L'Étoile du Nord

Agrandissement d’un dépotoir de déchets toxiques

Blainville livré à Stablex par la CAQ, des citoyens se mobilisent chaque matin​​​​​​

Des camions chargés de déchets dangereux pourraient bientôt affluer en plus grand nombre vers Blainville. La compagnie Stablex veut agrandir son site d’enfouissement pour y enfouir encore plus de matières toxiques, sur un terrain jusque-là protégé, situé à côté d’un quartier résidentiel. De son côté, le gouvernement Legault semble déterminé à lui ouvrir la voie, mais une coalition de citoyens pourraient leur mettre des batons dans les roues.

Allant à l’encontre des élus municipaux, qui refusent de vendre le terrain convoité par Stablex, le gouvernement de la CAQ a choisi d’imposer une loi spéciale sous bâillon, le 28 mars. Cette manœuvre autoritaire permettra à l’entreprise de s’installer en plein cœur de la Grande tourbière de Blainville. 

L’Étoile du Nord s’est entretenue avec Marie-Claude Archambault, porte parole de la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex. Ces militants occupe l’entrée principal de l'entreprise tout les jours depuis le début du mois, suite a une manifestation ayant réuni environ 1000 citoyens, travailleurs et militants.

« C’est antidémocratique, complètement dictatorial. Quand on est rendu qu'on se plie les genoux pour une entreprise américaine multimilliardaire, sous baillon en plus... Est-ce qu'on doit vraiment utiliser nos instances politiques pour ça? » lance Archambault, visiblement outrée.

Puisque l'État refusait d'aider, cette coalition citoyenne a dû faire elle-même l'analyse des terres aux alentours de Stablex, grâce a un effort collectif:

« On a fait une campagne d'échantillonnage citoyen, […] on a pris 10 points autour de Stablex. On a suivi un cours par un spécialiste scientifique, Daniel Green. On était une trentaine de citoyens, on a tous fait les prélèvements alentour, puis on les a fait analyser dans un laboratoire accrédité par le ministère de l'environnement. »

Le résultat sur les 10 points analysé: 320 fois le niveau sécuritaire de Cadmium, un élément cancérigène; 5 à 7 fois le niveau sécuritaire d’arsenic; et 13 fois pour le plomb.

Irrigation à l'aide d'une pompe à eau souterraine dans une ferme

« Ça peut être retrouvé soit dans les sédiments de surface, ou bien c'est dans l'eau directement. » C'est lors de ces découvertes qu'elle dit avoir atteint « un niveau supplémentaire d'inquiétude. »

Selon Mme Archambault, les usines de traitements d’eau des municipalité au Québec ne sont pas capables de capter les métaux lourds. C'est ce qu'aurait affirmé le directeur du Conseil des bassins versants des Milles-Iles durant la commission parlementaire qui a eu lieu avant l’adoption de la loi spéciale. Les habitants de Blainville pourraient donc boire de l’eau potentiellement dangereuse depuis longtemps, sans le savoir.

« On est là-dessus, on s'organise. Maintenant on a des ressources, il y a des gens qui viennent à nous pour nous aider. Là, [l’analyse de l’eau,] c’est la prochaine chose qu'on va faire. Donc l'eau potable, l’eau du robinet, des puits d'eau aussi, parce que les citoyens ici ne sont pas tous reliés aux aqueducs. Il y en a qui ont des puits, il y a beaucoup de fermiers. »

La citoyenne de Blainville dénonce également l'augmentation des norme de pollution dans l'air dans la nouvelle loi. Elle affirme que le gouvernement ne précise toutefois pas à quel niveau. « C'est comme pour la Fonderie Horne. Nous on est Horne 2.0 »

Comme si ce projet de la CAQ et de Stablex n'était pas assez dévastateur, Marie-Claude a également mentionné à l'Étoile du Nord qu’environ la moitié des déchets accumulés a Blainville ne viendront ni du Québec, ni du Canada:

« Ça vient des États-Unis, à 50 %. Il faut savoir qu'aux États-Unis, ils sont très, très stricts sur la gestion des déchets des matières toxiques et dangereuses. L'entreprise, elle est portée responsable à vie de ses déchets et de ce que ça crée dans l'environnement. Donc, c'est facile pour eux:  ils viennent ici nous le dropper et puis ils s'en lavent complètement les mains. Et là, c'est la responsabilité de notre gouvernement ici. »

« Donc là, on est ici tous les matins pour faire de la pression, de l'embêtement et du dérangement à Stablex.  On est là pour leur montrer qu'on les regarde, qu'on les a à l'oeil maintenant. Donc, ils passeront plus inaperçu comme les 40 dernières années. »

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