Premiers pas vers un renouveau du mouvement étudiant?

Les étudiants du Cégep Saint-Laurent en grève contre l’austérité et pour les stages rémunérés

Les cours étaient suspendus au Cégep de Saint-Laurent les vendredi 7 novembre et lundi 10 novembre. Au moins une centaine d’étudiants ont participé à une ligne de piquetage organisée par l’association étudiante du collège.

La grève de vendredi visait les mesures d’ imposées par le gouvernement de la CAQ dans l’enseignement public, tandis que l’action de lundi réclamait la syndicalisation et la rémunération des stages.

L’Étoile du Nord était présente devant le cégep le matin du 10 novembre, alors que l’administration comptait les étudiants sur la ligne pour déterminer si les cours devaient être annulés. Nour El-Hage, un étudiant de première année et organisateur, a expliqué les raisons de la mobilisation:

« Le gouvernement de la CAQ est en train de mener des mesures d’austérité sur pas mal tous les domaines publics, dont l’ et la santé. Ils sont aussi en train de faire des lois antisyndicales. On est vraiment dans un climat où les droits des étudiants, les droits des travailleurs et les droits de la population à accéder aux sont mis en danger. On veut contester ça et montrer notre désaccord avec les politiques de la CAQ. »

Plus tôt cette année, la CAQ a annoncé des compressions totalisant 151 millions $ dans les cégeps, une décision vivement critiquée par les étudiants, les travailleurs des cégeps et le grand public.

Les étudiants revendiquent de « mettre fin aux coupes et aux mesures d’austérités », explique El-Hage. « Nos bâtiments sont en ruine. Nous sommes en train de perdre des enseignants. Nous sommes en train de perdre des programmes, et c’est ça nos demandes immédiates. Au plus long terme, c’est clair qu’on doit se battre pour de l’éducation abordable, gratuite et de bonne qualité. »

Annouk Bélanger, membre du comité exécutif de l’association étudiante du Cégep Saint-Laurent, a parlé des débuts de ce nouveau mouvement, qui souhaite s’inspirer du mouvement des carrés rouges de 2012. Cette illimitée, déclenchée en réaction à la hausse projetée des frais de scolarité, est devenue la plus grande et la plus longue grève étudiante de l’histoire du Canada. Elle a mené à la dissolution de l’Assemblée nationale par le gouvernement libéral et à sa défaite électorale, forçant le renversement de la hausse par l’administration suivante.

« On a commencé à créer un mouvement qui s’appelle ‘les carrés bleus’, pour rappeler les carrés rouges de 2012. On a fait une première grève l’année dernière et après, on en a parlé avec l’UQAM et d’autres cégeps. Et on a commencé à se rassembler pour créer une grève contre l’austérité. Maintenant, il y a plusieurs cégeps et universités qui sont avec nous », a-t-elle expliqué. 

« Les carrés rouges, c’est une énorme inspiration pour le mouvement étudiant. On se souvient surtout de l’énorme grève qui a duré très longtemps, qui était illimitée. Mais pour avoir cette grève-là, il a fallu pendant des années en faire plein de petites, créer un mouvement, créer un symbole. »

Les mesures d’austérité de la CAQ ont entraîné un sous-financement des infrastructures, de l’entretien des bâtiments et des ressources. Elles s’accompagnent aussi de réductions de personnel, de gels d’embauches et d’une détérioration des salaires et des .

Une nouvelle génération de militants étudiants?

Bélanger a évoqué les défis propres à l’organisation étudiante, qui compliquent la construction d’une résistance durable face à l’austérité gouvernementale:

« Au Cégep, on reste deux ou trois ans. Donc, on n’a pas le temps d’organiser un truc assez solide pour que ça dure dans le temps. C’est pour ça qu’on a besoin de gens qui sont au cégep, qui connaissent l’espace, qui connaissent la population étudiante, qui peuvent nous aider à créer un mouvement plus fort, puis qui vont rester ici et qui vont apprendre à ceux qui nous remplacent ce qu’on a fait avant. À chaque année, c’est un énorme travail à recommencer. »

El-Hage, de son côté, a souligné les liens entre les luttes étudiantes et celles des travailleurs:

« En tant qu’association, on parle beaucoup avec les profs et l’intersyndicale du Cégep. Je pense que c’est notre tâche, parce que c’est important de s’organiser et de créer des liens entre les étudiants et le personnel qui nous amène nos services, qui nous amène cette éducation. » 

« Je pense aussi que c’est important de faire des liens entre nous et le personnel, puis avec l’Alliance ouvrière [qui est là ce matin aussi]. Parce qu’à la fin de la journée, les étudiants qui sont en train de sentir ces coupes, les étudiants qui sont en train d’avoir une moins bonne éducation à cause de ces coupes, ça devient des travailleurs après. Il faut qu’on se batte pour des bonnes conditions de travail. »

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