L'Étoile du Nord

Le projet de loi 5 adopté en Ontario

Un deuxième scandale lié à la ceinture verte?

Alors que la guerre commerciale menée par Trump se poursuit, le premier ministre Doug Ford cherche à développer l'Ontario à tout prix. Le Projet de loi 5 « pour protéger l’Ontario en libérant son économie » a été adopté par l'Assemblée législative de la province. Dans le style typique du Parti conservateur provincial, ce projet de loi réduit les réglementations et ouvre de vastes territoires à l'exploitation des ressources naturelles.

Bien que Ford vante les retombées économiques que cela aurait pour la province, un examen plus approfondi révèle que ce projet de loi donne aux cartels d'extraction des ressources un accès illimité pour détruire les terres et remplir les poches des entreprises, tout en bafouant les protections environnementales et les traités préexistants.
 
Le projet de loi 5 abroge la loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition et la remplace par la nouvelle loi de 2025 sur la conservation des espèces. Ce projet de loi permet notamment d'accélérer la prospection et la délivrance de permis aux entreprises qui souhaitent exploiter les métaux précieux en Ontario, en particulier dans la région du Cercle de feu, dans le nord de la province.
 
Le premier ministre Ford a déclaré: « Nous pouvons devenir la nation subsouveraine la plus riche et la plus prospère au monde si nous extrayons ces minéraux essentiels du sol. » Le projet de loi 5 permettrait au ministre d'utiliser son pouvoir discrétionnaire pour accélérer la délivrance de certains permis et autoriser la destruction de certaines ressources de l'Ontario.

Source de l'image: Wildlife Conservation Society Canada

Les écologistes et les défenseurs de l'environnement avertissent toutefois que cela serait incroyablement préjudiciable à l'environnement. L'Étoile du Nord s'est entretenue avec Prof. Shoshanah Jacobs, spécialiste de la prévision de l'avenir technologique dans le cadre de la crise climatique à l'université de Guelph.

« Les inquiétudes suscitées par le projet de loi 5 sont en effet justifiées. Il est en conflit direct avec les valeurs des Ontariens et les besoins de tous les Canadiens », déclare Prof. Jacobs. « Un bulldozer peut détruire en un après-midi ce que la nature a mis des millions d'années à construire. Nous ne pouvons pas reconstruire ou recréer cela. »

Ce sentiment est partagé par Hanna Sewell, coprésidente du conseil des jeunes des Premières Nations de l'Ontario. Mme Sewell souligne que leurs communautés « sont celles qui vivront avec les conséquences » et affirme que le projet de loi 5 est un pas dans la mauvaise direction: « Il fait passer les intérêts économiques à court terme avant la survie à long terme de nos espèces, de nos langues, de nos eaux et de nos nations. »

Ce projet de loi vise à assouplir ou à abroger carrément certaines sections de la loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. Il cherche à étendre les pouvoirs du Cabinet de manière à ce qu'il puisse sélectionner ou désigner des « zones économiques spéciales » en tenant compte des intérêts de diverses entreprises. Ces zones seraient exemptées des lois provinciales et municipales sur l'environnement dans la région, et toutes les entreprises effectuant des travaux dans ces zones seraient également exemptées.

Le projet de loi 5 a également été critiqué par les groupes des Premières Nations qui ont conclu des traités fonciers dans le nord de l'Ontario. Dans un communiqué de presse, un chef autochtone de l'Ontario, Abram Benedict, a déclaré que les dirigeants des Premières Nations considéraient le projet de loi « comme une menace directe pour leurs nations, leurs terres, leurs compétences et leur souveraineté ».

Pour de nombreuses Premières Nations, le « développement économique » peut se faire au détriment de la santé et de la sécurité. En avril 2024, la Première nation Aamjiwnaang a déclaré l'état d'urgence en raison d'une fuite de benzène provenant de l'usine de plastique INEOS.

Les groupes autochtones du nord de l'Ontario luttent contre les sociétés minières qui ont pénétré sur leurs territoires sans préavis ni consentement. Prof. Jacobs a fait remarquer que « le premier ministre Ford ne reconnaît pas que la richesse est mesurée différemment selon les communautés ».

Auparavant, le premier ministre a été critiqué pour sa gestion de la ceinture verte et le scandale qui s'en est suivi, qui visait à ouvrir des terres protégées aux promoteurs immobiliers. Ce scandale a entraîné l'ouverture d'une enquête criminelle par la GRC.

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