Plus d'une cinquantaine de personnes ont manifesté à Trois-Rivières pour dénoncer l’inaction de la CAQ face au licenciement des 4 700 travailleurs d’Amazon au Québec. Des militants de la campagne Ici on boycotte Amazon, d'Alliance Ouvrière et du Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Amazon Laval (STTAL) se sont rassemblés devant la maison du ministre du Travail. Ils se sont est ensuite déplacé vers un entrepôt d’Intelcom, la compagnie qui effectue les livraisons d’Amazon, pour finir devant les bureaux de Jean Boulet au centre-ville de Trois-Rivières.
En marge de la manifestation, Félix Trudeau, le président du STTAL, a déclaré en entrevue avec l’Étoile du Nord, « Aujourd'hui, on lance la semaine d'action contre Amazon, contre les attaques de la CAQ contre la classe ouvrière. »
Parmi ces attaques, on peut compter le projet de loi 89 proposé par Boulet qui s’en prend directement au droit de grève des travailleurs. On peut aussi ajouter à cette liste le projet de loi 94 du ministre Drainville qui limite l'autonomie des enseignants.
Les organisateurs de la manifestation déplorent que la CAQ légifère contre les travailleurs, mais reste muette face aux entreprises qui bafouent les lois comme le Code du travail.
« Le gouvernement est en train de privatiser plein de services sociaux. Il est en train de couper dans plein de services, dans plein d'emplois dans le secteur public. C'est vraiment un gouvernement au service du patronat, au service des grands capitalistes », explique M. Trudeau.
Il ajoute, « On nous dit qu'on a le droit de se syndiquer, que les travailleurs et les travailleuses au Québec ont le droit de négocier leurs conventions collectives, ont le droit d'améliorer leurs conditions. Mais ce qu'on voit, c'est que non. Si la multinationale américaine décide qu'on n'a pas le droit d'améliorer nos conditions, qu'est-ce qui se passe? Ils ferment, et le gouvernement ne fait rien. Il attend que les plaintes qui vont durer des années suivent leurs cours. »
En fait, ce qu'on semble remarquer, c'est plutôt une complicité du gouvernement du Québec. Le ministre du Travail donne une exemption à Amazon pour le comité de reclassement qui devait permettre aux licenciés de se trouver un nouvel emploi.

Au niveau fédéral, la proximité du gouvernement libéral avec le sous-traitant d'Amazon, Intelcom, a été dénoncée à plusieurs reprises lors de la manifestation. Jean-Sébastien Joly, le frère de la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly, est le PDG de l’entreprise de livraison de colis.
Lorsqu’interceptée par nos journalistes pour savoir si elle a joué un rôle dans l’acquisition des contrats de sous-traitance d’Amazon par la compagnie de son frère, la ministre a refusé de répondre à nos questions.
Aucun des partis dans la course à l’élection fédérale ne s’est prononcé pour prendre la défense des licenciés d’Amazon, souligne Louisa Worrell, co-porte-parole de la campagne Ici, on boycott Amazon.
« On est ici pour dénoncer pas juste l'inaction du gouvernement caquiste, l'inaction de tous les partis fédéraux. C'est la veille de l'élection et on est vraiment ici pour mettre la lumière sur toute l'injustice que le mouvement ouvrier est en train de vivre.»
« Le fait qu'Amazon décide de partir et de sous-traiter avec Intelcom, c'est juste vraiment symbolique de l'alliance entre la bourgeoisie canadienne et la bourgeoisie américaine. Est-ce que les travailleurs d'Intelcom ou d'Amazon, ressentent vraiment une différence dans leur pouvoir sur leurs conditions de travail? Non. »
Les différents groupes ont fini la manifestation avec un appel à participer à la semaine d’actions et de perturbations d’Alliance Ouvrière qui se déroulera du 27 avril au 3 mai et à se joindre à eux lors de la marche du 1er mai à Montréal.