L'Étoile du Nord

Journée Internationale des femmes

Des femmes s’élèvent contre l’exploitation et l’impérialisme

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Le samedi 8 mars a marqué la Journée internationale des femmes. Dans tout le pays et au-delà, des foules ont défilé et des manifestants ont attiré l'attention sur les problèmes des travailleuses au Canada et à l'étranger. L'Étoile du Nord s'est entretenue avec des militantes et des organisatrices de divers secteurs et horizons.

« Cette journée est l'occasion d'honorer nos luttes et nos souvenirs du combat historique contre l'oppression patriarcale, le capitalisme, l'impérialisme et toutes les formes d'exploitation, », déclare Viviana Carol, organisatrice au Centre des travailleurs immigrants de Montréal. 

« De la rue au lieu de travail, des champs aux usines, des salles de classe aux premières lignes de la résistance politique, les femmes continuent de s'élever et de s'organiser. »

La Journée internationale des femmes trouve son origine dans les luttes menées au début des années 1910 aux États-Unis et en Europe occidentale pour l'obtention du droit de vote des femmes et contre la discrimination fondée sur le sexe en matière d'emploi.

L'Union soviétique a institué le 8 mars comme date de la Journée internationale de la femme travailleuse en 1922 pour honorer le rôle des femmes dans la révolution russe de 1917. Cette date a ensuite été adoptée par le mouvement socialiste et les pays communistes. Dans les années 1970, elle est devenue un jour férié mondial, et souvent dissociée de ses racines socialistes et communistes.

Maki, une organisatrice basée à Vancouver avec Gabriela B.C., a parlé de l'importance de centrer les femmes travailleuses dans les célébrations de la journée. « Ce que nous appelons aujourd'hui la Journée internationale de la femme provient de la lutte historique des travailleuses et des femmes syndiquées contre l'exploitation capitaliste et l'agression impérialiste. »

« Nous ne sommes pas là pour toutes les femmes, au sens où les femmes PDG exploitent activement d'autres femmes et exploitent activement le Sud. Ce sont les femmes qui travaillent que nous célébrons », a-t-elle déclaré à L'Étoile du Nord.

Annie-Christine Tardif, enseignante à l'école primaire et vice-présidente du syndicat FAE, a parlé des problèmes rencontrés par les travailleuses dans les emplois « traditionnellement féminins »:

« En enseignement, comme on prend soin des jeunes, c'est comme si les gens prennent pour acquis que vu qu'on est des femmes, on va prendre soin et on va donner, qu'on n'a pas besoin d'une reconnaissance ou un salaire ou des conditions de travail. On a toujours ça en arrière de la tête qu'il faut se battre quand on se bat pour des meilleures conditions de travail. »

Tara Alami, écrivaine palestinienne et organisatrice avec le Collectif féministe palestinien, a insisté sur le lien entre les luttes des femmes et les questions de lutte des classes et de mouvements de libération nationale:

« Il est important de comprendre notre lutte comme un écosystème. Isoler ou aliéner un secteur de notre société, comme les femmes, ne sert qu'à mal comprendre ou mal communiquer la nature de notre lutte, qui est de nature communautaire et collective dans tous les secteurs, qu'il s'agisse des paysans, des travailleurs, des femmes, et cetera. »

Reileen Dulay, défenseur des droits de la personne originaire des Philippines, abonde dans le même sens: « Les luttes des femmes sont profondément liées à des luttes plus larges pour des salaires équitables, les droits fonciers, la justice pour les peuples indigènes et la résistance à l'impérialisme et au fascisme. »

Compte tenu des récents changements apportés par le gouvernement fédéral à la politique d'immigration et de l'augmentation de la rhétorique anti-immigrée de la part des politiciens, les questions relatives aux migrants sont au premier plan des préoccupations de nombreux activistes cette année.

Diane, vice-présidente de Migrante B.C., a souligné la précarité des travailleuses migrantes. « En général, les femmes migrantes sont plus susceptibles de se trouver dans une situation plus précaire ici au Canada », a-t-elle déclaré.

« Les femmes migrantes sont moins bien payées que les femmes nées au Canada. Même si vous êtes une migrante de longue date, vous êtes toujours quatre ou cinq pour cent moins bien payée que les femmes nées au Canada. Pour les nouvelles arrivantes, le salaire est inférieur de 20% à celui de leurs homologues nées au Canada. »

S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée par Femmes d'origines diverses à Montréal, Reileen Dulay a détaillé les conditions auxquelles les migrantes philippines sont confrontées au Québec:

« Au Québec, par exemple, les Philippins constituent la troisième population de travailleurs temporaires après le Guatemala et le Mexique. Ainsi, du premier au troisième trimestre 2024, notre pays a déjà exporté 2,05 millions de travailleurs philippins d'outre-mer, et 50,52% sont des femmes. »

Elle poursuit: « Ce n'est pas une surprise non plus que les pays de destination de la plupart de ces travailleuses étrangères d'outre-mer soient ceux qui ne sont pas signataires de la Convention internationale sur la protection des travailleurs migrants, et que ces pays n'aient pas non plus de bonnes politiques en faveur des femmes. Cela conduit les femmes migrantes à accepter des emplois plutôt précaires à l'étranger avec peu ou pas de protection de la part du gouvernement ».

Mme Dulay a terminé son intervention en citant la poétesse et révolutionnaire philippine Lorena Barros. « Nous apportons toujours [ses paroles] avec nousː “La place d'une femme est dans la lutte” ».

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