Le 27 avril, les travailleurs, en collaboration avec les syndicats et les organisations locales de solidarité avec les travailleurs, ont organisé un Jour de deuil distinct et indépendant de celui habituellement organisé par le gouvernement de la Colombie-Britannique. Le Jour de deuil national est une commémoration annuelle en l'honneur des travailleurs tués ou blessés au travail.
Billy Grayer, organisateur de l'assemblée des travailleurs d'East Vancouver, explique que la décision d'organiser un événement distinct découle de « l'inaction répétée du gouvernement et des entreprises pour prévenir et être proactif dans la prévention des décès de travailleurs ».
Il a parlé à L'Étoile du Nord de l'importance d'organiser cet événement indépendamment de celui organisé par la ville:
« Chaque année, le Jour de deuil est commémoré sur la place Jack Poole. Il s'agit d'un événement organisé conjointement par la Fédération du travail de la Colombie-Britannique, le Conseil des affaires de la Colombie-Britannique et WorkSafeBC. Notre point de vue est que nous ne voulons pas être aux côtés des employeurs et du gouvernement qui pleurent des larmes de crocodile alors que c'est nous qui risquons nos vies ».

Cette année, les travailleurs, les groupes de solidarité avec les travailleurs et les représentants syndicaux se sont rassemblés au parc Thornton et ont défilé le long de la rue Main jusqu'au parc CRAB en scandant: « Quand les patrons perdent, ils sont dans le rouge. Quand les travailleurs perdent, on finit par mourir » et « Tuez un travailleur, allez en prison ». Dans la foule, un cercueil a été porté.
Une étude récente a montré que le nombre de décès liés au travail a augmenté pendant trois ans en Colombie-Britannique. Pendant ce temps, les entreprises pour lesquelles ces travailleurs mettent leur santé et leur vie en péril engrangent des bénéfices records.
L'année dernière, l'International Longshore and Warehouse Union (ILWU) a constaté que les demandes de son syndicat d'appliquer les conséquences appropriées aux employeurs qui mettent les travailleurs en danger tombaient dans l'oreille d'un sourd. L'ILWU a décidé de cesser de se tenir « côte à côte » avec les employeurs et les politiciens qui sont responsables de la mort de travailleurs chaque année.
Rob Ashton, président de l'ILWU Canada, a déclaré à L'Étoile du Nord: « On ne veut pas célébrer nos morts avec [WorkSafeBC, qui] cherche simplement à faire passer les gens par le système. On voulait séparer cela et faire en sorte que le Jour de deuil redevienne ce qu'il devrait être: des travailleurs qui honorent la mémoire des travailleurs. »

Les travailleurs présents au rassemblement ont protesté contre la façon dont le gouvernement et son agence de sécurité au travail traitent les travailleurs. Ashton a expliqué cette position:
« Nous en avons assez d'être traités comme des personnes de deuxième classe, alors que ce sont les travailleurs qui fabriquent les produits que nous utilisons tous. Et je pense que tant que ça sera pas reconnu, les deux parties ne pourront plus se mélanger.
Des membres de l'ILWU, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), du SCFP 5536 et de Teamsters Rail étaient présents sur le podium et dans la foule pour pleurer leurs collègues et réclamer des changements. Billy Grayer a fait remarquer que de nombreux membres du syndicat et des sections locales les plus engagés dans l'organisation de l'action indépendante étaient ceux qui avaient été récemment forcé à reprendre le travail par le gouvernement libéral:
« Je pense qu'après cette vague de lois antisyndicales et anti-ouvrières, le ressentiment du mouvement syndical à l'égard du gouvernement s'accroît, de même que la compréhension du fait que, lorsque les jeux sont faits, le gouvernement se range d'un côté et les travailleurs de l'autre ».
Le gouvernement a utilisé la législation de retour au travail contre plusieurs grèves importantes l'année dernière, notamment celle des travailleurs de rail du CN qui se sont syndiqués avec les Teamsters en août, celle des débardeurs de Vancouver avec ILWU en septembre, et celle des débardeurs du Québec avec le SCFP en novembre. Après que Postes Canada ait bloqué les négociations pendant un mois, les postiers syndiqués au STTP ont reçu l'ordre de reprendre le travail en décembre, laissant de nombreux travailleurs frustrés.
« Alors, pourquoi s'unir le Jour de deuil, une journée qui est pour nous, les travailleurs, alors que le gouvernement se range du côté des patrons? », a demandé M. Grayer.