L'Étoile du Nord

Plus de milles personnes à Calgary

Manifestation au G7 contre les « 7 génocidaires » et pour les droits humains

Le Sommet du G7, tenu cette année en Alberta, a attiré plus d’un millier de manifestants hier, venus de nombreux pays et mouvements. Ils se sont rassemblés pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme des politiques de plus en plus antidémocratiques et exploiteuses de la part des gouvernements membres de ce regroupement des nations les plus riches du monde.

La manifestation a commencé dans l’une des « zones de manifestation désignées » près de l’hôtel de ville de Calgary et s’est transformée en une marche réunissant un large éventail de voix. Des intervenants et participants ont mis de l’avant les revendications de groupes de libération nationale et de défense des droits humains provenant de communautés autochtones, de Palestine, des Philippines, du Jammu-et-Cachemire et du peuple Amhara d’Éthiopie. Étaient également présents des défenseurs de la démocratie, des droits des travailleurs, de la justice climatique et hydrique, ainsi que de l’allègement de la dette internationale.

La manifestation était menée par la International League of People’s Struggles, une coalition mondiale d’organisations anti-impérialistes et de défense des droits humains. Leur objectif: exposer le rôle du G7 dans l’exploitation mondiale et la violence, au nom du profit des entreprises et de la domination géopolitique.

Après une série de discours et de déclarations, les manifestants ont marché dans les rues, en défi des « enclos à protestation », comme les a qualifiés Yves Engler. Faisant référence aux « zones de manifestation désignées » mises en place par le Service de police de Calgary pour le sommet, Yves a affirmé: « Ce qu’ils font, c’est rendre impossible de manifester ne serait-ce qu’à proximité des dirigeants… C’est très condescendant, et évidemment, ils présentent ça comme une façon de défendre la Charte [des droits] alors qu’ils sont clairement en train de la saboter. »

Une autre intervenante, Isa Carlin, de l’organisme Migrante Alberta, a parlé des conditions qui poussent les migrants à chercher une vie meilleure dans des pays comme le Canada. « Plusieurs de nos compatriotes ici au Canada sont venus comme réfugiés politiques, que ce soit à cause de harcèlement direct ou simplement pour fuir l’aggravation du système politique, social et économique aux Philippines. »

Dans ce contexte, quand des industries dans leur pays d’origine leur offrent une possibilité d’émigration, ça devient leur seule issue. « Les milieux de travail, fermes, collèges techniques et usines canadiens ont des bureaux aux Philippines pour recruter des travailleurs parmi les classes pauvres de travailleuses et de paysans dans notre pays. »

Une fois au Canada, les migrants découvrent de nouvelles formes d’exploitation. « Plusieurs d’entre nous sont coincés dans des conditions abusives, légalement attachés à nos employeurs à cause des permis de travail fermés, ou incapables de trouver un autre emploi à cause de la détérioration économique ici au Canada. »

Le discours de la militante dénonçait les conditions déplorables associées au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui a été qualifié de « terreau fertile pour les formes contemporaines d’esclavage » par un rapporteur spécial de l’ONU.

Les travailleurs migrants du secteur agricole doivent parfois vivre dans des camions ou partager une salle de bain avec huit membres de leur famille. Ces conditions de vie et de travail incluent aussi un accès limité à l’eau potable, une préoccupation majeure pour plusieurs organisations présentes.

Nicole Johnston, militante autochtone et représentante de la nation Piikani, a pris la parole pour dénoncer les graves impacts sanitaires que son peuple subit à cause des mines de charbon à ciel ouvert qui empoisonnent leur eau. « Notre eau est contaminée. Là-haut au lac Crow’s Nest, ils viennent d’annoncer que les eaux sont contaminées, les poissons sont pleins de sélénium. L’eau, ça reste pas en place, ça se déplace, alors les gens tombent malades, avec le cancer, des problèmes d’estomac. »

Concernant les dirigeants du G7, elle a ajouté: « Une fois qu’ils sont [élus], ils oublient le peuple. Ils font ce qu’ils veulent. Ils ont leur propre agenda, ils imposent ça. Et nous, qu’on aille au diable, on en souffre. »

L’État a répondu aux revendications démocratiques des manifestants par une forte présence policière, avec presque autant d’agents que de protestataires. Plusieurs portaient des gilets pare-balles, des casques et des gants renforcés. Certains étaient même à cheval.

La police de Calgary a agi comme un troupeau de gardiens, multipliant les tactiques d’intimidation, notamment celle appelée le « kettling ». Cette méthode policière consiste à encercler une foule puis à resserrer progressivement le périmètre pour contrôler les déplacements et isoler certains individus, parfois en vue de procéder à des arrestations. Dans ce cas-ci, personne n’a été arrêté. Les policiers utilisaient aussi des caméras portatives, en plus des caméras corporelles, ajoutant une couche supplémentaire de surveillance et de pression sur les manifestants.

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