Après six semaines de grève, les travailleurs de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) de l’Ontario ont ratifié dimanche un nouvel accord. Alors que les conservateurs progressistes de Doug Ford ont réorienté les fonds de la CSPAAT vers les patrons, les travailleurs de l'agence ont été confrontés à une dépréciation des salaires et à une « charge de travail écrasante ».
La ratification a été approuvée à 72,5%, mettant ainsi fin à la toute première grève des travailleurs de la CSPAAT. Après avoir été mis en lock-out par leur employeur le 21 mai, quelque 3 600 travailleurs de la CSPAAT représentés par le Syndicat des employés d’indemnisation de l’Ontario (OCEU) ont mis en place des piquets de grève pour obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires.
En novembre 2024, le premier ministre Doug Ford a prélevé 2,5 milliards de dollars sur les fonds de l'organisation provenant des primes et les a reversés aux entreprises. M. Ford a fait valoir que cette « remise » était censée contribuer à protéger les travailleurs en restituant l'argent de leur assurance contre les accidents du travail à des « entreprises sûres ».
En 2022, le nombre de demandes d'indemnisation pour accidents du travail en Ontario est passé à 255 251, contre 225 000 en 2021 et 200 578 en 2020. Les fonds que le gouvernement provincial a restitués aux patrons auraient pu être utilisés pour répondre aux griefs des travailleurs chargés de traiter ces demandes en matière de salaire et de charge de travail.
Les travailleurs de la CSPAAT, comme de nombreux employés du secteur public, ont été touchés par le projet de loi 124 du gouvernement Ford, qui limitait les augmentations salariales dans la fonction publique à 1% par an. Cependant, contrairement à de nombreux autres services publics, la CSPAAT et les salaires de ses employés ne sont pas financés par les contribuables. Elle est financée exclusivement par les cotisations des employeurs.

Les conservateurs provinciaux ont présenté le projet de loi 124 afin de réduire les dépenses liées aux salaires du secteur public en 2019. La Cour supérieure de l'Ontario a invalidé cette loi en 2022, la jugeant inconstitutionnelle. Néanmoins, les travailleurs de la CSPAAT ont subi une baisse de salaire réel imposée par le gouvernement provincial et ont du mal à suivre le rythme de l'inflation.
L'OCEU a rapporté qu'avant qu'il y ait une entente de principe, le président du syndicat, Harry Goslin, a reçu un appel téléphonique du premier ministre Ford, au cours duquel M. Goslin « a soulevé les principales préoccupations du syndicat, notamment les salaires, la charge de travail écrasante, l'externalisation de 26 emplois ontariens vers une entreprise américaine et la détérioration de la qualité des services offerts aux travailleurs blessés et aux employeurs de toute la province ».
L'entreprise américaine en question est Iron Mountain, une société de gestion de données. Récemment, cette société a été accusée d'avoir surfacturé des agences gouvernementales et d'avoir augmenté illégalement ses tarifs.
Dans le dernier communiqué de presse du syndicat, M. Goslin déclare: « Nous avons obtenu le meilleur résultat possible et nous avons réussi à repousser les attaques de l'employeur contre les droits d'ancienneté du syndicat ». L'accord ratifié prévoit une augmentation de 6,75% sur trois ans et des clauses relatives à la charge de travail.