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Travailleurs, activistes et membres des communautés touchées par l'exploitation minière canadienne dans le monde entier ont bloqué l'entrée du Palais des Congrès du Toronto métropolitain le jour de l'ouverture de la conférence annuelle de Prospectors & Developers Association of Canada (PDAC).
Le dimanche de l'ouverture de l'événement, alors que les acteurs de l'industrie minière se réunissaient à l'intérieur, des centaines de manifestants, dont beaucoup viennent de communautés directement touchées par les conséquences environnementales et sociales de l'industrie, se sont rassemblés sur la rue Adelaide. Ils brandissaient de grandes banderoles sur lesquelles on pouvait lire « L'exploitation minière canadienne tue, détruit, colonise » et « Pas d'armée sur les terres autochtones volées - les armées hors de l'industrie extractive ». Des représentants de la Première Nation Wet'suwet'en, du Palestinian Youth Movement et de Sudan Solidarity Collective, entre autres, ont animé des chants et des discours mettant en cause l'industrie minière canadienne pour ses actes de violence, de destruction de l'environnement et de colonisation.
La manifestation était organisée par le Mining Injustice Solidarity Collective (MISC), un réseau d'activistes de base qui travaille en solidarité avec les communautés touchées par l'exploitation minière au Canada. Les manifestants, dont certains avaient parcouru des milliers de kilomètres, étaient là pour condamner les projets miniers canadiens et la destruction qu'ils entraînent dans le monde entier. La foule a marché de la Bourse de Toronto à Front Street, bloquant finalement l'entrée nord du Palais des Congrès du Toronto métropolitain pendant une trentaine de minutes. Les manifestants ont condamné les compagnies minières canadiennes rassemblées à l'intérieur du bâtiment pour avoir profité de situations de guerre et de conflit pour s'emparer de terres et de ressources.
« La convention annuelle primée de PDAC à Toronto, au Canada, rassemble 27 000 participants de plus de 135 pays pour son programme éducatif, ses événements de réseautage, ses opportunités d'affaires et ses divertissements », vante le site web de la convention de PDAC. La plus grande convention minière du monde a rassemblé des dizaines de milliers de représentants de l'industrie minière mondiale au Palais des Congrès du Toronto métropolitain du 2 au 5 mars de cette année, comme chaque année depuis 1932, accueillant plus de 1 000 exposants représentant des sociétés promouvant l'exploration minière dans le monde entier.
« L'industrie minière est étroitement liée à l'industrie de guerre », a expliqué Mariam, une organisatrice de MISC. « Une grande partie des minéraux figurant sur la liste [des minéraux critiques canadiens] sont désignés comme critiques en raison de leurs applications militaires, ce qui signifie qu'ils sont utilisés dans les armes de guerre. Chaque avion de chasse F35 qui a largué des bombes sur Gaza contient 900 livres d'éléments de minerai rares ».

L'immense violence perpétrée par l'industrie minière canadienne se produit également aux sites d'extraction. L'industrie est à l'origine d'une « énorme destruction de l'environnement », déclare Mariam. « Les défenseurs des terres et les membres des communautés touchées qui tentent de résister à ces mines se retrouvent souvent face au canon d'une arme, soit avec les forces de sécurité de l'État qui protègent les investissements des sociétés minières, soit avec des forces de sécurité privées. »
Les sociétés minières canadiennes, qui représentent plus de 75% des entreprises minières dans le monde et exploitent environ quatre mille projets miniers à l'étranger, sont souvent le théâtre de destructions environnementales, de violations des droits du travail, de corruption d'entreprise et d'atteintes aux droits de l'homme. Des Philippines au Guatemala en passant par le Brésil, les sociétés minières canadiennes ont été associées à la contamination des terres agricoles et de l'eau potable, aux enlèvements, aux arrestations arbitraires et à la remise en cause de l'autodétermination des populations autochtones.
La création du Bureau de l’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (l'OCRE) en avril 2019 devait permettre de traiter et d'enquêter sur ces graves violations des droits fondamentaux. Cependant, l'élaboration de l'OCRE a été fortement influencée par le lobbying des associations de l'industrie minière, dont PDAC. Le résultat de ce lobbying est que l'ombudsman ne peut pas contraindre les entreprises minières à fournir des informations de manière involontaire. La création par le Canada de l'OCRE et d'autres politiques en réponse aux critiques croissantes ont été dénoncées à de nombreuses reprises pour leur insuffisance dans la prévention des violations des droits de l'homme et des droits du travail dans les projets miniers à l'étranger.
Alors que des représentants du Soudan, du Congo, de la Palestine, de la Norvège et de nombreux autres pays étaient présents, les violations des droits de l'homme et des droits écologiques au Canada étaient au cœur de la manifestation. De nombreuses entreprises qui soutiennent le projet de gazoduc Coastal GasLink en Colombie-Britannique ont participé à la convention. Les manifestants ont chanté en solidarité avec les chefs Wet'suwet'en qui s'opposent aux gazoducs qui traversent leur territoire traditionnel dans le nord de la Colombie-Britannique. Les participants ont condamné le fait que l'industrie sape les lois et la gouvernance autochtones et ont affirmé le droit des peuples autochtones et des travailleurs à dire non aux projets miniers.
Le MISC promeut plusieurs campagnes et appels à l'action en solidarité avec les communautés victimes de l'exploitation minière et du militarisme au Canada, notamment des fonds de défense pour Wet'suwet'en et des fonds de défense et de prévention de la violence sexiste en République démocratique du Congo.
« C'est vraiment la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui », dit Mariam, « pour mettre en évidence le cycle de violence dans lequel l'industrie minière est impliquée et pour amplifier les appels et défendre les communautés qui sont sur la ligne de front de cette bataille ».
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