L'Étoile du Nord

Guerre commerciale États-Unis–Canada

Stellantis délocalise son usine de Brampton en Illinois

Mardi soir, les travailleurs de l’automobile canadiens ont été abasourdis d’apprendre que Stellantis prévoyait transférer la production de Jeep de l’usine d’assemblage de Brampton vers l’Illinois. Cette décision survient à la suite des tarifs imposés par le président Donald Trump sur les véhicules fabriqués au Canada.

Cette annonce soulève de sérieuses inquiétudes sur l’avenir de l’industrie automobile canadienne, alors que des milliers de travailleurs se retrouvent sans emploi. Les tarifs américains sur les exportations canadiennes révèlent à quel point des décennies d’accords de libre-échange ont rendu l’économie du Canada dépendante de celle des États-Unis. Cette dépendance profonde fait en sorte que les décisions politiques américaines influencent directement la répartition des investissements, de la production et des emplois par les grandes entreprises.

Le premier ministre Mark Carney a indiqué que le gouvernement fédéral travaille avec la province de l’Ontario et le syndicat Unifor pour soutenir les employés touchés. « Nous nous attendons à ce que Stellantis respecte ses engagements envers les travailleurs canadiens », a-t-il déclaré, ajoutant que la décision découle directement des nouvelles mesures commerciales américaines.

Chaîne de montage de Brampton

En mars, Carney avait annoncé des mesures pour renforcer la compétitivité du secteur automobile canadien et protéger les emplois manufacturiers. Pourtant, lorsque mille métallos ont perdu leur emploi en juillet dernier, le gouvernement a offert peu de soutien direct aux travailleurs, préférant accorder un peu plus d’un milliard de dollars aux entreprises.

Les travailleurs de Brampton ne sont pas les seuls frappés par les compressions de Stellantis. En mai, quatre cents employés de l’usine de Windsor ont été mis à pied temporairement pendant sept jours, avant une réduction des quarts de travail sur douze semaines. Les travailleurs de Windsor craignent que leur usine soit la prochaine à fermer. Stellantis soutient le contraire, affirmant qu’elle « ajoute un troisième quart à l’usine d’assemblage de Windsor afin de répondre à la demande accrue pour toutes les versions du Chrysler Pacifica ».

La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a réclamé une action immédiate pour défendre la base manufacturière du pays. « Sauver l’usine de Brampton doit maintenant devenir la priorité nationale », a-t-elle déclaré. « Si cette décision est maintenue, cela enverra le message que les travailleurs de l’automobile canadiens sont jetables. Nous ne pouvons pas laisser faire ça. »

Installations Stellantis à Windsor

Le maire de Brampton, Patrick Brown, a lui aussi dénoncé la décision, la qualifiant de « recul » par rapport aux promesses antérieures de Stellantis de moderniser et rééquiper l’usine. Il appelle Ottawa et Queen’s Park à mettre en place une stratégie nationale coordonnée pour protéger la production locale et renforcer la position du Canada dans l’industrie automobile mondiale.

« Stellantis s’est engagée envers les travailleurs de Brampton, envers nos gouvernements fédéral et provincial, envers nos communautés et envers notre pays », a déclaré Vito Beato, vice-président du comité de négociation Unifor-Stellantis et président de la section locale 1285 d’Unifor, qui représente les travailleurs de l’usine de Brampton. « Nous avons l’intention de tenir Stellantis responsable de toutes ses promesses. »

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