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Le monopole minier canadien Ivanhoe Mines fait l'objet d'allégations de violation des droits humains en République démocratique du Congo, selon un rapport de septembre 2023 publié par Amnesty International. Lors du lancement de la mine de cuivre de Kakula en 2017, Ivanhoe aurait expulsé de force des centaines de personnes afin de faire de la place pour la mine.
Bien que l'entreprise ait promis de construire de nouvelles maisons pour les familles expulsées, le rapport révèle que les promesses de l'entreprise n'ont pas été tenues. Les maisons construites se sont révélées inhabitables et dangereuses, dépourvues des commodités de base telles que l'eau courante, l'électricité et des systèmes d'égouts adéquats. La demande mondiale de cobalt et de cuivre étant en hausse, les multinationales minières étendent leurs effets dévastateurs dans la région.
Appelés les diamants de sang des batteries, le cobalt et le cuivre sont essentiels à la production de batteries lithium-ion, nécessaires aux batteries rechargeables utilisées dans les téléphones cellulaires, les ordinateurs portables et les voitures électriques. Ces minéraux sont considérés comme essentiels pour les futurs projets d'énergie propre et ont attiré en RDC un afflux de multinationales minières en provenance de Chine et de pays occidentaux comme le Canada. Mais malgré la valeur de ces minéraux, les habitants de la République démocratique du Congo n'en ont guère profité.
Au-delà des expulsions forcées, les travailleurs des mines sont contraints de travailler dans des conditions dangereuses, souvent avec peu ou pas d'équipement de sécurité. Le cobalt, par exemple, est extrait par des méthodes dangereuses qui exposent les travailleurs à ce métal lourd cancérigène, qui peut endommager le cœur, les poumons, les yeux et la peau.
Le chercheur Siddharth Kara, de l'université de Nottinhgam, a constaté qu'environ 2 000 travailleurs perdent la vie chaque année dans des accidents liés à l'extraction du cobalt en République démocratique du Congo, dont de nombreux enfants. Les dernières recherches de l'Organisation internationale du travail et de l'UNICEF montrent que l'on estime à 40 000 le nombre d'enfants travaillant dans les mines de la République démocratique du Congo.
Au-delà des violations des droits de l'homme, les activités minières en RDC ont également eu des répercussions négatives sur les communautés vivant à proximité des mines. Lubumbashi est la deuxième ville de la République démocratique du Congo et abrite certaines des plus grandes exploitations minières du pays. Étant donné la proximité des mines, les communautés voisines sont directement confrontées aux retombées de l'exploitation minière à ciel ouvert.
Pierre Makolo Kasongo est un chercheur qui étudie le retour de la biodiversité dans les sites miniers replantés à l'université de Lubumbashi. Il a expliqué à l'Étoile du Nord que le ruissellement des déchets miniers est un problème majeur. Il explique qu'après l'arrivée des mines, « le sol est devenu acide et la campagne a complètement changé ». Les déchets miniers déversés dans les rivières contaminent les cours d'eau, les terres et la faune. « Ils affectent tout ce qui se trouve dans la région. » Il ajoute que les eaux de ruissellement des mines s'infiltrent dans le sol et entraînent une augmentation des niveaux d'acidité dans le sol, ce qui nuit aux cultures et peut conduire à la désertification.
Selon Makolo Kasongo, la RDC est confrontée à un problème important lié aux espèces menacées dont l'habitat est déjà limité. « Il y a un poisson qui n'existe que dans un seul système fluvial ici. Les activités minières menacent donc une espèce entière. » Les gens dépendent des rivières pour le poisson et l'eau propre. La RDC abrite de nombreuses zones humides qui purifient l'eau pour l'écosystème, ce qui profite à la fois aux animaux et aux humains, mais le système minier actuel menace tout cela.
Même lorsque les mines mettent fin à leurs activités meurtrières, les effets sur l'environnement persistent, entraînant des problèmes à long terme pour les communautés. Les terres sont épuisées et les populations ne peuvent plus survivre comme avant l'exploitation minière. En restaurant les terres utilisées pour l'exploitation minière, les communautés peuvent voir des aspects positifs pour elles-mêmes et pour l'environnement naturel.
Pierre Makolo Kasongo travaille dans une zone récemment replantée, où les familles plantent chaque année du maïs et des acacias dans le but ultime de reboiser. Après quelques années, ces arbres peuvent être utilisés pour produire du charbon de bois, fournissant ainsi le combustible nécessaire à leurs maisons. Pierre explique qu'un autre avantage de cette initiative est le retour d'espèces clés de pollinisateurs dans la région.
Cet effort de reforestation contraste avec la situation du cuivre et du cobalt en RDC. Alors que ces ressources sont cruciales pour faire progresser les technologies propres, la population locale ne profite guère de l'augmentation de la demande. Les promesses de développement économique et d'amélioration des conditions de vie des communautés locales ne se sont pas concrétisées. Au contraire, les sociétés minières étrangères, comme Ivanhoe Mines, perpétuent l'impérialisme et exploitent les ressources du pays sans offrir de protection sociale ou de compensation adéquate aux travailleurs et au peuple de la République Démocratique du Congo.
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