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Le 20 février à midi, des militants de la campagne « Ici on boycotte Amazon » ont occupé un dîner donné par le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet. L'événement se tenait dans une grande salle de bal de l'hôtel Château Frontenac à Québec.
L'apparition du ministre du Travail à ce dîner était prévue dans le cadre d'un congrès de fin de semaine de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec. Lors de cet événement, M. Boulet devait s'adresser aux entreprises de construction les plus riches de la province et aux professionnels de l'industrie.
Selon une déclaration publiée sur la page Facebook de la campagne de boycott, les militants et travailleurs ont pu s'entretenir avec M. Boulet en personne après 20 minutes de manifestation. Ils lui ont demandé de s'engager à utiliser le pouvoir exécutif pour commencer à répondre aux demandes de la campagne.
Bien que M. Boulet ait fait semblant d'écouter les demandes de la campagne et d'explorer des options pour soutenir les travailleurs qui ont perdu leur gagne-pain à cause des fermetures d'entrepôts d'Amazon, il n'a pas pris d'engagements solides.
M. Boulet a plutôt suggéré que les manifestants portent leur cause devant le Tribunal administratif du travail du Québec, un processus qui pourrait prendre des années.
Félix Trudeau, président du STTAL, qui représente les travailleurs d'Amazon à Laval, a déclaré: « [Boulet] refuse de prendre position pour les travailleurs, comme Legault l'avait fait lors de l'annonce de la fermeture. En restant dans ce flou prétendument neutre, il prend en pratique position pour les multinationales. »
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« Nous avons rencontré le ministre Boulet et nous lui avons dit que l'État québécois se doit d'agir face au mépris d'Amazon et à son non-respect des lois du Québec, », a ajouté André-Philippe Doré, co-porte-parole de la campagne. « Pour lui, ce n'est pas un enjeu dans lequel le gouvernement devrait intervenir. Il pense que les tribunaux sont le seul moyen de faire respecter les lois du Québec et la population, alors qu'il a les pouvoirs pour faire plus, dès maintenant! »
En vertu de la loi sur l'expropriation du Code civil du Québec, les organismes gouvernementaux tels que le gouvernement provincial peuvent exproprier des biens privés dans l'intérêt public.
Grâce à ces pouvoirs, le gouvernement provincial pourrait devenir propriétaire de tous les entrepôts fermés d'Amazon. Ces entrepôts pourraient être réaffectés à des fins d'utilité publique, à condition que la partie expropriée reçoive une indemnisation complète et équitable.
La construction, les services publics et la charge des impôts de l'infrastructure d'Amazon au Québec ont été largement subventionnés par l'argent public.
Le refus de M. Boulet de s'engager en faveur d'une telle expropriation n'a rien de surprenant. Le dîner s'est déroulé dans une salle remplie d'entrepreneurs et d'avocats dont les riches clients propriétaires fonciers s'opposeraient avec véhémence à une telle atteinte à l'inviolabilité de la propriété privée,
La veille de cette action, le gouvernement de Boulet a annoncé le projet de loi 89, qui élargit les pouvoirs du gouvernement pour forcer les travailleurs en grève à retourner au travail.
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