L'Étoile du Nord

Campagne contre les fermetures d’Amazon

Blocage des livraisons dans cinq entrepôts d’Intelcom au Québec

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Dans un effort coordonné par l'organisation Alliance Ouvrière, des travailleurs et des militants ont bloqué ce matin les livraisons dans cinq entrepôts d'Intelcom du Québec, à Montréal, Québec, Gatineau et Joliette. Intelcom est le principal sous-traitant pour les livraisons d'Amazon dans la province. Des militants ont aussi distribué des tracts devant un entrepôt d'Intelcom à Halifax, en Nouvelle-Écosse, où l'entreprise utilise le nom de marque « Dragonfly ».

Félix Trudeau, membre d'Alliance Ouvrière et président du STTAL-CSN, le premier syndicat d'Amazon au Canada, s'est entretenu avec L'Étoile du Nord devant un entrepôt d'Intelcom dans le quartier Saint-Laurent de Montréal. 

« On est venus ici faire une action pour dénoncer la sous-traitance des emplois d'Amazon à Intelcom, à d'autres sous-traitants comme lui », a-t-il expliqué. Alliance Ouvrière demande des sanctions contre Amazon, que les travailleurs licenciés soient compensé et que le parlement québécois adopte une loi spéciale pour saisir les actifs et interdire les activités de la multinationale de son territoire.

L'action fait partie d'une campagne plus large de soutien aux plus de 4 500 travailleurs licenciés par Amazon lors de la fermeture de ses entrepôts au Québec. M. Trudeau explique:

« Cette action-là s'inscrit dans la pression qu'on veut mettre sur les sous-traitants d'Amazon et sur le gouvernement du Québec pour appuyer nos revendications. On veut que le gouvernement prenne la position des travailleuses et travailleurs du Québec et pas de la multinationale américaine. »

Félix Trudeau, président du STTAL-CSN (à droite)

Intelcom est le principal sous-traitant d'Amazon au Québec depuis 2015 et aide maintenant Amazon à transitionner à des opérations entièrement sous-traitées dans la province. Le mois dernier, des membres d'Alliance Ouvrière ont occupé un entrepôt d'Intelcom à Montréal. 

« Ils ont ignoré Alliance Ouvrière une fois, donc notre deuxième action est cinq fois plus massive. Maintenant, ce que je veux dire au gouvernement, à Amazon et à Intelcom, c’est qu’ils devraient éviter de nous ignorer encore », a déclaré Benoît Dumais, porte-parole de l'organisation.

Alliance Ouvrière cite les mauvaises conditions de travail d'Intelcom, qui, selon elle, sont possiblement pires que celles d'Amazon, comme raison supplémentaire de l'action d'aujourd'hui.

« C'est des conditions de travail qui sont vraiment ubérisées, des conditions de travail précaires avec plein d'agences », explique M. Trudeau. « On sait que c'est mal propre, c'est mal payé. On est en solidarité avec les travailleurs Intelcom, et on dénonce les mauvaises pratiques de la compagnie. »

Louisa Worrell, co-porte-parole de la campagne « Ici, on boycotte Amazon », abonde dans le même sens:

« Intelcom est un triste exemple de la façon dont les entreprises canadiennes et même québécoises peuvent exploiter autant que les oligarques américains. »

Remorques d'Amazon dans un entrepôt d'Intelcom à Saint-Laurent

Depuis les fermetures, le gouvernement de la CAQ de François Legault a fait très peu pour réagir à la violation éhontée du droit syndical et du droit du travail québécois par Amazon. Sa seule réponse a été d'exiger que tous les achats publics d'Amazon soient approuvés par le Conseil du Trésor. Mme Worrell s'est exprimée sur l'inaction du gouvernement provincial:

« C'est vraiment dégoûtant de voir la trahison de notre gouvernement à la lumière de l'énorme attaque d'Amazon contre la classe ouvrière québécoise et celle de l'ensemble du pays. Tous les travailleurs devraient appeler leurs syndicats à boycotter Amazon, s'ils sont syndiqués. »

M. Dumais voit les fermetures d'Amazon comme faisant parti d'un contexte plus large d'attaques contre la classe ouvrière du Québec et du Canada:

« Le contexte est sans équivoque. Amazon ferme ses entrepôts pour briser un syndicat. Boulet dépose le projet de loi 89 pour mettre fin aux grèves quand bon lui chante, et le fédéral lance des ordres de retour au travail à tout vent. Nous vivons une attaque frontale contre le droit d’association de la classe ouvrière au Canada. »

Il continue: « Nous ne voulons pas seulement résister contre les attaques d’Amazon et du gouvernement, mais organiser la classe ouvrière en force politique qui peut gagner contre l’oligarchie monopoliste du Canada. Nous espérons que tous celles et ceux qui pensent comme nous rejoindront notre mouvement. »

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