Le samedi 22 mars, des milliers de travailleurs, de groupes communautaires et de citoyens concernés ont manifesté contre le projet de loi 69 de la CAQ. Ce projet de loi propose des réformes qui pourraient voir l'infrastructure publique d'Hydro Québec tomber de plus en plus sous le contrôle de grandes entreprises privé. À Montréal, les manifestants ont marché jusqu'au bureau du premier ministre François Legault.
La manifestation était organisée par le Syndicat des employé-e-s de métier d'Hydro-Québec (section locale 1500 du SCFP).
« On sait que le projet de loi 69 vient beaucoup faire en sorte de nous diriger, notre Hydro-Québec, notre bien commun, envers une privatisation », a déclaré Frédéric Savard, président provincial du syndicat, à l'Étoile du Nord. « C'est un recul en arrière important. »
Les manifestants ont souligné, entre autres, deux conséquences importantes des réformes: l'augmentation des tarifs d'électricité pour les consommateurs et la perte de biens publics et d'emplois.
« L'article 115 du projet de loi vient mentionner qu'Hydro-Québec peut vendre ses actifs. C'est sûr que pour les travailleurs d'Hydro-Québec, c'est important ce bout-là, parce qu'on voit nos actifs, nos jobs, peut-être partir au privé, à la sous-traitance », explique M. Savard.
« Il faut donner de l'information à la population parce que tout le monde va payer pour ça tantôt. C'est notre héritage qui est en train de partir, l'héritage de nos enfants et des petits-enfants. »

Le gouvernement de la CAQ a promis que les hausses des tarifs d'électricité résidentiels seraient plafonnées à 3% jusqu'aux élections de l'an prochain, mais l'avenir est incertain au-delà de cette période.
Le développement des infrastructures prévu par le projet de loi 69 nécessitera des investissements importants de la part de la province, ce qui entraînera nécessairement une hausse des tarifs. De plus, le projet de loi 69 raccourcirait la période entre les hausses potentielles de taux de cinq à trois ans.
Frédéric Savard a souligné l'impact financier de la privatisation sur les contribuables québécois:
« C'est une société d'État. On fait des centaines de millions de dollars par année qui sont redistribués dans la population québécoise. On est tous actifs d'Hydro-Québec, donc on veut le maintenir. »
Pour compenser la hausse des coûts, le projet de loi 69 prévoit l'octroi de subventions gouvernementales aux consommateurs d'électricité, c'est-à-dire l'utilisation de l'argent des contribuables pour réduire leur propre facture d'électricité. Cela aurait un impact significatif sur la capacité d'Hydro-Québec à générer des revenus.
L'effet de cette mesure sur Hydro? La société d'État deviendrait beaucoup moins rentable, ce qui inciterait encore plus le gouvernement à la vendre. Dans ce type de situation, les biens publics sont généralement vendus à de grandes entreprises qui ont les moyens de s'emparer de ces infrastructures coûteuses, ce qui renforce le pouvoir des multinationales et des monopoles privés en dehors de tout contrôle politique.
D'ailleurs, peu après que l'Ontario a vendu la majorité de son service public d'hydroélectricité au milieu des années 2010, la province s'est trouvée confrontée à des erreurs de facturation qui ont entraîné des coupures d'électricité pour les clients résidentiels en hiver. En 2017, la centrale électrique de Goreway à Brampton (Ontario), alors nouvellement privatisée, a été prise en flagrant délit de facturation de dépenses inappropriées aux contribuables pour un montant de 100 millions de dollars. Pour cela, elle a finalement été condamnée à une maigre amende de 10 millions de dollars.