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Environ 600 travailleurs et travailleuses de l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth (FRE) à Montréal sont toujours en lock-out depuis qu'ils ont refusé une offre globale de leur employeur pour le 20 novembre 2024. Le lock-out est une mesure de représailles de l'employeur pour les actions de grève qui ont commencé à la fin du mois de septembre 2024 et a été utilisé pour faire pression sur les employés en grève en retenant du travail avant les vacances.
Contrairement à une grève, un lock-out est imposé par l'employeur aux travailleurs. L'hôtel a dû fermer ses portes en raison du lock-out et ne fonctionne qu'avec une capacité limitée pour la nouvelle année.
David Connor, le directeur général de l'hôtel, a présenté sa dernière offre aux travailleurs et travailleuses en novembre, bien qu'il ne se soit pas présenté à la table des négociations pour discuter des questions clés. L'offre a été rejetée à 94% par le personnel général et à 100% par le personnel de la réception et de la conciergerie.
François Houle, vice-président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de l’Hôtel Reine Elizabeth–CSN, affirme que l'offre revient sur des questions qui avaient déjà été réglées à la table des négociations. Elle inclut également de nouvelles propositions qui n'ont jamais été discutées et n'aborde pas des questions essentielles pour les travailleurs et travailleuses.
Les travailleurs et travailleuses du FRE ont collaboré à une stratégie de négociation coordonnée qui impliquait 29 hôtels syndiqués par la CSN, représentant 3 500 travailleurs, afin d'établir des objectifs et des demandes communs au sein de leur industrie. L'hôtel refuse toujours de répondre aux demandes des travailleurs.
Le syndicat demande des augmentations de salaire pour lutter contre l'inflation, des améliorations du rythme de travail et des garanties contre le recours aux agences de placement, qui permettent à l'employeur de contourner les règlements syndicaux et les conventions collectives au lieu de doter ses équipes d'un personnel adéquat. Cette dernière revendication a déjà été obtenue par les travailleurs et travailleuses d'autres hôtels dans le cadre des négociations coordonnées.
Au moment de l'entretien, M. Houle a a mentionné plus de 600 griefs déposés par les travailleurs contre l'hôtel qui n'avaient pas encore été résolus. Il souligne que ce sont les travailleurs syndiqués, et non la direction, qui sont responsables de la prospérité de l'hôtel:
« Les gens qui sont syndiqués, là, c'est les gens qui font la plus-value du Reine Élizabeth. Je veux dire, les cuisiniers préparent des mets, c'est vendu. La création de richesses, c'est les employés de premier niveau qui la créent. Les préposés à l'entretien ménager, bien, c'est eux qui nettoient les chambres qui puissent faire en sorte que l'hôtel puisse les vendre. Les gestionnaires encadrent les employés de premier niveau comme nous qui font la richesse de l'hôtel. Mais ça reste des gens qui font des horaires, qui font des suivis administratifs, des choses comme ça. Ce ne sont pas les créateurs de richesse du Reine Élizabeth. La création de richesse du Reine Élizabeth est sur le trottoir en ce moment. »
Outre le lock-out de ses employés juste avant les fêtes, l'hôtel a utilisé une série de tactiques anti-travailleurs et anti-syndicales. L'hôtel a installé des caméras de surveillance braquées sur la section syndicale de l'hôtel, surveillant les travailleurs qui viennent déposer des griefs, signaler des blessures sur le lieu de travail ou discuter de questions liées à leur pension ou à leur assurance. En décembre 2024, une enquête du ministère du Travail du Québec a révélé l'utilisation de 32 briseurs de grève (travailleurs de remplacement) par Le Reine Elizabeth en septembre de cette année-là, au début de l'action de grève.
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M. Houle trouve cette activité antisyndicale particulièrement choquante, étant donné que le FRE appartient au Fonds de dépôt et d'investissement du Québec, une entité du secteur public qui gère le Régime de rentes du Québec, entre autres fonds d'investissement publics.
« Est-ce que c'est la Caisse de dépôt et placement du Québec qui demande au gestionnaire d'avoir ce mépris-là par rapport aux ouvriers? C'est des gens qui se versent de grosses commissions ou de gros bonus, comme on appelle. Puis est-ce qu'ils veulent rabaisser, finalement, en acceptant l'intégration des agences en milieu de travail? Ben, à ce moment-là, est-ce qu'ils cautionnent ça l'exploitation des gens qui travaillent en agence? », demande M. Houle.
« Les temps sont durs. Le glissement qu'on a vécu dans les dernières années est effarant. Et puis, quand on voit que des institutions comme qui appartiennent à la Caisse de Dépôt nous mettent dans la rue, juste avant Noël. Je veux dire, comment est-ce que la Caisse des dépôts peut accepter seulement quelque chose comme ça quand son mandat s'est livré des salaires finalement de la classe moyenne? »
M. Houle a souligné l'impact sur les travailleurs des tactiques employées par l'hôtel:
« On est en train de brûler les femmes monoparentales qui nettoient des chambres dans des chambres d'hôtel, qui ont des enfants à la maison. Dans les dernières années, ça n'a pas été facile. L'augmentation des loyers, l'augmentation des hypothèques, l'augmentation de l'épicerie. Je veux dire, à la fin de la journée, c'est plus difficile pour tout le monde, dans ce moment-là. Puis là, on s'en va les mettre dans la rue. Avant Noël. Devant leurs familles. Les cadeaux de Noël y en a pas eu cette année. »
M. Houle affirme que l'employeur n'a pas réussi à démoraliser les travailleurs et travailleuses, et que ces derniers ont l'intention de résister à l'intimidation du patron.
« Le moral est exceptionnel ici, à Le Reine-Élizabeth. Les gens sont à l'extérieur depuis le 20 novembre, ils sont insultés de la situation, ils sont vraiment tannés du mépris que l'employeur a à leur endroit. […]Le 21 c'est la moitié de l'hiver qui est passée. Les temps chauds s'en viennent. Les journées s'allongent. On va être encore là. On est tout conscient que le conflit est encore là pour être là longtemps. On est tout conscient que on va être encore dehors le temps qu'il faut. »