L'Étoile du Nord

Journée nationale des peuples autochtones à Guelph

« Ils ne se débarrasseront pas de nous »

Le 21 juin, jour du solstice d’été, marque également la Journée nationale des peuples autochtones au Canada. C’est un moment de fierté culturelle, ponctué de célébrations des langues, traditions et histoires autochtones à travers le pays. Mais, année après année, cette journée soulève aussi des questions politiques que le gouvernement fédéral a tendance à écarter dans ses déclarations officielles.

Cette journée a été établie en 1996 sous le nom de Journée nationale des Autochtones, puis renommée en 2017. Le gouvernement fédéral explique le choix de la date en soulignant sa signification dans de nombreuses cultures autochtones: « Depuis des générations, de nombreuses communautés des Premières Nations, des Inuit et des Métis célèbrent leurs cultures, leurs langues et leurs traditions à cette occasion », peut-on lire sur son site web.

Des événements ont eu lieu un peu partout, des petites villes aux grandes agglomérations, dès la soirée du 20 juin et tout au long du 21. Mais pour plusieurs, cette journée dépasse la simple célébration culturelle. Elle représente aussi une affirmation de l’identité autochtone et une revendication constante de souveraineté sur leurs territoires.

L'Étoile du Nord a assisté aux célébrations à Guelph, en Ontario, et s'est entretenu avec les participants sur l'importance de ces événements.

« [Cette journée] est tellement importante pour que les gens sachent qu'on est toujours là », dit Nathan Tomas, du Guelph Indigenous Community Council (GICC). « On n’a pas disparu. On est des milliers de personnes partout, et ils ne vont pas nous faire disparaître. » Depuis deux ans, le GICC défend les intérêts de la population autochtone de Guelph en proposant des programmes éducatifs, sociaux et de consultation.

« Dans mon cœur, je pense que des célébrations comme celle-ci sont très bien comme elles sont. C’est une fête de la culture, des enseignements et des pratiques », affirme Adriel Harjo. « Je pense que ça devrait rester léger, mais dans d’autres contextes, qu’ils soient politiques ou autres, ça devrait être un peu plus centré sur la souveraineté, la gouvernance et ce genre de choses. »


Célébration de la Journée nationale des autochtones à Guelph, 2025

Adriel et sa famille, venus des Six Nations, ont été invités à présenter et à exécuter des danses traditionnelles lors de la célébration à Riverside Park, à Guelph.

Lorsqu'on lui a demandé ce que la souveraineté signifiait pour lui, Adriel a répondu que cela signifiait « la liberté de choisir indépendamment, avec le peuple et pour le peuple. Le gouvernement canadien ne devrait pas avoir un contrôle total sur ce qui arrive aux peuples autochtones sur leurs réserves, avec les petits bouts de territoire qu’ils ont. »

Le gouvernement canadien reconnaît le mois de juin comme le Mois national de l’histoire autochtone. Pourtant, malgré cette reconnaissance, le gouvernement fédéral et plusieurs gouvernements provinciaux ont adopté ce mois-ci des lois qui ont suscité de vives critiques de la part des groupes autochtones. Ceux-ci ont fortement dénoncé des mesures favorisant le développement privé sur des territoires autochtones ainsi que l’absence de consultation des communautés affectées par ces changements proposés.

Par exemple, le 5 juin, la loi de 2025 pour protéger l’Ontario en libérant son économie, présentée par Doug Ford, a reçu la sanction royale. Cette loi ouvre plusieurs régions du nord à l’exploitation des ressources. Le chef régional de l’Ontario, Abram Benedict, a qualifié cette loi de « menace directe » aux Premières Nations, à leurs terres, à leur juridiction et à leur souveraineté.

De plus, les libéraux fédéraux ont adopté le 6 juin la Loi sur une économie canadienne unique (loi C-5) avec l'appui des conservateurs. Cette loi retire de nombreuses règlementations et exigences par rapport à plusieurs projets d’infrastructures et d’extraction de ressources. Le processus entourant ce projet de loi a été vivement critiqué par les groupes autochtones, qui dénoncent un manque de consultation adéquate. Le chef de la Première Nation Kebaowek, Lance Haymond, a déclaré au comité des transports de la Chambre que « le processus qui a mené au projet de loi C-5 est un cas d’école sur la manière de ne pas engager le dialogue avec les nations autochtones. »

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