IKEA insulte ses employés. C’est le message qu’envoient les travailleurs d’IKEA Montréal qui étaient en grève toute la journée hier. Ils ne pensaient pas en arriver là, mais l'offre d'IKEA d'augmenter de seulement 50 cents la plus haute échelle salariale, tout en laissant les autres travailleurs sans augmentation, a franchi la ligne rouge.
C’était la troisième journée d’une banque de 10 jours de grève adoptée le 23 avril. Ce jour-là, les travailleurs du magasin de l'ouest de Montréal s'étaient réunis en assemblée générale pour recevoir l'offre patronale. C'est là qu'ils ont découvert avec horreur l'offre qui a causé beaucoup « d'incompréhension et de frustration », selon Elie Zetrenne, président du Syndicat d’IKEA Montréal–CSN.
Le salaire d’entrée resterait ainsi à 18,50$, légèrement au-dessus de la moyenne montréalaise pour un caissier, mais en dessous pour un commis d’entrepôt. Le salaire maximum, actuellement à 25,42$, passerait à 25,92$. Selon l’Institut de Recherche Socio-Économique (IRIS), une personne seule à Montréal aurait besoin de 28$/h (avant impôt) pour remplir ses besoins et pouvoir faire face aux imprévus.

« Présentement, il y a beaucoup de tensions dans le magasin », raconte Zetrenne à l'Étoile du Nord. « L'atmosphère est lourde parce qu'on voit les augmentations de loyer. On voit l'essence et l'épicerie augmenter aussi. Donc, les membres s'attendent à une augmentation qui va les aider à pallier le coût de la vie. »
« C'est frustrant », continue-t-il. « [Les travailleurs] naviguent dans la confusion. Ils n'arrivent pas à comprendre la position de l'employeur, parce qu'on sait qu'ils font de l'argent. C'est grâce à nous qu'ils font des centaines de millions! »
Il constate aussi que les travailleurs sont impatients. « Ils nous disent constamment: "est-ce que [la grève] c'est aujourd'hui? Est-ce que c'est demain?" »
Les membres ne croient plus à la négociation dans les conditions actuelles, conclut le président du syndicat. Aucune surprise: IKEA n'a pas bougé depuis la première rencontre et n'a pas réagi aux deux journées de grève du 3 et 4 mai. De plus, selon le syndicat, IKEA tente de retarder les négociations en faisant appel à un médiateur du gouvernement.

Pas juste à Montréal
Ça brasse aussi chez IKEA ailleurs dans le monde. À Perryville, aux États-Unis, un centre de distribution a été en grève de novembre 2024 à janvier 2025. Les syndiqués ont tenu le coup pendant deux mois, bloquant parfois la circulation pour mettre plus de pression.
Ces actions ont mené à deux interpellations policières et à une injonction. Le syndicat IAM a même dû poursuivre la police pour entrave au droit de manifester et au droit d’association. Mais c’est ce bras de fer tendu, malgré l'inflexibilité d'IKEA, qui a permis aux syndiqués d’arracher les hausses de salaire demandées et de protéger leur ancienneté.

Plus récemment, en Italie, trois syndicats d'IKEA se sont alliés pour déclencher des journées de grève nationale le 20 février et le 15 mars. Les opérations de plusieurs magasins ont été freinées, et des rassemblements importants ont eu lieu à Milan, Rome et Naples. Ils dénonçaient des inégalités salariales, l'absence de perspectives de développement de carrière, le travail obligatoire pendant les jours fériés, la répression des syndicats et le manque de sécurité d'emploi.
« En participant massivement à la dernière grève, [les travailleurs italiens d'IKEA] ont fait preuve d'unité, de détermination et de force. IKEA doit cesser d'ignorer ses travailleurs et revenir à la table des négociations en toute bonne foi », a déclaré par communiqué Mathias Bolton, responsable du commerce à UNI Global Union.