Les bureaucrates du ministère du Travail à Montréal n’ont pas pu dîner en paix hier. Une centaine de manifestants de plusieurs syndicats ont occupé l’édifice pendant environ 40 minutes pour dénoncer le projet de loi 89, qui limiterait fortement le droit de grève, pourtant protégé par la Charte canadienne des droits et libertés.
Vers 12h15, une centaine de manifestants est arrivée au 500, boulevard René-Lévesque. Une trentaine est montée aux bureaux du ministre du Travail, Jean Boulet, tandis que les autres occupaient le hall d’entrée.
La police a vite expulsé ceux du 7e étage, mais il a fallu plus de 20 minutes supplémentaires pour obtenir l’avis d’éviction nécessaire pour forcer les syndicalistes à partir sous menace d’arrestation.
Lors des discours, un des organisateurs de la CSN sur place lance que le ministre Boulet « aime beaucoup passer du temps dans les Chambres de commerce. Même le 1er mai [la journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs], il est à la Chambre de commerce. »
« C'est un ami du patronat! » conclut-il.

Un projet de loi patronal
Les syndicats critiquent vivement le projet de loi 89, conçu avec les employeurs et sans tenir compte des demandes des travailleurs. Le projet de loi ironiquement nommé « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out » semble plutôt répondre aux besoins des entreprises et de l'oligarchie.
Ce texte permettrait au ministre d’imposer le maintien de services dans toute grève jugée ayant trop d'impact sur la population, sans préciser ce que cela signifie. Il pourrait aussi forcer la fin de toute grève causant un « préjudice », encore une fois sans définition claire.
Or, c’est justement l’impact économique et social des grèves qui donne du poids aux travailleurs dans les négociations. Les entreprises bénéficient déjà du soutien de l’État et contrôlent les moyens de subsistance des travailleurs, ce qui les avantage.
Le projet de loi 89 est soutenu par toutes les associations patronales, y compris des employeurs ayant déjà déclenché des lock-out. À l’inverse, tous les syndicats s’y opposent.
Pour jeter de l'huile sur le feu, l’annonce survient après une année marquée par trois grèves majeures brisées par le gouvernement fédéral et la fermeture des entrepôts d’Amazon au Québec en réponse à la syndicalisation de l’un d’eux.
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