Le mois dernier, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a congédié sans préavis 42 travailleurs syndiqués de refuge pour sans-abri employés par l’organisme Out of the Cold (OTC). La province a annoncé que la gestion des abris serait confiée à un nouvel organisme, Atlantic Community Shelter Society. Les travailleurs se battent maintenant pour que leur contrat soit rétabli.
Le 8 juillet, lors de leur congédiement, ils n’ont eu que 15 minutes pour ramasser leurs effets personnels. On les a menacés d’arrestation s’ils prenaient plus de temps. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement leur a dit qu’ils pourraient poser leur candidature auprès du nouveau fournisseur… dans des postes non syndiqués, moins bien payés et avec moins d’avantages.
Des explications floues du gouvernement
C'est le Département des opportunités et du développement social (DODS) qui supervise les refuges d’Halifax et qui a pris la décision de congédier ces travailleurs. Le ministère invoque une « mauvaise gestion » d’OTC pour justifier cette rupture brutale.
Mais jusqu’ici, la province n’a donné que des justifications vagues. Dans un article à sens unique publié par CBC le 15 juillet, Suzanne Ley, directrice du soutien à l’emploi et de l’aide au revenu au DODS, a parlé de « défaillances importantes dans des choses comme la sécurité et l’infrastructure ».
La seule « preuve » rendue publique: deux photos montrant des chambres en désordre dans le site d’Halifax.
« On n’est pas la police »
L’Étoile du Nord a parlé à Carlo Cininni, intervenant résident au site OTC de Dartmouth, au sujet de l’article de CBC et des photos publiées.
« Oui, la chambre a l’air en désordre. Il y a de l’isolant partout, des vêtements et des pintes de lait par terre. Ce que le public ne sait pas, c’est que les gens qui vivent là ont, selon notre mandat, une certaine autonomie. C’est de l’habitation autonome. On n’est pas la police, on n’applique pas des règles à coups de matraque. On demande, on travaille avec les gens pour qu’ils rangent leur chambre. Mais certains la gardent comme ça. »

Il poursuit : « Pourquoi? Parce que ce sont des personnes à besoins élevés, qui peuvent avoir de la difficulté à nettoyer régulièrement. Si on leur fournit régulièrement du matériel de réduction des méfaits et qu’ils l’utilisent, la présence de seringues augmente vite. Même si on tente un nettoyage quotidien, si quelqu’un est désorganisé ou simplement n’a pas une bonne journée et ne veut pas ranger, on ne va pas le mettre à la rue pour ça. »
Du respect pour le syndicat et le contrat de travail
Le syndicat exige la réintégration de tous les travailleurs avec les mêmes conditions et la même convention collective. Ils ont organisé un rassemblement devant l’Assemblée législative, réunissant près de 200 personnes en solidarité.
Interrogé sur la suite du combat, Carlo répond:
« Si on ne s’organise pas entre travailleurs, on est plus vulnérables. Avec le coût de la vie ici, c’est absurde de payer moins les gens. Et nous insulter en nous disant de postuler chez un nouvel employeur après nous avoir mis dehors aussi brutalement? Et en plus, ce nouvel employeur paie 1,50 $/h de moins? C’est une claque en pleine figure. »
Un autre but derrière ces congédiements?
Les travailleurs ne nient pas qu’il y ait eu de la mauvaise gestion chez OTC, comme dans bien des milieux. Mais pour eux, ce n’est pas la vraie raison du congédiement massif.
« Quand on regarde la nouvelle description de poste et le salaire, ce sont des emplois non syndiqués à 22$ de l’heure pour le poste que j’occupais, payé 23,50$ », souligne Carlo.
« Alors pourquoi la province dit d’abord qu’elle ne veut pas passer à des “sites sans consommation”, et choisit ensuite un fournisseur sans syndicat, qui paie moins, et qui n’a aucune expérience en réduction des méfaits? C’est ça que les citoyens devraient se demander. »