Abonnez-vous à notre infolettre:
En ce début d'année, les luttes syndicales et les crises politiques dominent l'actualité canadienne. Alors que le cabinet Trudeau démissionne l'un après l'autre et que les négociations avec Postes Canada doivent reprendre en mai, 2025 s'annonce comme une année d'instabilité politique et d'escalade des conflits du travail.
Luttes syndicales à l'horizon en Ontario
En Ontario, plus de 2 600 conventions collectives vont expirer en 2025, ce qui concerne plus de 600 000 travailleurs de la province. La majorité de ces contrats concernent les secteurs de la construction, des soins de santé et des services sociaux.
Les infirmières des hôpitaux de la province verront leur contrat actuel expirer à la fin du mois de mars. Comme il est illégal pour ces infirmières de faire la grève, leur prochain contrat sera probablement décidé par arbitrage. Des milliers d'autres travailleurs des hôpitaux et des services sociaux, ainsi que des infirmières travaillant en dehors du système hospitalier, verront leur contrat expirer tout au long de l'année.
Le 28 septembre, plus de 40 000 travailleurs des hôpitaux et des centres de santé, tous syndiqués au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), verront leur contrat expirer.
En 2024, le système de santé de l'Ontario a battu des records. De mauvais records. Les fermetures d'urgences, le nombre de patients bloqués dans des lits de couloir et la liste d'attente pour les soins de longue durée ont tous atteint des sommets. 2,5 millions d'Ontariens n'ont pas de médecin de famille, soit 700 000 de plus qu'il y a quatre ans.
De toutes les provinces, l'Ontario est celle où les dépenses publiques de santé par personne sont les plus faibles. Sous le gouvernement de Doug Ford, une part de plus en plus importante de cet argent est utilisée pour soutenir les soins de santé privés au détriment des investissements dans les hôpitaux publics.

Tout cela pour dire que les infirmières et les autres travailleurs hospitaliers sont surchargés de travail, manquent de ressources, sont stressés et, surtout, veulent être en mesure de fournir de meilleurs soins de santé à tous leurs patients. Les infirmières et infirmiers de l'Ontario chercheront à obtenir un accord qui s'attaque réellement à ces problèmes de plus en plus graves, mais sans le droit de faire grève et de prendre en main les négociations, ils se battent les mains liées dans le dos (avec une corde qui s'effiloche).
Plus de 600 des 2 600 contrats arrivant à échéance concernent le secteur de la construction. Plus de 400 d'entre elles expireront le même jour, le 30 avril. Ces contrats concernent des dizaines de syndicats et des centaines d'employeurs. Le fait qu'un si grand nombre d'entre elles arrivent à échéance en même temps donne à ces travailleurs la possibilité d'accroître la pression sur leurs employeurs en paralysant l'industrie, s'ils décident de faire grève.
Au début du mois de mai 2022, la dernière fois qu'un grand nombre de ces 400 contrats ont expiré, plus de 40 000 travailleurs de la construction se sont mis en grève dans toute la province.
L'immigration
L'immigration a été un sujet politique brûlant en 2024. Les libéraux fédéraux ont réduit de 28% le nombre annuel de permis d'études internationaux. En Ontario, cela s'est traduit par une baisse de 41%, passant de 235 000 à 141 000.
Pendant des années, le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford (et les libéraux de Kathleen Wynne avant eux) a été joyeusement complice de l'exploitation financière des étudiants étrangers par les universités et les collèges.
Ces nouvelles politiques d'immigration annoncent des temps sombres pour les bureaucrates universitaires et les profiteurs de l'éducation de toute la province. Nous pouvons nous attendre à ce que de nombreux collèges privés (frauduleux) disparaissent en 2025, 96% des permis d'études ayant été attribués à des collèges et universités publics.

