Abonnez-vous à notre infolettre:
Des membres du STTAL-CSN, le premier syndicat canadien de travailleurs d'Amazon, ont manifesté sur leur lieu de travail à Laval le 23 décembre. Le monopole du commerce électronique immobilise le syndicat dans les négociations depuis six mois et devrait faire une offre salariale en janvier. Les membres du syndicat espèrent que leurs moyens de pression aboutiront à une augmentation de salaire qui s'approchera de celle des entrepôts syndiqués d'autres compagnies.
Les travailleurs de l'entrepôt DXT4 de Laval commencent à 20 $ de l'heure, avec un salaire maximum de 22 $. En septembre, Amazon a accordé une augmentation de salaire de 1,50 $ de l'heure aux travailleurs de ses autres entrepôts du Québec, mais n'a pas accordé d'augmentation aux travailleurs de DXT4, apparemment pour les punir de s'être syndiqués.
Le président du STTAL-CSN, Félix Trudeau, a déclaré à L'Étoile du Nord que les salaires de départ dans les autres entrepôts syndiqués de la province sont de 25 à 30 dollars de l'heure, et que les augmentations liées à l'ancienneté avoisinent les 35 dollars. Le syndicat demande un salaire de départ de 26 $ et une augmentation à 30 $ après trois ans.
« C'est pas comme s'ils manquaient de cash pour nous payer », déclare M. Trudeau. « Ils peuvent très bien nous donner une augmentation pour nous donner un salaire qui nous permet d'avoir une vie, pas juste de survivre, mais d'économiser, de se payer quelque chose qui a de l'allure. Les loyers sont rendus chers, la bouffe est rendue chère, le gaz, toute l'inflation. Faut pas seulement que ça rattrape, faut qu'on ait des bonnes conditions de vie qui reflètent le fait qu'on est absolument essentiel pour la compagnie, pour tout le cash qu'Amazon fait. »
Le bénéfice net d'Amazon pour les 12 mois se terminant le 30 septembre 2024 était de 49,9 milliards de dollars US, soit une augmentation de près de 150% d'une année sur l'autre.
Si l'offre d'Amazon ne satisfait pas le syndicat, l'affaire pourrait être soumise à l'arbitrage, ou le syndicat pourrait continuer à intensifier ses moyens de pression. Si le syndicat accepte une offre, il deviendra le premier syndicat d'Amazon à obtenir une convention collective, ce qui constituera une victoire majeure pour les travailleurs d'Amazon dans le monde entier.
« Quand je parle des autres entrepôts, on le sait, c'est les mêmes problèmes qu'on vit. C'est pas seulement au Québec, c'est à l'international », déclare M. Trudeau. « Aux États-Unis, en Europe, tout le monde qui travaille à Amazon vit les mêmes problèmes, les salaires bas, la cadence, le manque de considération, le manque de respect pour les employés. »
Pour M. Trudeau, la possibilité d'une convention collective n'est pas une question de 'si', mais de 'quand':
« Amazon ne veut pas de syndicat. C'est pour ça que c'est long. Ils résistent, mais ultimement un syndicat c'est la volonté démocratique des travailleurs. On va finir par l'avoir. »
La manifestation de lundi a coïncidé avec une importante vague de manifestations, de piquets de grève et d'arrêts de travail dans les entrepôts d'Amazon aux États-Unis. M. Trudeau a félicité ses collègues au sud de la frontière pour leur action dans ce qu'il considère comme une lutte commune.
« Je salue le travail des syndiqués Teamster aux États-Unis là-dessus », a-t-il fait remarquer. « Je leur souhaite vraiment de réussir. Si nous, on gagne, ça les aide. Si eux ils gagnent, ça nous aide. C'est la solidarité de la classe ouvrière. C'est ça qu'on veut aller chercher. »
- « C’est nous attaquer à un géant »
- La plupart des travailleurs d’Amazon souffrent de troubles musculo-squelettiques
- Victoire pour les travailleurs d’Amazon devant le Tribunal administratif du travail
- Les travailleurs d’Amazon à Laval passent à l’offensive
- Une contestation « farfelue » d’Amazon rejetée par le Tribunal
- Critique de film—« Union » donne la parole au processus de syndicalisation
- La haute saison d’Amazon tue
- Des livreurs d’Amazon ont quitté leur travail à cause du froid extrême
- Les travailleurs d’Amazon de plus en plus pauvres
- Les travailleurs d’Amazon à Laval manifestent pour une offre salariale équitable
- Les travailleurs britanniques s’attaquent à Amazon
- Amazon embauche 1300 travailleurs pour démanteler un syndicat britannique
- Les travailleurs britanniques d’Amazon votent sur la reconnaissance de leur syndicat
- Deux pas en avant, un pas en arrière pour Unifor à Amazon
- Les travailleurs d’Amazon à Laval prêts à former un syndicat historique
- Amazon en guerre avec le Code du Travail après l’accréditation d’un syndicat à Laval
- Amazon verse des millions dans des rencontres antisyndicales
- L’assaut juridique sans retenue d’Amazon contre les syndicats s’étend au Québec
- Amazon achète du temps au Tribunal administratif du travail