L'Étoile du Nord

Fermeture des entrepôts d’Amazon

La campagne de boycottage s’adresse au gouvernement du Québec

Abonnez-vous à notre infolettre:

Cet après-midi, des centaines de personnes ont manifesté dans le centre-ville de Montréal pour dénoncer les pratiques anti-travailleurs et antisyndicales d'Amazon au Québec. Les participants ont exprimé leur soutien aux 4 500 travailleurs licenciés d'Amazon et ont critiqué l'inaction du gouvernement québécois face aux fermetures d'entrepôts de la multinationale.

Amazon a annoncé la fermeture de tous ses entrepôts au Québec à la fin du mois de janvier. L'annonce a été faite lors des négociations avec le STTAL–CSN, le premier syndicat des travailleurs d'Amazon au Canada. Depuis, le gouvernement de la CAQ de François Legault n'a guère réagi aux pratiques syndicales éhontées de la part de la multinationale américaine.

En tête de la manifestation, Jean-Baptiste Uguelin, membre du STTAL, a accompagné d'autres membres de son syndicat. Le STTAL a co-organisé la manifestation avec le mouvement « Ici on boycotte Amazon » et l'organisation de travailleurs Alliance Ouvrière.

« Amazon n'a aucun respect pour nos lois, que ce soit les lois qui organisent les travailleurs, que ce soit les lois qui lient les travailleurs avec les employeurs. C'est du non-respect total », a déclaré M. Uguelin à L'Étoile du Nord. 

« C'est la raison pour laquelle aujourd'hui, on lance nos actions à l'endroit du gouvernement du Québec pour qu'il se positionne, pour que nous puissions savoir s'ils sont du côté des employeurs ou du côté des travailleurs. »

Le 24 février, la CAQ a annoncé que tous les organismes publics du Québec devraient soumettre une demande au Conseil du trésor pour autoriser tout achat auprès d'Amazon. Le gouvernement a encouragé les fonctionnaires à acheter localement et à éviter Amazon. M. Uguelin estime que cela n'est pas suffisant. 

« On n'est pas encore satisfait. Rien n'est encore clair. On veut qu'ils prennent des positions claires et nettes au niveau du gouvernement pour que toute la population puisse voir clairement que le gouvernement veut cesser de fonctionner avec Amazon », a-t-il déclaré.

« C'est à ce moment-là qu'on va commencer à comprendre qu'effectivement, le gouvernement a compris que l'entreprise a haussé le ton contre le gouvernement, contre la société du Québec et ils doivent les ramener à l'ordre. »

Le mot d'ordre de la journée était « Amazon attaque le Québec: Legault, fais ta Job ». Marina Rosa, secrétaire de la section montréalaise d'Alliance Ouvrière, a expliqué à L'Étoile du Nord pourquoi le mouvement cible le gouvernement Legault:

« C'est le gouvernement provincial qui est en mesure de mettre en place, par exemple, la formation continue pour les travailleurs, de garantir un an de salaire, d'amener l'Amazon à la justice, de demander ce qu'Amazon a retiré au Québec. »

Mme Rosa a exprimé son point de vue sur les raisons de l'inaction du gouvernement provincial face à ces fermetures: 

« Dans le gouvernement, il y a des intérêts personnels qui demeurent en faveur de garder les services d'Amazon pour l'instant, mais leur job, c'est de faire valoir la voix du peuple avant tout. Ce n'est pas ce qui se passe dans la réalité. »

Alors que les attaques contre la classe ouvrière au Québec et au Canada se multiplient, Mme Rosa estime que le moment est venu pour les travailleurs de se défendre:

« Le STTP, les cols bleus, même les débardeurs—il y a plusieurs attaques du grand patronat dans différents secteurs de l'économie québécoise, et les personnes qui vont en souffrir le plus de ces attaques-là, c'est tout le monde », a-t-elle déclaré.

« Donc, c'est le moment parfait d'unir nos luttes, de répondre à mesure de nos forces, de notre unité. C'est l'unité qui va faire en sorte qu'on va être en mesure de répondre de façon significative à cette attaque contre le peuple. »

Louisa Worrell, co-porte-parole de la campagne « Ici, on Boycotte Amazon », reconnaît que les intérêts personnels des politiciens les empêchent de défendre les intérêts de la population:

« Les politiciens ne sont pas issus du peuple, en général. Ils appartiennent à la classe dirigeante. Ils sont issus des riches, pas des pauvres. Leurs politiques favorisent continuellement et systématiquement les riches ».

Mme Worrell note que les chefs d'entreprise canadiens et américains bénéficient tous deux d'un gouvernement québécois qui collabore avec les grandes entreprises au détriment des travailleurs:

« C'est pourquoi il y a tant de collaboration entre la bourgeoisie du Canada et la bourgeoisie des États-Unis, les patrons d'entreprises du Canada et les patrons d'entreprises des États-Unis. Ils sont mutuellement heureux d'exploiter le peuple québécois. Voilà la vérité sur ce que représente notre gouvernement et pourquoi il déroule le tapis rouge à des entreprises comme Amazon. »

Mme Worrell a décrit la manière dont le gouvernement provincial a soutenu le développement de l'infrastructure québécoise d'Amazon:

« Le gouvernement québécois a donné beaucoup d'argent, a accordé des tarifs d'électricité réduits à Amazon, a dézoné et cédé des terres arables pour des entrepôts que nous pourrions utiliser pour faire pousser des cultures, et a généralement fourni toutes sortes de subventions pour qu'ils s'enracinent ici, au Québec. »

Mme Worrell estime qu'une entreprise dont le dossier en matière de normes du travail est si peu reluisant ne mérite pas un tel soutien:

« Le gouvernement provincial a accordé un traitement spécial à Amazon et l'a traité comme un employeur extraordinaire, en ignorant la réputation qu'Amazon avait déjà de briseur de syndicats, la réputation de traiter les travailleurs comme des objets jetables, avec un taux de rotation élevé et un taux d'accident élevé. »

La campagne contre Amazon organisera une assemblée le 15 mars à la Maison Théâtre à Montréal, le jour de la dernière fermeture d'entrepôt dans la province.

« Nous constatons que le gouvernement recule », déclare Mme Worrell. « Ils nous ont donné un pouce, alors prenons un mille. Nous devons passer outre et continuer à faire pression pour que cela fonctionne. »

Soutenez le journalisme à contre-courant ← Pour aider l'Étoile du Nord à continuer à produire des articles du point de vue de la majorité et dans l'intérêt de la majorité, faites un don! Chaque contribution est précieuse.