Avec toute cette rhétorique anti-immigration de la part des politiciens, on peut se demander pourquoi le gouvernement a fait venir plus de travailleurs étrangers temporaires (TET) chaque année depuis 2020. Ce programme, considéré comme de l'« esclavage moderne » par l'ONU, a récemment fait l'objet de limitations strictes qui modifieront le paysage du travail au cours de l'année à venir.
Comme l'a rapporté l'Étoile du Nord en septembre, plus de 70 000 TET risquent d'être expulsés dans tout le pays à la suite des nouvelles restrictions introduites par le gouvernement fédéral. Certains travailleurs nous ont dit que les seuls emplois disponibles étaient rémunérés au-dessous du salaire minimum, qu'ils payaient des frais de scolarité plus élevés que leurs camarades de classe non internationaux et qu'ils luttaient pour trouver un logement sûr et abordable.
Crise du logement et sans-abrisme
En 2024, l'inabordabilité du logement reste un problème majeur non seulement pour les Ontariens, mais aussi pour tous les Canadiens. Des villes canadiennes comme Vancouver et Toronto ont été classées parmi les villes les moins abordables du monde.
RE/MAX Canada prévoit que les prix des logements au Canada continueront d'augmenter en 2025. La réduction des taux d'intérêt par la Banque du Canada et la faiblesse persistante de l'offre de logements feront grimper les prix des maisons en Ontario.
À Mississauga, le prix moyen des maisons était de 1 065 923$ au premier semestre de 2024. RE/MAX prévoit que le prix augmentera de 6% pour atteindre 1 129 878$ en 2025, tandis qu'à Brampton, les prix passeront de 1 011 915 $ au premier semestre 2024 à 1 072 630$ en 2025. De même, dans la région de Durham, le prix moyen des maisons pourrait passer de 923 521$ à 969 697$ en 2025. À Hamilton, les prix moyens pourraient passer de 810 093$ à 828 320,10 $. À Burlington, les prix moyens devraient passer de 1 132 823$ à 1 183 800 $.

La loi sur la réduction des formalités administratives pour construire plus de maisons et la loi sur la construction plus rapide de maisons sont deux des projets de loi sur le logement de Doug Ford qui ont été présentés comme une solution à la crise du logement en Ontario. Bien que le Parti progressiste-conservateur se soit engagé à construire 1,5 million de logements sur dix ans, le gouvernement n'a pas atteint son objectif annuel.
L'année 2025 ne sera probablement pas différente. L'objectif annuel de cette année devrait être de 125 000 logements, mais l'énoncé économique d'automne du gouvernement indique qu'il n'en prévoit que 81 300, selon les prévisions du secteur privé.
Le manque de logements abordables se manifeste visiblement par le nombre de sans-abri dans les rues de la province. Le gouvernement de l'Ontario estime que près d'un quart de million de personnes, soit environ trois personnes sur 200 habitants de l'Ontario, sont sans abri.
Plusieurs campements ont été installés au cœur de Toronto. La ville de Toronto a nettoyé les campements de sans-abri près du Rogers Centre avant les six concerts à guichets fermés de Taylor Swift en novembre 2024. Il s'agit d'une mesure sans précédent de la part de la ville, qui soulève la question suivante : s'agit-il du nouveau protocole pour les futurs événements de grande envergure qui auront lieu dans la ville ?
Perspectives d'avenir
Avec la démission récente de Trudeau et l'annonce par Doug Ford qu'il déclenchera des élections en février, l'Ontario ne se trouvera pas à un, mais à deux carrefours politiques importants en 2025. Les élites ontariennes seront occupées une grande partie de l'année et se tiendront mutuellement à la gorge pendant ces courses électorales, tant au niveau fédéral que provincial.
Cette situation, associée à l'explosion potentielle d'importantes luttes syndicales et de lutte pour le logement dans toute la province, notamment dans les secteurs de la construction et des soins de santé, pourrait exercer une pression suffisante pour créer d'importantes ruptures dans l'establishment politique, permettant ainsi aux mouvements syndicaux et sociaux de l'Ontario de faire de grands progrès.