Vendredi la semaine dernière, la Cour de justice de l’Ontario a reconnu coupable l’électricien Tynan Liebert, syndicaliste militant du SCFP et membre du Cercle des travailleurs communistes. La Couronne avait d’abord déposé deux accusations de voies de fait contre lui, en lien avec l’interruption d’une activité de financement organisée par d’importantes figures libérales fédérales. Dans le cadre du projet Resolute du service de police de Toronto (TPS), Liebert a finalement été reconnu coupable d’une seule accusation.
Avant l’audience, Liebert avait déclaré à l’Étoile du Nord: « Je suis ici contre mon gré parce qu’on m’accuse à tort de deux agressions pour avoir participé à une manifestation qui a réussi à faire annuler une collecte de fonds réunissant alors les ministres libérales Chrystia Freeland et Yara Saks. »
Son avocat, Mathew Campbell-Williams, précise: « Le tribunal a conclu que Tynan avait participé à l’agression qui s’est produite. Le juge n’a pas dit qu’il avait lui-même commis l’agression, mais qu’il y avait contribué en l’encourageant. »
Resolute, initiative de répression à Toronto
Liebert affirme faire partie des quelque 130 personnes arrêtées dans le cadre du Projet Resolute.
Comme l’explique Danny Tarade, délégué syndical du SCFP-3092 et membre du Cercle des travailleurs communistes, ce projet spécial a été mis sur pied par le TPS peu après le 7 octobre. Selon lui, il aurait été encouragé par Heather Reisman, PDG d’Indigo, dont la fondation finance des études postsecondaires pour les soldats israéliens après leur service militaire.
Tarade précise: « [Le Projet Resolute] est considéré comme une unité contre les crimes haineux élargie, qui repose sur l’idée que si tu manifestes pour la Palestine, alors tu es antisémite. Ça donne des pouvoirs accrus de surveillance et ouvre la porte aux brutalités policières. »
Sous le couvert du Projet Resolute, la police de Toronto a mené des descentes en pleine nuit, des arrestations éclaires au milieu de la rue et des opérations de surveillance contre des militants pro-palestiniens. Le projet a aussi branché le TPS sur le modèle de partage de renseignements du SCRS et de la GRC, renforçant sa capacité de surveillance.
Le cas de Liebert et celui d’autres militants ouvriers ont retenu l’attention du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) et du groupe de résistance Masar Badil, qui ont publié des déclarations de solidarité.

La Palestine et le mouvement ouvrier
Pour Liebert, la cause palestinienne et la cause ouvrière sont intimement liées. Il explique: « Aucun peuple opprimé ne peut prendre son destin en main tant qu’il n’a pas appris à rejeter la morale hypocrite de son oppresseur […] C’est en apprenant à soutenir la résistance palestinienne et à s’identifier à elle que les travailleurs peuvent se libérer de la morale hypocrite des employeurs. »
Même si le gouvernement canadien affirme qu’il reconnaîtra l’État palestinien en septembre, lors de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU, il continue de s’impliquer dans l’agression israélienne en exportant du matériel militaire à l’armée israélienne. Sur le plan intérieur, des oligarques et politiciens canadiens financent des initiatives comme le Projet Resolute, qui ciblent des militants ouvriers tels que Liebert.
Partout dans le monde, des travailleurs ont pris des mesures en appui à la lutte palestinienne contre l’occupation et le génocide. En novembre 2023, des débardeurs belges ont refusé de manipuler du fret militaire destiné à Israël. Plus récemment, en juillet 2025, des travailleurs montréalais ont bloqué un entrepôt de MAERSK, principal transporteur de fret militaire des États-Unis vers Israël.