Le 30 septembre marquait la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Ce jour férié fédéral a été instauré en 2021 en réponse à l'un des 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. Dix ans après la publication des conclusions de la Commission, les défenseurs des droits des Autochtones affirment que le gouvernement n'a pas réagi à bon nombre des appels à l'action les plus importants de la CVR.
À Brantford, sur le site de l'ancien Mohawk Institute, cette journée a été marquée par l'inauguration d'un lieu historique interprété. Le Mohawk Institute a été le plus ancien pensionnat indien du Canada, en activité de 1828 à 1970.
Après des années de collecte de fonds dans le cadre de la campagne « Save the Evidence » (Sauvegarder les preuves), le Woodland Cultural Centre proposera des visites guidées au public. Le site accueillera une exposition permanente permettant aux visiteurs de découvrir l'histoire des pensionnats indiens et les abus qui y ont été commis.
Le Conseil communautaire autochtone de Guelph (GICC) a organisé une activité après l'école. Des récits provenant du Mohawk Institute voisin ont été affichés afin que les visiteurs puissent lire les témoignages directs des survivants. Les gens ont partagé des remèdes traditionnels autour du feu sacré, et les familles se sont réunies pour fabriquer des bannières et des objets artisanaux et découvrir des peaux d'animaux et des oiseaux de proie vivants.
L'Étoile du Nord s'est entretenue avec Nate Thomas, du GICC, lors de l'événement. « Nous avons essayé d'inciter les gens à venir, de leur faire connaître les atrocités commises à l'encontre de mon peuple et de leur faire savoir que nous sommes toujours là », a-t-il expliqué.
Depuis que la Commission de vérité et réconciliation a conclu ses travaux en 2015, des centaines de tombes présumées ont été identifiées à l'aide d'un géoradar sur les terrains des pensionnats indiens à travers le pays. Ces découvertes ont déclenché des manifestations de masse et un soutien massif au mouvement Chaque enfant compte.
L'initiative Indigenous Watchdog a suivi les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la CVR et a constaté que près de la moitié de ces appels à l'action en faveur de la réconciliation ne sont pas mis en œuvre, 40 % d'entre eux n'ayant pas été lancés ou étant au point mort en septembre 2025.
Thomas a déclaré à L'Étoile du Nord que « le gouvernement n'a pas grand-chose à faire pour s'en tirer. Il suffit de mettre cela de côté, et tout le monde passe à autre chose, ce qui arrive assez souvent à mon peuple. Il faut se concentrer davantage sur cette question pour obtenir des résultats ».
Non seulement bon nombre des appels à l'action de la CVR ont été ignorés, mais certaines tendances en matière d'inégalité ont continué à s'aggraver.
Par exemple, l'appel à l'action n° 30 demande aux gouvernements de « s'engager à éliminer la surreprésentation des Autochtones en détention ». Depuis 2023, le taux global d'Autochtones en détention est passé de 24 % à 32 %, et 50 % des femmes en détention au Canada sont autochtones.
Les écarts en matière de santé continuent de s'aggraver, et aucun plan n'a été mis en place pour répondre à l'appel n° 19 visant à créer des objectifs mesurables afin d'éliminer ces écarts. L'appel n° 78 demandait un financement fédéral de 10 millions de dollars pour la recherche et les programmes communautaires, qui n'a toujours pas été mis en place.
Le premier ministre Carney a assisté à l'événement du 30 septembre sur la Colline du Parlement. De nombreux survivants des pensionnats indiens étaient également présents devant les bâtiments fédéraux pour partager leurs témoignages. Il est à noter que M. Carney n'a pas mentionné les appels à l'action dans son discours.