Le 28 avril, un groupe de travailleurs et d'activistes a occupé le hall d'entrée du siège d'Hydro-Québec à Montréal pour dénoncer le maintien du soutien et des subventions du gouvernement provincial à Amazon. L'action a été organisée par l'Alliance Ouvrière et la campagne « Ici on Boycott Amazon » dans le cadre de leur semaine de perturbations économiques.
L'Étoile du Nord s'est entretenue avec André-Philippe Doré, co-porte-parole de la campagne Ici on Boycotte Amazon, sur les raisons de cette action :
« On estime que ces 170 millions de dollars en rabais qui ont été donnés à Amazon pour leurs serveurs, pour leurs gros entrepôts de données. L'installation de l'électricité pour leur centre de données à Varrènes a été gratuite. Ce qu'on critique, c'est que Hydro-Québec fait des cadeaux à Amazon. Que fait Amazon en retour? Ils nous enlèvent 4700 emplois au Québec. »
Des fonds publics pour Amazon
Depuis qu'Amazon a commencé à négocier avec le gouvernement du Québec en 2018, la liste des avantages et des bénéfices offerts à la multinationale américaine est longue : un congé fiscal de 15 ans, le rezonage de terres agricoles, des tarifs d'électricité réduits et des subventions forfaitaires. La CAQ a mis le paquet pour Amazon. Le résultat devait être des milliers d'emplois pour les travailleurs québécois, un accord désastreux compte tenu de la décision de l'entreprise de quitter la province en réponse à la première syndicalisation d'un entrepôt d'Amazon au Canada.
Félix Trudeau, président du syndicat d'Amazon à Laval, s'est entretenu avec l'Étoile du Nord pendant l'occupation :
« Malgré le licenciement massif de 4 700 personnes au Québec par Amazon, la compagnie et sa filière Amazon Web Services continuent de bénéficier de taux préférentiels pour l'électricité. [...] Je pense que ce serait très intéressant de calculer en termes d'argent ce que Hydro-Québec donne en subvention dans les faits à Amazon, mais si on comparerait ça avec ce que le gouvernement donne au travailleurs et travailleuses d'Amazon, peu importe le chiffre, ce serait hilarant parce que 0$, c'est ce que le gouvernement du Québec offre aux travailleurs et travailleuses d'Amazon. [...] Aucune aide n'est donnée pour probablement le plus gros, sinon un des plus gros licenciements collectifs anti-syndicaux de l'histoire du Québec. »

Amazon a simplement transféré ses activités d'entreposage à une main-d'œuvre sous-traitante non syndiquée plus exploitable et a poursuivi ses activités rentables d'Amazon Web Services, rendues plus lucratives par les tarifs d'électricité préférentiels offerts par Hydro-Québec et les contrats gouvernementaux, explique Trudeau :
« Bien au final, Amazon n'a pas vraiment arrêté leurs opérations au Québec, il continue d'essayer de faire de l'argent au Québec. C'est ça qui est encore plus terrible dans la situation, c'est que Amazon, ne c’est pas retiré du marché du Québec, Amazon est toujours bien au Québec avec les livraisons même, mais aussi avec AWS pour faire du cash sur le dos des travailleurs du Québec. »
Gestion d'Hydro-Québec en faveur du secteur privé
Le soutien financier continu du gouvernement de la CAQ à Amazon, après qu'elle ait déshonoré les travailleurs, la peuple, et le gouvernement lui-même, démontre son intention de se vendre aux intérêts privés aux dépens du bien public.
Ce n'est pas le seul investissement raté de ressources publiques dans des multinationales privées réalisé par le gouvernement Legault. En mars 2025, le fabricant suédois de batteries Northvolt a déclaré faillite, perdant plus de 700 millions de dollars de fonds publics et de tarifs énergétiques préférentiels pour une usine de batteries qui ne sera jamais construite.
De plus, le projet de loi 69 proposé par le gouvernement de la CAQ, auquel s'opposent farouchement les travailleurs d'Hydro-Québec, ouvrirait la porte à la vente des actifs énergétiques publics, à la privatisation de l'énergie, à l'augmentation des prix de l'électricité pour les consommateurs et à la sous-traitance des emplois publics.
Trudeau n'a pas hésité à faire le lien entre l'attitude du gouvernement à l'égard des ressources publiques et le traitement préférentiel accordé aux entreprises privées :
« On voit une tentative des multinationales et du gouvernement du Québec d'attaquer la classe ouvrière, d'attaquer nos conditions de vie, nos conditions de travail, nos droits même avec PL-89 et le droit de grève. [...] On voit cette même logique de mettre le profit avant tout le reste qui agit ici avec Hydro-Québec dans la privatisation et dans les subventions par les tarifs préférentiels Amazon. »
« Non, non, on est en toute solidarité avec les syndicats d'Hydro-Québec qui sont en négociation en ce moment. C'est sûr que c'est leur lutte tout à fait légitime et leur lutte justement contre la privatisation d'Hydro-Québec. Leur lutte contre les réformes anti-travailleurs de la CAQ, c'est aussi notre lutte. »