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Une invasion dévastatrice d'Israël—avec l'aide de l'Autorité palestinienne (AP)—a déplacé plus de 40 000 Palestiniens de Cisjordanie, les privant de leurs maisons et de leurs moyens de subsistance. L'invasion a été lancée dès le début du cessez-le-feu à Gaza. Le gouvernement canadien et les entreprises canadiennes sont profondément impliqués dans la campagne de nettoyage ethnique intitulée « Opération mur de fer ».
Le soutien du Canada à Israël sous la forme de fabrication d'armes, d'investissements de la part des fonds de retraite, de grandes banques et d'universités a été largement exposé au cours des dernières années. Ce qui est moins connu est le rôle du Canada dans la colonisation en cours en Cisjordanie, à travers son soutien aux forces de sécurité palestiniennes. Ces forces sont considérées par de nombreux Palestiniens comme des mandataires ou des sous-traitants d'Israël et de ses alliés en Cisjordanie.
Opération « Mur de fer »
L'invasion conjointe de l'AP et de l'armée israélienne s'est concentrée sur les centres de résistance dans les camps de réfugiés et les villes de Jénine, Tulkarem, Naplouse et Tubas.
Marquée par le retour choquant des chars de l'armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie pour la première fois depuis la bataille de Jénine en 2002, l'invasion présente les caractéristiques d'une campagne de nettoyage ethnique. Elle s'est traduite par l'annexion de terres pour l'implantation de nouvelles colonies illégales et par une escalade des pogroms contre les Palestiniens, perpétrés par des foules de colons armés et protégés par l'armée. L'armée israélienne a apparemment détruit plus de 120 maisons et tué plus de 27 personnes au cours du siège du camp de réfugiés de Jénine, qui dure depuis plus de 30 jours, dont une femme enceinte et un enfant de deux ans.
Seize enfants palestiniens ont été tués depuis le début de la campagne, dont la moitié lors de frappes aériennes menées par l'armée de l'air israélienne, qui dépend des pièces détachées et de la maintenance fournies par des fabricants d'armes canadiens tels que Gastops, Asco Aerospace, Magellan et Héroux-Devtek.
Plusieurs des plus grands fonds de pension du Canada ont investi des milliards dans les entreprises d'armement qui produisent les armes utilisées par l'armée israélienne lors de cette invasion. Il s'agit notamment du Régime de pensions du Canada (RPC) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Les universités d'élite du Canada ont investi des millions dans un grand nombre de ces mêmes fabricants d'armes et dans des entreprises opérant illégalement sur le territoire palestinien occupé.

L'opération PROTEUS
Le gouvernement canadien est l'un des rares à armer et à former les services de police et de renseignement de l'Autorité palestinienne dans le cadre du programme de coordination de la sécurité des États-Unis (USSC) en Israël et les territoires palestiniens. Dirigée par le général de corps d'armée Frédéric Pruneau, l'opération PROTEUS compte 30 Canadiens affectés à la Task Force Jérusalem.
Il s'agit principalement de membres des forces armées, mais aussi d'un fonctionnaire civil, d'officiers de la GRC et de deux membres de la police régionale de Peel. Ils sont chargés de « professionnaliser » les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne afin de réprimer plus efficacement la résistance en Cisjordanie.
L'opération militaire canadienne, qui existe depuis 20 ans, aurait joué le rôle d'« intermédiaire », favorisant les liens entre Israël et les élites de l'Autorité palestinienne et jouant le rôle de médiateur en cas de conflit. Sous couvert de promouvoir la « paix » et la « stabilité » en Cisjordanie, le programme USSC se consacre principalement à la protection d'Israël et veille à ce que les PASF gardent leurs armes pointées sur leur propre peuple.
La popularité décroissante de l'Autorité palestinienne
Dirigée depuis 2005 par une clique de bureaucrates autour du président Mahmoud Abbas, l'Autorité palestinienne est de plus en plus impopulaire. La violente répression lors du génocide de Gaza en particulier, qui a vu plus de 10 000 arrestations en Cisjordanie et près de 1 000 Palestiniens tués, a miné l'Autorité palestinienne et a uni les factions de la résistance populaire pour empêcher l'annexion de leurs terres.
Le mois dernier, le chef du Comité des affaires des prisonniers palestiniens a critiqué l'Autorité palestinienne pour avoir réduit les paiements de soutien social aux familles des détenus et des personnes tuées par Israël, et il a été rapidement renvoyé. Abbas a résumé sa politique de coopération avec Israël en déclarant en 2014 que « la coordination de la sécurité est sacrée et se poursuivra, que nous soyons d'accord ou non sur la politique ».
Un exemple récent de cette politique de « coordination de la sécurité » peut être vu dans le siège de 43 jours de l'AP sur le camp de réfugiés de Jénine. Du 5 décembre 2024 au 17 janvier 2025, le PASF a tué huit civils, dont la journaliste Shatha Al-Sabbagh, au cours d'une répression brutale des Brigades de Jénine. Cela a déclenché l'épisode de violence interpalestinienne le plus intense depuis 2007.
Certaines des tactiques répressives utilisées par le PASF pour faire taire les dissidents en Cisjordanie reflètent celles utilisées pour réprimer les activistes au Canada qui luttent contre le nettoyage ethnique des Palestiniens.
La diabolisation des manifestations étudiantes, le licenciement d'académiques pour avoir soutenu la résistance palestinienne, les attaques contre les organisations de solidarité avec les prisonniers et l'arrestation récente d'un journaliste indépendant à Montréal pour des messages sur les médias sociaux ne sont que quelques-uns des nombreux exemples d'attaques récentes contre la liberté d'expression et de protestation pour protéger Israël et les investissements de l'oligarchie canadienne.