Après 12 jours de grève, les travailleurs du country club Arbutus ont arraché un nouveau contrat à leur employeur, obtenant une augmentation de 16% sur trois ans et une augmentation de 0,55 $/h rétroactive au 1er janvier. Avant la grève, plus de 95% du personnel était payé moins que le salaire de subsistance. Celui-ci est estimé à 27$/h à Vancouver, l'une des villes les plus chères du Canada. Le salaire de subsistance, calculé par région, représente le revenu nécessaire pour couvrir les besoins de base.
Le 29 avril, les employés du club d'élite ont déclenché une grève pour obtenir des salaires répondant à la hausse vertigineuse du coût de la vie. De plus, leur employeur refusait de négocier depuis des mois. Les plus de 200 travailleurs (serveurs, sauveteurs, cuisiniers, préposés à l'entretien et à la blanchisserie), syndiqués avec le local 3000 d'Unifor, avaient voté à 94 % pour la grève. Lors de la visite de l'Étoile du Nord sur le piquet juste avant l'accord, ils disaient se battre pour leurs familles et pour donner l’exemple.
Les membres du club paient 65 000 dollars pour devenir membres, plus 1 000 à 2 000 dollars par mois de cotisation, sans parler des autres frais liés à l'utilisation des installations. Sachant combien le club encaisse, les travailleurs demandaient des augmentations de salaire de 5% par an pour suivre l'inflation. « Bien sûr, ce qui compte le plus, c'est la valeur en dollars de nos salaires », a déclaré Vincent Choi, qui travaille dans la cuisine depuis deux ans et demi, à L'Étoile du Nord.
« Certains de mes collègues qui travaillent ici depuis plus de 10, 15, voire 20 ans et qui dépendent de deux emplois, qui gagnent à peine plus que le salaire minimum… ils ne peuvent pas subvenir aux besoins de leur famille avec ça ».

Pourtant, le club exclusif, qui compte des clients d'élite tels que le maire de Vancouver, Ken Sim, et le propriétaire des Canucks, Francesco Aquilini, refusait de négocier avec le syndicat jusqu'à la toute fin, avant d'être finalement contraint de le faire par la grève.
Un autre cuisinier manifestant devant l'établissement, qui a préféré garder l'anonymat, a expliqué comment les représentants du club bloquaient les négociations: « Lorsque [les négociateurs du club sont] de retour dans la salle de conférence, ils jouent avec leur téléphone portable, ne parlent pas au représentant syndical, ne proposent rien du tout. Ils gagnent du temps jusqu'à 11 heures [du soir] et commencent alors à leur proposer un accord très injuste. »
Les briseurs de grève ont aussi été une préoccupation majeure pour les syndicalistes. « Des membres du club nous ont dit qu'ils avaient vu des managers former d'autres personnes, et nous essayons de faire la lumière là-dessus », a déclaré Michael Windeyer, vice-président de la section locale 3000.
M. Choi a également constaté que le club formait des travailleurs à des postes protégés par le syndicat avant la grève. « On a appris qu'avant la grève, des personnes ont été formées à utiliser le lave-vaisselle », a-t-il déclaré. « Des superviseurs leur ont aussi montré comment utiliser l'équipement de blanchisserie, ce qui, là encore, est un emploi protégé ».

« C'est mon premier emploi syndiqué ici, et en voyant le soutien du syndicat, en voyant tous les services offerts par le syndicat… je comprends tout à fait », a fait remarquer M. Choi. « Ça va faire des vagues. Je suis tout à fait favorable à ce que les syndicats se battent pour améliorer les conditions de vie de tout le monde, parce que ça ne fait qu'élever les normes. »
« Quand tu regardes leurs chiffres, ça ne colle pas. Et c'est ça le but, non? Mettre en lumière le fait que les patrons profitent trop souvent de la classe ouvrière… Les gens devraient se rendre compte qu'ils ne devraient pas faire d'heures supplémentaires sans être payés. Je ne devrais pas travailler pour un salaire dérisoire qui ne me permet même pas de subvenir aux besoins de ma famille. Ce n'est pas viable. Cette situation est en grande partie liée à la crise du coût de la vie à laquelle tout le monde est confronté en ce moment. Il faut partir du principe que si les services coûtent plus cher et que les biens coûtent plus cher, la compensation doit être plus importante. »
Bien que l'objectif principal de la grève était une meilleure rémunération de leur travail, un travailleur dénonçait aussi la façon dont certains membres du club ont réagi à la grève. « Certains membres nous font un doigt d'honneur, nous regardent de travers et nous disent de nous écarter. C'est ridicule, parce qu'on sait qu'ils paient beaucoup pour être membres du club et qu'on leur fournit un bon service et de la bonne nourriture. On ne mérite pas le traitement qu'ils nous réservent parce qu'on essaie toujours de faire notre travail du mieux qu'on peut pour satisfaire leurs demandes ridicules, et on ne se plaint jamais. »