Les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes se sont rassemblés jeudi devant le centre de tri de Postes Canada de la rue Almon, à Halifax, en prévision de la grève à venir. Les travailleurs voulaient démontrer leur volonté de continuer à lutter, cinq mois après avoir été contraints de quitter les lignes de piquetage par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI).
La grève pourrait être déclenchée dès demain. Ce nouveau conflit fait suite à la période de « refroidissement » imposée de manière arbitraire par le CCRI, ainsi qu'à la publication récente d'un rapport de la Comission d'enquête industrielle (CEI).
Ce rapport recommande que Postes Canada mette fin à la distribution quotidienne du courrier résidentiel, ce qui entraînerait la suppression des milliers d'emplois de facteurs. Le rapport soutient également le faux récit de l'insolvabilité de Postes Canada tout en minimisant la mauvaise gestion de l'entreprise que les travailleurs postaux soulignent depuis longtemps.
Les travailleurs présents au rassemblement ont exprimé leur détermination non seulement à lutter contre ces recommandations, mais aussi à continuer de se battre pour obtenir les gains qu'ils visaient lors de leur grève initiale.
« On avait des revendications contractuelles qu'on maintient toujours. Et on est toujours prêt à se battre. On ne veut pas faire la grève, mais on le fera s'il le faut », a déclaré Dwayne Corner, président de la section locale de Nouvelle-Écosse.

Attaques contre les droits des travailleurs d'un océan à l'autre
« C'est une violation de nos droits constitutionnels », a déclaré M. Corner à propos de l'ordonnance de retour au travail et du rapport subséquent de la CEI. « C'est le gouvernement qui intervient et interfère avec le droit des travailleurs à la négociation collective.
« Si les travailleurs syndiqués sont désavantagés à ce stade, on verra que les droits des travailleurs en général vont se détériorer encore plus », a ajouté M. Corner.
En effet, les gouvernements semblent n'avoir aucun scrupule à intervenir pour écraser les luttes des travailleurs ces derniers temps. En août 2024, le CCRI a ordonné à plus de 9 000 travailleurs du rail de reprendre le travail après moins de 24 heures de grève. Plus tard dans l'année, les débardeurs de Montréal, de Québec et de Vancouver ont également reçu des ordres de retour au travail.
D'autre part, les gouvernements fédéral et provinciaux sont restés les bras croisés et n'ont rien fait pour empêcher Amazon de fermer tous ses entrepôts au Québec et de mettre quelque 4 500 travailleurs à la rue alors qu'il était sur le point d'être contraint de signer une convention collective avec l'entrepôt syndiqué DTX4 à Laval.
« Si nous laissons faire, les droits des travailleurs deviendront pratiquement nuls. Les futurs travailleurs n'auront pas la possibilité d'avoir un emploi à temps plein avec des avantages sociaux, des pensions et tout le reste, toutes les garanties que nous avons acquises au fil des années. Si nous ne faisons rien, les droits des travailleurs vont encore se dégrader», a fait remarquer M. Corner.
« Les travailleurs syndiqués doivent s'unir s'ils voient des syndicats comme le nôtre ou les travailleurs des ports ou des chemins de fer qui subissent le même traitement que nous [pour montrer] qu'ils sont solidaires. Et les travailleurs non syndiqués doivent essayer de s'organiser. C'est en s'organisant qu'on obtient des avancées pour soi et pour ses collègues. Et même s'ils ne sont pas encore syndiqués, ils peuvent toujours venir soutenir les travailleurs syndiqués dans cette lutte ».