Vancouver et du district, qui a participé à un piquet de grève devant le bureau de circonscription du député libéral Terry Beech, s'est demandé si le droit de grève existait encore au Canada:
« Avec les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé, on on voit que le droit de grève et les droits fondamentaux garantis par la Charte existent tant que c'est pas gênant, tant que ça ne cause pas de problème de rentabilité. Et dès que c'est le cas, ils interviennent avec des lois. Que ce soit légal ou non, ils sont prêts à le faire. Et ils savent que les dégâts seront déjà faits lorsque les tribunaux seront saisis de la question. »
Dans ce contexte, M. Kellam indique que certains travailleurs envisagent de défier l'ordre de reprise du travail:
« Il y a des sections locales qui organisent des votes pour défier les ordres de retour au travail. On sais que la section locale de Saskatoon a voté pour ça lors de son assemblée générale. On sais qu'Edmonton est en train d'organiser un vote de ses membres sur la question du non-respect de la législation. Actuellement, les votes sont favorables."
La nécessité urgente pour le mouvement ouvrier de trouver un moyen de répondre à cette attaque contre le droit de grève n'échappe pas à M. von Sychowski:
« Les employeurs et le gouvernement ont un gros marteau. Dans ces cas-là, il n'est pas facile de se battre quand les gens sont confrontés à des injonctions et à des menaces sur leur gagne-pain, comme c'est le cas aujourd'hui. Mais la seule façon de contrer ces menaces-là, c'est de s'organiser, d'être prêts à se battre ensemble dans ces cas-là et de mener des actions solidaires. »