L'Étoile du Nord

La lutte continue à Postes Canada

Les postiers restent fermes face à l’inflexibilité de l’employeur

Après quatre semaines sans réponse de Postes Canada à ses nouvelles revendications et près de deux ans sans convention collective, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a organisé une journée d'action nationale le 15 septembre. Les travailleurs ont manifesté devant les bureaux de députés à travers le pays. Le syndicat a également interdit le traitement et la distribution des circulaires. À peine trois jours plus tard, la société a annoncé qu'elle reviendrait à la table des négociations.

Au cœur de ce conflit social se trouve la vision des postiers d'une modernisation de la fonction publique axée sur les travailleurs et visant à élargir les services. Le gouvernement fédéral, de son côté, continue de pousser le service postal dans la direction opposée.

Le gouvernement libéral a annoncé aujourd'hui qu'il autoriserait Postes Canada à mettre fin à la distribution à domicile et à fermer jusqu'à 4 000 bureaux de poste ruraux. Le ministre des Travaux publics, Joël Lightbound, a déclaré dans un communiqué que la société d'État était « effectivement insolvable ».

Pour en savoir plus sur l'évolution de la situation à Postes Canada, L'Étoile du Nord s'est entretenue avec des postiers devant le bureau du député libéral Ben Carr à Winnipeg.

« Postes Canada a essentiellement insisté sur le fait que ses réductions salariales constituaient sa meilleure et dernière offre. Elle a obtenu du gouvernement qu'il s'immisce dans nos affaires en nous imposant un vote en vertu de l'article 108. Heureusement, les membres ont voté contre. Cependant, Postes Canada continue d'insister auprès du syndicat national pour qu'on accepte ces mêmes réductions salariales que nos membres ont déjà rejetées », explique Carl Hentzfelt, représentant syndical de la région des Prairies pour le STTP.

Pour sa part, Postes Canada a expliqué l'impasse dans les négociations en soulignant l'importance de sa « compétitivité ». Invoquant les pertes financières subies au cours des dernières années, la société d'État semble considérer que des augmentations de la charge de travail sans compensation sont nécessaires à sa survie. De nombreux travailleurs, dont M. Hentzfelt, remettent en question ce discours.

« Pourquoi la direction touche-t-elle des primes alors que nous sommes en perte? Pourquoi y a-t-il autant de cadres par rapport au nombre de travailleurs, bien plus que dans d'autres secteurs? », a-t-il demandé, ajoutant que bon nombre des investissements de la société n'étaient pas « strictement nécessaires ». 

En effet, « une grande partie de cet argent a été consacrée à une flotte de véhicules électriques sans qu'aucun cadre logistique ne soit mis en place pour recharger ces véhicules. Canada Post dispose d'une flotte entière de véhicules électriques qui rouillent, et ils déclarent cela comme une perte dont nous, les travailleurs, sommes tenus responsables et dont nous devons payer le prix », a-t-il déclaré.

La flotte de véhicules électriques en question est immobilisée à l'extérieur du centre de traitement du courrier de Winnipeg depuis au moins 2023; ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de la société qui approuve des expansions coûteuses tout en criant à la ruine financière. « Le gouvernement a toujours pris le parti de Postes Canada. Le STTP est le syndicat qui a été le plus souvent contraint par la loi à reprendre le travail, tous secteurs confondus », déclare M. Hentzfelt. 

« Lors des négociations, il est très clair que l'entreprise ne se donne pas la peine de présenter des offres concrètes. Elle écoute ce que nous avons à dire et répond « on va y réfléchir », puis elle s'adresse au gouvernement, qui répond « on va faire appel à des médiateurs ». » Il a poursuivi en soulignant la stratégie bien établie des monopoles qui consiste à attendre passivement l'intervention du gouvernement en cas de grève.

« En tant qu'actionnaire principal et unique, le gouvernement devrait s'intéresser à ce que fait Postes Canada pour s'assurer qu'elle se gère de manière efficace et appropriée. Mais ce n'est pas le cas. Elle est hypertrophiée, elle tente délibérément de se mettre en place pour se privatiser, et le gouvernement est complice et l'encourage », conclut M. Hentzfelt, faisant écho aux sentiments entendus par L'Étoile du Nord de la part des postiers frustrés depuis le début de la grève fin 2024.

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