L'Étoile du Nord

Projet de loi 89 au Québec

Des travailleurs manifestent contre une loi régressive

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Une coalition de travailleurs, de militants du logement et d'autres activistes a manifesté devant le bureau du ministre du Travail au centre-ville de Montréal pour dénoncer le projet de loi 89. S'il est adopté, ce projet de loi accordera au gouvernement des pouvoirs considérables pour suspendre les grèves et imposer l'arbitrage obligatoire aux tables de négociation.

La manifestation était organisée par le Comité d'action solidarité avec la construction du Québec (CASCQ), qui regroupe des travailleurs de la construction de divers syndicats ainsi que des organisateurs de groupes de logement et de groupes communautaires.

« [PL89] vient attaquer le rapport de force des syndicats. Les patrons n'ont pas nécessairement besoin du lock-out pour avoir leurs intérêts », explique Renaud Simard, organisateur du CASCQ. 

« Mais les travailleurs, la grève, c'est leur outil pour faire respecter leurs droits et pour améliorer leurs conditions de travail. Donc c'est une attaque sur la classe ouvrière. C'est une attaque sur les travailleurs et les travailleuses. »

L'objectif déclaré du projet de loi 89 est de prévenir les impacts « disproportionnés » sur la « la sécurité sociale, économique ou environnementale », mais ce concept n'est pas défini dans le texte du projet de loi. Cela signifie que la loi pourrait être appliquée de manière large, à la discrétion du gouvernement provincial.

Pour M. Simard, le projet de loi proposé rappelle les mesures prises par le gouvernement Duplessis pour écraser le mouvement ouvrier pendant la Grande Noirceur:

« Il n'y a pas d'équivalent à ça, à l'exception de Maurice Duplessis dans les années 50, où il s'était donné le droit de casser des grève si, par exemple, il y avait des organisations communistes. Il ne définissait jamais c'est quoi qui était communiste, donc tout le monde était touché. Ça c'est un peu l'équivalent. »

M. Simard a souligné la nécessité d'une réaction forte de la part du mouvement syndical:

« Il y a un excellent message qui a été sorti par le SCFP 301, les cols bleus de la Ville de Montréal, qui était allé dire: c'est une attaque. Nous devons nous mobiliser le plus rapidement possible et ouvrir la porte à la désobéissance civile le plus rapidement possible. » 

« Je suis tout à fait d'accord avec cette position-là. C'est une attaque fondamentale au pouvoir syndical. Puis il y a eu des mobilisations majeures qui ont été faites pour des modifications moins pires sur le Code du travail. »

Une quarantaine de travailleurs de l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, situé à proximité, ont convergé avec les manifestants du CASCQ vers le début de la manifestation. Plus de 600 travailleurs de l'hôtel sont en lock-out depuis plus de trois mois.

Andrea, un autre travailleur de la construction, s'est adressé à la foule et a appelé les travailleurs à lutter ensemble contre de tels affronts aux droits des travailleurs: « Le seul remède à cette attaque violente, c'est la solidarité intersyndicale et interindustrielle. Ça prend vraiment une alliance de la classe ouvrière. Le droit de grève ne peut pas nous être interdit. ».

Des membres du STTAL-CSN, le premier et unique syndicat canadien des travailleurs d'Amazon, étaient également présents.

« On est rassemblés ici parce qu'il y a une mouvance antisyndicale. L'attaque contre le syndicat de Amazon, ça en fait partie. Mais on voit la continuité de ça dans le PL89. On voit qu'il y a une tentative de désarmer la classe ouvrière », a déclaré Félix Trudeau, président de STTAL-CSN.

Éric Forget, un travailleur de la construction de l'Association des manœuvres inter-provinciaux, croit que les travailleurs de la base doivent pousser leurs syndicats à prendre des mesures politiques contre le projet de loi 89:

« Si les syndicats ne veulent pas embarquer, on va les faire embarquer. Regardez la campagne Amazon. C'est le parfait exemple de gens du terrain qui prennent contrôle, qui s'y mettent, font le combat, et ça force la main à des centrales syndicales à embarquer dans le mouvement », a-t-il déclaré à l'Étoile du Nord.

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