L'Étoile du Nord

Manifestation intersyndicale à Montréal

Les cols bleus et les travailleurs de la STM font front commun

Depuis lundi, le personnel d'entretien de la Société de transport de Montréal est en grève. Au début du mois de septembre, les cols bleus de la ville ont voté en faveur de moyens de pression pour forcer la ville à négocier de bonne foi. L'Étoile du Nord a assisté à une manifestation qui a réuni les deux groupes de travailleurs pour lutter ensemble contre l'administration municipale.

Lundi après-midi, des travailleurs de plusieurs syndicats se sont rassemblés devant la mairie de Montréal dans une manifestation lancée par les cols bleus de Montréal et les travailleurs de la STM. Plusieurs syndiqués s’entendent que la sous-traitance et la privatisation sont des enjeux majeurs pour les services publics au Québec et à Montréal. 

Simon Biard, un délégué du Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal explique: « Quand il y a des ouvriers qui partagent les mêmes revendications, les mêmes griefs, les mêmes doléances, bien pourquoi pas faire front commun? Le patronat est très bon pour faire front commun, pourquoi la classe ouvrière ne le ferait pas? » 

Il continue que, contrairement à la sous-traitance, le travail à l’interne avec une mission publique au service des citoyens assure un travail de qualité à l'abri de la collusion et de la corruption. 

Près de 7 000 cols bleus municipaux sont sans contrat depuis 2022. En plus des tactiques de pression, 98 % des membres du syndicat ont voté en faveur d'un mandat de grève, signe d'un profond mécontentement à l'égard des offres présentées par la Ville. 

Les employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM) sont en grève du 22 septembre au 5 octobre. Il s'agit de leur deuxième grève cette année.

La STM a annoncé en février cette année que l’entièreté des services de transport adapté livré par minibus serait confiée à des transporteurs privés dès 2026. Pourtant, en 2024, les déplacements en transport adapté de la STM ont vu une hausse de 11,7% avec 4,1 millions de déplacements et un indice de satisfaction de la clientèle de 86%. 

La sous-traitance et la privatisation des services aux citoyens peuvent causer des problèmes de qualité, d’après Bruno Jeannotte, président du Syndicat du transport de Montréal, qui représente les travailleurs de l'entretien en grève. 

« Quand on se retourne vers les firmes privées externes, on se rend compte que la fiabilité n'est pas au rendez-vous. Je cite souvent le REM en exemple, parce que le REM a vraiment de la difficulté à être fiable. Il ne faut jamais oublier qu'il y a eu des demandes de faites à la STM de réduire son nombre d'autobus pour obliger les gens à prendre le REM. »

Aux problèmes de fiabilité des firmes privées s'ajoutent des problèmes de coûts. « On voit que les prix deviennent déraisonnables rapidement quand on fait affaire avec l'externe. Donc, une chose qui est sûre, c'est d'ailleurs la recommandation de la commission d'enquête Charbonneau de favoriser l'interne quand on a la main-d'œuvre pour le faire », affirme Frédéric Therrien, président de la section locale 1983 du SCFP. Il s'agit du syndicat qui représente les chauffeurs d'autobus de la STM, les opérateurs de métro, les agents de station et les chauffeurs du transport adapté de la STM. 

En 2022, la STM s’est vu reprocher d’importants manquements dans l’octroi de contrats à des compagnies privées pour des travaux au centre de transport Bellechasse. Les coûts du projet ont effectivement doublé.   

Alors que la Directrice générale Marie-Claude Léonard a reçu 474 324$ en revenu d’emploi pour 2024, la STM affirme être en crise financière. Or, selon le rapport annuel de 2024, la société a équilibré son budget grâce à 36 millions de dollars en optimisation, une réduction des dépenses de 15 M$ par rapport au budget initial et 14 M$ de plus que prévu en revenus commerciaux. 

De ces économies, 18 M$ ont été reversés à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour le financement du transport collectif. Plus de 90% des revenus de la STM proviennent de l’ARTM.

Samedi, le Syndicat du transport de Montréal–CSN a annoncé qu'il présenterait un nouveau plan à l'employeur. « La balle est dans le camp de l'employeur », a déclaré Bruno Jeannotte.

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