L'Étoile du Nord

Négociations à la STM

Les travailleurs de la STM se sont fait enlever leur droit de grève

Le Tribunal administratif du travail (TAT) a suspendu le droit de grève des 2 400 employés de soutien de la STM, qui devaient commencer une grève générale dimanche dernier pour relancer des négociations bloquées. Le 23 mai, le TAT a jugé leur plan de maintien des services essentiels insuffisant. Le Syndicat du transport de Montréal prévoit déposer un deuxième préavis de grève bientôt.

Le TAT reconnaît que la grève peut et doit entrainer des désagréments. Il ajoute qu'il « doit distinguer ces derniers du danger pour la santé ou la sécurité publique occasionné par la grève [...] Ce danger doit être réel dans les faits, les simples craintes ou appréhensions ne pouvant suffire à neutraliser ou amoindrir le droit de grève. »

Le juge administratif Sylvain Gagnon justifie alors de façon surprenante le danger qu'il perçoit, écrivant « qu’une fermeture complète du métro [...] entraînera des attroupements aux abords des stations de métro et des arrêts d’autobus, causant des débordements sur la voie publique, des altercations et des comportements agressifs [...] ».

Le document de 39 pages donne peu de preuves d’un réel danger pour le public. Il n’explique pas non plus pourquoi des ajustements organisationnels ne suffiraient pas. Il cite la fermeture de la station Saint-Michel, qui a causé des attroupements, un peu d’agressivité et des maux de tête pour des constables en heures supplémentaires. Il mentionne aussi quelques chauffeurs agressés lors de réorganisations. En 2023, 348 agressions ont été déclarées, mais selon le président du SCFP 1983, elles reflètent surtout l’état de la société, pas celui du réseau.

Le texte affirme qu’assurer la sécurité pendant une grève serait impossible. Pourtant, il ne considère pas sérieusement le renfort d’autres unités du SPVM ni une meilleure organisation interne. De plus, la grève avait été annoncée près d’un mois à l’avance pour permettre à la STM de s’y préparer.

Encore des coupes et des reculs

Trois syndicats majeurs de la STM sont en négociation pour renouveler leur convention collective, échue depuis le début de l’année. Ils réclament un rattrapage salarial et de meilleures conditions pour concilier travail et vie familiale, afin de freiner l’exode vers le privé et la montée de la sous-traitance.

Pour sa part, la partie patronale veut imposer des horaires difficiles de soir, de nuit et de fin de semaine, des déplacements de personnel ainsi qu'augmenter le recours à la sous-traitance par le privé, notamment en privatisant le transport adapté.

Ces attaques ne passent pas pour Bruno Jeannotte, le président du Syndicat du transport de Montréal. « Les défis auxquels fait face la STM sont trop grands pour se mettre à dos les employés d’entretien. Si on veut entretenir nos infrastructures et implanter l’électrification, il faut miser sur notre expertise, pas sur la sous-traitance. »

Les problèmes d'infrastructures et de bris de services s'aggravent dans le réseau de métro et d'autobus. On apprenait au mois de mai que la moitié des stations du métro sont en très mauvais état. L'an dernier, la station Saint-Michel a dû fermer ses portes pendant des semaines, parce que des travaux importants ont dû y être effectués.

Dans son dernier budget, la CAQ a imposé des coupures de plus de 250 millions au maintien des actifs à la STM. Pourtant, c'est ce département qui répare et entretient les infrastructures du réseau.

Pour Benoît Tessier, du Syndicat des employés de bureau et des professionnels (SEBP610), avec ces mesures d'austérité, le gouvernement s'ingère dans leur négociation. « Le gouvernement donne un peu un avertissement à la STM en disant 'je m'attends à ce que tu obtiennes des reculs dans les conventions collectives avant que tu viennes me redemander de l'argent. Fais de la privatisation, réduis les conditions de travail, puis après ça, viens de me demander de l'argent.' »

Alors qu'il cherche à imposer la rigueur budgétaire aux travailleurs qui font fonctionner le réseau, le conseil d'administration de la STM a voté une augmentation de salaire annuelle de 6,5% à sa directrice générale. Son salaire passe donc de 446 000$ à 474 000$.

Le 25 mai, 500 travailleurs de la STM se sont rassemblés devant le siège social de la STM pour dénoncer ce traitement préférentiel, demander des bonnes conventions collectives et un meilleur financement du réseau par le gouvernement, aux dépens du privé.

Les exemples de transport collectif sous-traités au privé n'inspirent pas confiance aux travailleurs du réseau. Lors de la manifestation, le Réseau express métropolitain (REM) a été pointé du doigt à plusieurs reprises pour son inefficacité. ​​​​​​

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