L'Étoile du Nord

Démoviction à Guelph

La ville donne raison aux propriétaires qui jettent des familles à la rue

Abonnez-vous à notre infolettre:

La ville de Guelph a récemment approuvé une série de rénovations d'appartements au 493 Victoria Road, dans le nord de la ville. L'ombre de l'expulsion plane sur les familles depuis que les propriétaires de Daniko Management ont proposé de repartitionner l'immeuble pour augmenter le nombre de logements. 

L'immeuble, datant de 45 ans, est à loyer contrôlé. Les familles qui résident dans ses unités y vivent depuis des décennies. Les expulser, vider l'immeuble et ajouter de nouveaux logements plus petits est simplement le moyen le plus rapide pour le propriétaire de tirer profit de l'inflation des loyers et de contourner les politiques de contrôle des loyers.

« Ils nous mettent tous dehors et font des appartements plus petits pour gagner plus d'argent », déclare Morgan*, une résidente qui a parlé à L'Étoile du Nord à l'extérieur de son appartement. « Nous sommes tous ici depuis longtemps, alors nous ne payons pas le loyer du marché. Ils veulent nous faire sortir pour gagner plus d'argent ».

Morgan, qui était boulangère de bénéficier du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (POSPH), vit avec son mari qui travaille à temps plein et ses deux enfants, tous deux autistes. Sa famille a emménagé dans l'immeuble il y a treize ans.

Étant donné la crise actuelle du logement causée par l'accumulation massive de maisons par les géants de la finance et un gouvernement uni pour garantir que les maisons en Ontario restent des investissements lucratifs pour les riches, de nombreuses familles de locataires comme celle de Morgan auront du mal à trouver un nouveau logement.

Le nord de Guelph abrite une communauté ouvrière établie avec des usines et des ateliers employant des travailleurs dans toute la région.

« C'est dur. On va avoir de la misère à trouver une place dans ce quartier ». Dawson vit au 493 depuis dix ans et travaille dans une usine voisine.

Les locataires du 493 ne sont pas convaincus par les justifications des propriétaires pour la démolition. « Ils disent: 'Oh, c'est pour le bien commun.' Eh bien, vous déplacez 16 familles juste pour facturer des loyers que personne peut se permettre de toute façon », explique Morgan. « Ils disent que c'est pour aider à résoudre la crise du logement, mais ils vont pas résoudre la crise par créer des logements plus petits pour. »

En plus de jeter des familles à la rue, les propriétaires vont aussi fracturer la communauté de Guelph. « On est tous ici depuis très longtemps. »

Dawson a déploré que la crise du logement pousse de nombreuses personnes à travers le pays à se retrouver sans abri. « Ils se demandent pourquoi il y a tant de sans-abri. C'est exactement pourquoi. C'est pourquoi les familles sont desfois ruinées. On va aller où? »

L'an dernier, la Ville de Guelph a joué un rôle dans les expulsions massives des appartements Stationview situés au 90, rue Carden. Lorsqu'un campement a été érigé sur la place Saint-Georges et devant l'hôtel de ville, la ville a procédé à une répression pour chasser la population sans-abri de Guelph du centre-ville.

« Je trouve que lorsque je suis au travail, je suis moins stressé parce que j'y pense pas », explique Dawson, « mais dès que je rentre à la maison, je m'assois là, et je regarde ces enfants et je me demande: 'Où vais-je? Qu'est-ce que je vais faire?'. C'est difficile. »

* L'Étoile du Nord a publié les déclarations de Morgan sous un pseudonyme à sa demande.

Soutenez le journalisme à contre-courant ← Pour aider l'Étoile du Nord à continuer à produire des articles du point de vue de la majorité et dans l'intérêt de la majorité, faites un don! Chaque contribution est précieuse.