L'Étoile du Nord

Débat à la Chambre de commerce de Montréal

Ce qui s’est passé au débat municipal privé des élites montréalaises

Le 2 octobre, à un mois des élections municipales, les deux favoris à la mairie de Montréal se sont affrontés lors d’un débat organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). L’entrée coûtait 90$ et l’accès Zoom, 25$. Après de vives critiques en ligne, l’enregistrement a finalement été rendu public le lendemain sur YouTube. L’Étoile du Nord était sur place pour suivre l’échange entre Soraya Martinez Ferrada (Ensemble Montréal) et Luc Rabouin (Projet Montréal).

Avant même le début de l'événement, une manifestation pour la Palestine se déroulait devant l’entrée. Une des activistes explique alors à l’Étoile du Nord que leur objectif était qu’à travers tous les enjeux municipaux, les candidats n’ignorent pas le génocide au Proche-Orient et l’impact que le maire ou la mairesse peut avoir à son palier de gouvernement.

Pendant une heure, les membres à cravate de la Chambre, qui se dit « la voix du milieu des affaires de la métropole », ont pu réseauter et échanger des poignées de main. Puis la présidente de la CCMM a ouvert la soirée avec un discours vantant la « feuille de route économique », soit la liste de recommandations que l’organisation de lobbying adresse aux candidats à la mairie.

La feuille de route des lobbyistes patronaux

Dans le document, il est notamment recommandé que la prochaine administration:

  • « s’associe plus systématiquement [aux] promoteurs privés [...] pour le développement de logements hors marché ».
  • remplace le Règlement pour une métropole mixte, qui oblige aux promoteurs un certain pourcentage de logement social dans chaque projet immobilier, par « des politiques adaptées aux réalités du marché »;
  • mette sur place une « voie rapide » et une « voie prioritaire » pour « les projets à haute valeur stratégique »;
  • « réduise le fardeau réglementaire et bureaucratique » de la ville; et
  • « favorise le retour en présentiel des employés municipaux ».
Isabelle Dessureault, Présidente de la CCMM

Le débat

Le débat était centré autour de quatre grandes questions:

  • Le développement économique et le rayonnement international de la métropole
  • La mobilité et la fluidité des déplacements
  • Le développement urbain et les infrastructures
  • La productivité de l’administration et la gestion des finances publiques

Malgré les quelques pics que les candidats ont lancés vers leur adversaire et l’apparence de grands désaccords entre les deux aspirants à la mairie, les positions de Rabouin et de Martinez Ferrada se recoupaient souvent. Alors que la cheffe d’Ensemble Montréal affirmait que sa plateforme rejoignait sur plusieurs points la feuille de route de la CCMM, son homologue de Projet Montréal disait qu’il avait obtenu la chefferie « en parlant de développement économique et de gestion efficace. »

La question de la crise du logement a été abordée à plusieurs reprises, sous l’angle particulier de l’impact sur la business dans le centre-ville. Rabouin disait par exemple que: « C’est ça qui affecte l’environnement d’affaires, c’est le fait qu’[il y a] des gens qui n’ont pas de logement [...] Ça fait que les gens se sentent moins à l’aise d’y aller, mais surtout d’y travailler ».

Lorsque l’animatrice du débat a demandé aux candidats s’ils allaient revoir la réglementation sur les locations touristiques de type AirBnB, la cheffe d’Ensemble Montréal a appelé à un allégement au bénéfice de l’industrie touristique. Martinez Ferrada a d’ailleurs été critiquée par les comités logement il y a quelques semaines pour avoir défendu ce type de location et appelé à leur élargissement.

Martinez Ferrada était d’ailleurs secrétaire parlementaire dédiée au logement sous le gouvernement Trudeau et dit vouloir être «la mairesse du logement». Or, il a été révélé qu’elle exigeait en 2023 à ses locataires du quartier Saint-Michel un dépôt de sécurité de 2850$, une pratique illégale.

Plus tard dans le débat, elle a promis « d'aplatir la structure administrative» de la ville en supprimant 1000 postes de fonctionnaires. » Enfin, elle dit vouloir être « la meilleure ambassadrice » des membres de la Chambre, en ce qui concerne « les investissements en aérospatiale, en défense et en intelligence artificielle ».

Pour sa part, Rabouin a promis un gel d’embauche de 4 ans à la ville et a à maintes reprises déclaré son allégeance au milieu des affaires. Celui-ci avait pourtant déclaré mercredi passé ne pas vouloir diriger Montréal « pour les Élites ».

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